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EMPRUNT PUBLIC

Longtemps considéré comme un procédé nocif auquel l'État ne devait avoir recours qu'exceptionnellement, l'emprunt occupe, aujourd'hui, une place importante, aux côtés du prélèvement fiscal, parmi les recettes publiques. Traditionnellement défini comme une prestation pécuniaire versée, en principe, à titre volontaire, en vertu d'un contrat et moyennant une contrepartie (remboursement, service d'intérêts) en vue de couvrir les charges publiques, l'emprunt est devenu un instrument de politique économique. En effet, l'emprunt public peut être utilisé pour drainer l'épargne des particuliers vers certains investissements publics jugés prioritaires, ou pour relancer l'activité économique en injectant des ressources nouvelles dans les circuits financiers. Il peut également, dans le cadre d'une politique anti-inflationniste, servir à éponger une partie des liquidités monétaires excédentaires, comme l'emprunt Giscard en 1973.

Au point de vue technique, l'emprunt public comporte deux phases. Dans la phase de l'émission, l'État, pour se procurer l'argent nécessaire à son action, demande de l'argent aux souscripteurs. Plusieurs procédés peuvent être utilisés pour assurer le placement d'un emprunt public. Le plus employé est la souscription publique, qui fait intervenir l'ensemble du réseau des comptables publics ainsi que les guichets des établissements financiers. La vente directe en Bourse, au fur et à mesure des demandes et au gré de la fluctuation des cours, n'est pratiquement plus utilisée en France, mais certains pays recourent encore à cette méthode. Quant à la vente aux banques, qui fut très largement employée au xixe siècle, elle n'est employée que de façon exceptionnelle. Pour attirer les souscripteurs, l'État leur consent un certain nombre d'avantages, dont le premier est l'intérêt versé, qui représente le loyer de l'argent prêté. En principe, le taux de l'emprunt doit correspondre au taux d'intérêt pratiqué sur le marché financier, mais l'État peut mener une action pour faire baisser ce taux d'intérêt (technique de l'open market) ou recourir à une émission au-dessous du pair. La technique de l'émission au-dessous du pair a pour effet d'accorder au souscripteur un taux réel supérieur au taux d'intérêt apparent. L'émission a lieu au-dessous du pair lorsque le souscripteur d'un titre de 100 francs n'est tenu de verser qu'une somme inférieure : 80 francs par exemple. Si le taux est de 6 p. 100, un emprunt émis à 80 francs pour une valeur nominale de 100 francs rapportera 6 francs par an, ce qui donne un taux réel de 7,5 p. 100. Un certain nombre d'avantages supplémentaires peuvent être accordés aux souscripteurs : privilèges fiscaux, privilèges juridiques (insaisissabilité) ou encore, dans le cas de l'emprunt 6 p. 100 Balladur 1993, droit de souscription prioritaire aux privatisations. Par ailleurs, pour compenser la dépréciation monétaire, des garanties peuvent être concédées aux épargnants : le procédé le plus utilisé consiste à indexer l'emprunt soit en capital, soit en intérêt sur une valeur jugée plus résistante (emprunt Pinay 4,5 p. 100 1953, rattaché à l'or ; emprunts Giscard 7 p. 100 1973 et Barre 8,80 p. 100 1977, reliés à l'unité de compte européenne).

La deuxième phase de la procédure de l'emprunt consiste à éteindre la dette en la remboursant. Le remboursement s'effectue de deux manières. La méthode la plus élémentaire consiste à procéder au remboursement global, en une seule fois, de la totalité des titres d'emprunt. Une telle opération est difficile à réaliser car elle exige le décaissement de fonds importants, ce qui est une lourde charge pour l'État. Aussi préfère-t-on le procédé de l'amortissement,[...]

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Classification

Pour citer cet article

Jean-Claude MAITROT. EMPRUNT PUBLIC [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Sarkozy (2007-2012)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 5 662 mots
    • 2 médias
    ...automobile (« prime à la casse ») et l'accès à la propriété du logement. Pour relancer la croissance à plus long terme, le président initie en 2010 un grand emprunt « Investissements d'avenir », doté de 35 milliards d'euros, affectés à l'enseignement supérieur et à la recherche, aux pôles de compétitivité...
  • DÉFICIT BUDGÉTAIRE

    • Écrit par Élisabeth VESSILLIER
    • 622 mots

    Il y a déficit budgétaire quand le volume des charges est supérieur à celui des ressources. On distingue le déficit budgétaire ex ante, qui est le solde négatif d'une loi de finances, laquelle « prévoit et autorise, pour chaque année civile, l'ensemble des ressources et des charges de l'État...

  • DETTE PUBLIQUE

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL
    • 3 115 mots
    • 1 média
    ...l'État ne peut s'endetter à l'infini et s'il ne sait jusqu'où il peut aller, pourquoi mener une politique dont on ignore les limites ? La politique de dépenses publiques élevées et de leur financementpar l'emprunt trouve sa justification dans l'approche keynésienne qui repose sur trois idées-forces :
  • ÉCONOMIE MONDIALE - 2021 : rebond, fractures sanitaires et fractures économiques

    • Écrit par Jean-Pierre FAUGÈRE
    • 5 986 mots
    • 7 médias
    ...de relance de l’Union européenne de 750 milliards d’euros « Next Generation EU », approuvé en juillet 2020, ratifié par les vingt-sept membres en mai 2021, distribué à hauteur de 13 % en 2021, la Commission européenne lance pour la première fois unemprunt, d’un montant de 20 milliards d’euros.
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