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BANQUE D'ANGLETERRE

Fondée en 1694 par un groupe de marchands londoniens pour prêter 1 200 000 livres au roi Guillaume III en échange de l'octroi du privilège d'émission, la Banque d'Angleterre (Bank of England, BOE) obtint en 1709, avec le renouvellement de sa charte, le monopole de l'exercice en société de la fonction bancaire. La puissance ainsi acquise lui permit de survivre à la crise née du krach de la Compagnie de la mer du Sud en 1720 et même d'en tirer parti. Renforcée par la création d'un fonds de réserve en 1722, elle conserva sa suprématie malgré la concurrence d'une innovation : le chèque. Chargée d'administrer la dette publique, elle apparaît, en 1781, comme « le Trésor lui-même ». Les problèmes dus à la guerre d'Indépendance américaine et aux conflits avec la France amènent la Banque d'Angleterre à suspendre, en 1797, la convertibilité en or de ses billets ; elle la rétablit en 1821. Les conséquences de la crise financière de 1825 permettent à la Banque d'ouvrir des succursales en province, mais mettent fin à son monopole de société bancaire. Concurrencée par le développement des banques qui accompagne celui de l'industrie, la Banque d'Angleterre est réformée en 1844 sous le ministère Robert Peel et émet, outre ses billets obligatoirement couverts en or, 14 millions de livres couverts par des fonds d'État. Avec l'importance croissante du marché londonien de l'escompte, et à mesure que s'accumule dans ses caisses le stock d'or servant de base à sa politique de crédit, son rôle comme banque centrale ne cesse de s'affirmer au cours du xixe siècle.

Premier billet de banque anglais - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Premier billet de banque anglais

Banque centrale d'Angleterre - crédits : AKG-images

Banque centrale d'Angleterre

Après la panique des débuts de la Première Guerre mondiale, la Banque reconstitue son stock d'or mais, pour permettre au pays de faire face aux paiements à l'extérieur, doit abandonner la convertibilité. Elle prête largement au Trésor et place de nombreux emprunts de guerre dans le public. Elle alimente la circulation par des émissions croissantes de billets, auxquels s'ajoutent les Treasury Notes émises par le Trésor. La guerre terminée, le Trésor décide de limiter les émissions de la Banque, déflation qui provoque une crise majeure et aboutit en 1925, sur la proposition de son gouverneur Montagu Norman (nommé gouverneur en 1920, il le demeure jusqu'en 1944), à l'adoption d'un étalon or aménagé en vue de stabiliser la livre sterling. La réglementation des achats et ventes d'or de la Banque revient à réserver la convertibilité à l'usage externe. En 1928, afin d'opérer un amalgame des émissions, les billets du Trésor sont retirés de la circulation, cependant que la Banque d'Angleterre est autorisée à émettre des billets couverts par les seuls fonds d'État, et ce jusqu'à concurrence de 260 millions de livres. Cette mesure renforce le sterling mais affaiblit d'autant la résistance de la Grande-Bretagne à la crise mondiale de 1930 ; l'étalon or est abandonné en 1931 et la livre, rendue flottante, ne retrouvera sa parité de 4,86 avec le dollar qu'après la dévaluation de ce dernier en 1933. En 1931, le gouvernement confie à la Banque la gestion d'un fonds d'égalisation or destiné à protéger le marché intérieur contre les conséquences du flottement extérieur de la monnaie. La Banque ramène le taux de l'escompte à 2 p. 100 pour faciliter la reprise de l'activité économique dans le pays en proie au chômage.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Banque transfère une partie de ses activités en province ; le solde de son stock d'or est viré au fonds d'égalisation, et le montant de ce dernier est tenu secret ; on devait apprendre par la suite qu'il avait un moment été presque épuisé. Pendant cette période, la Banque doit neutraliser l'inflation provoquée par les[...]

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Écrit par

  • : licencié en droit, diplômé de l'École nationale des langues orientales vivantes, professeur à la faculté libre, autonome et cogérée d'économie et de droit, Paris

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Pour citer cet article

Georges BLUMBERG. BANQUE D'ANGLETERRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Premier billet de banque anglais - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Premier billet de banque anglais

Banque centrale d'Angleterre - crédits : AKG-images

Banque centrale d'Angleterre

Autres références

  • AN ENQUIRY INTO THE NATURE AND EFFECTS OF THE PAPER CREDIT OF GREAT BRITAIN, Henry Thornton - Fiche de lecture

    • Écrit par Jérôme de BOYER
    • 1 032 mots

    Évangéliste, banquier et économiste, Henry Thornton (1760-1815) entra au Parlement britannique à vingt-deux ans (1782) et y siégea jusqu'à sa mort. Il soutenait le gouvernement tory du second Pitt et s'illustra dans les débats de politique monétaire et financière. C'est pour défendre la décision...

  • BANQUE - Économie de la banque

    • Écrit par Emmanuelle GABILLON, Jean-Charles ROCHET
    • 7 908 mots
    • 3 médias
    ...membre mais d'importants textes ont été adoptés en 2014 par l'Union européenne pour définir le fonctionnement de la future union bancaire européenne. En Grande-Bretagne la Financial Services Authority (F.S.A.) était le régulateur unique de l'ensemble du secteur financier avant d'être séparée en deux...
  • BANQUE - Histoire de l'institution bancaire

    • Écrit par Patrice BAUBEAU
    • 6 502 mots
    ...montrent aussi combien les contraintes pesant sur la capacité des institutions bancaires de premier rang peuvent contribuer aux innovations financières. Ainsi, l'Act of Peel adopté en 1844 et qui divise la Banque d'Angleterre en deux départements relativement autonomes – un pour l'émission des billets,...
  • BANQUES CENTRALES

    • Écrit par Sylvie DIATKINE
    • 6 895 mots
    • 1 média
    ...sont issues d'expériences spécifiques aux différents pays. Les premières furent créées en Europe afin de répondre aux besoins de financement des États. Il en est ainsi de la Banque d'Angleterre, fondée en 1694 par autorisation du Parlement. Les souscripteurs du nouvel emprunt public lancé à cette...
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Voir aussi