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ASTÉROÏDES

Origine des astéroïdes

En ce qui concerne l'origine des astéroïdes, on doit tenir compte, d'une part, du fait que la masse concentrée dans la ceinture principale est très faible et bien inférieure à celle de toutes les planètes, d'autre part, que, grâce à la configuration de leurs orbites, les astéroïdes peuvent subir des collisions destructives, transformant graduellement la population de la ceinture principale en poussière. Pour expliquer ces deux données, la théorie de l'explosion d'une planète développée par Olbers a bénéficié pendant longtemps d'une grande popularité. Comme nous l'avons vu, cette théorie a été abandonnée. En effet, les orbites des astéroïdes (contrairement aux familles d'Hirayama) sont bien trop différentes pour avoir une origine commune. De plus, les météorites, qui proviennent pour la plupart de la ceinture principale, ont des propriétés physico-chimiques incompatibles avec la température et la pression qui prévalent à l'intérieur d'une grosse planète. En revanche, les météorites semblent être des fragments de corps de quelques centaines de kilomètres. Enfin, on ne connaît pas de mécanisme capable de fournir l'énergie nécessaire pour faire exploser une planète puisque, contrairement aux étoiles, l'intérieur d'une planète n'est pas le siège de réactions nucléaires.

Aujourd'hui, la théorie largement admise est que les astéroïdes ne sont pas les résidus d'une planète éclatée mais plutôt les restes d'une planète avortée, qui n'a pu, comme les autres planètes, accréter les différents « embryons » ou planétésimaux de la matière diffuse qui formait le proto-système solaire. Le disque de la nébuleuse, qui était en rotation autour du jeune Soleil, contenait des particules solides de compositions diverses selon la température, qui dépendait elle-même de la distance à l'astre central. Dans la région la plus interne (la plus proche de l'astre), seule la poussière de type rocheux (silicates, minéraux de fer et de nickel) a résisté à la température très élevée de la région, tandis qu'à des distances plus grandes du Soleil, vers 3 à 5 ua, la température était si basse qu'il y a eu condensation de matériaux glacés comme l'eau, l'ammoniac et le méthane. Dans cette région, où la densité de matière disponible pour construire les planètes était plus importante que dans la région interne, l'agglomération de gros planétésimaux a été favorisée, et le plus gros noyau a donné naissance à Jupiter. Immédiatement après sa formation, la future planète Jupiter a « aspiré » les gaz légers de la nébuleuse (hydrogène et hélium) ; par ailleurs, elle a véritablement « expulsé » les résidus solides restés dans son voisinage, comprenant une partie des noyaux peu massifs, tandis que certains de ces planétésimaux ont été envoyés sur des orbites instables et très excentriques sous l'effet perturbateur (attraction gravitationnelle) du proto-Jupiter. Durant ce processus, la zone de la ceinture principale proche de Jupiter a donc été violemment perturbée. Ainsi, l'accrétion des particules solides s'est dramatiquement ralentie et, avant que le processus donne naissance à une planète (ce qui demande une dizaine de millions d'années), la ceinture a été bombardée par un certain nombre de planétésimaux venant de la région proche de Jupiter, expulsés ou déviés par des rencontres proches avec le proto-Jupiter.

Après cette phase de turbulence primordiale, le principal processus qui a modifié la ceinture principale est sans aucun doute le processus de collisions réciproques. Tous les astéroïdes existants depuis l'origine du système solaire (c'est-à-dire depuis 4,5 milliards d'années) ont subi des collisions avec d'autres astéroïdes. L'observation en 1983,[...]

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Écrit par

  • : astronome de première classe à l'Observatoire de la Côte d'Azur
  • : astronome de première classe à l'Observatoire de la Côte d'Azur
  • : astrophysicien, directeur de recherche au CNRS, responsable de l'équipe TOP (Théories et observations en planétologie) du laboratoire Lagrange de l'Observatoire de la Côte d'Azur, responsable scientifique de la mission Hera de l'ESA

Classification

Pour citer cet article

Christiane FROESCHLÉ, Claude FROESCHLÉ et Patrick MICHEL. ASTÉROÏDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Astéroïdes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Astéroïdes

Distances des planètes au Soleil et loi de Titius-Bode - crédits : Encyclopædia Universalis France

Distances des planètes au Soleil et loi de Titius-Bode

Astéroïde Kleopatra - crédits : Courtesy NASA / Jet Propulsion Laboratory

Astéroïde Kleopatra

Autres références

  • DÉCOUVERTE DU PREMIER ASTÉROÏDE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 428 mots

    Dans son Mysterium cosmographicum, publié en 1596, Kepler remarque déjà, entre les orbites de Mars et de Jupiter, l'existence d'un « vide » dans le système solaire schématisé par un emboîtement de sphères et de polyèdres réguliers. D'après la loi empirique, dite de Titius-Bode,...

  • CATASTROPHES NATURELLES (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 2 855 mots
    • 12 médias
    Citons enfinles collisions d’astéroïdes. Seules celles qui impliquent un astéroïde d’un diamètre supérieur à 100 mètres peuvent avoir des conséquences catastrophiques, notamment en perturbant le climat d’une vaste région, voire du globe tout entier. Jusqu’à présent, 160 cratères d’impact de ce type...
  • CHICXULUB CRATÈRE DE

    • Écrit par Robert KANDEL
    • 440 mots

    Pour la plupart des spécialistes, les extinctions massives d'espèces à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d'années (Ma), ont résulté de l'obscurcissement du Soleil et de changements climatiques de grande ampleur déclenchés par un impact météoritique catastrophique. Témoins d'un...

  • COMÈTES

    • Écrit par Myriam DÉTRUY
    • 4 347 mots
    • 7 médias

    En 1950, l’astronome américain Fred Whipple fut l’un des premiers à comprendre qui étaient ces voyageuses capables d’illuminer le ciel nocturne de leur vaste chevelure. En des termes inversement proportionnels à leur beauté, il les décrivit comme des « boules de neige sale ». D’après...

  • DART, mission

    • Écrit par Patrick MICHEL
    • 3 233 mots
    • 3 médias

    Le 26 septembre 2022, à 23 h 14 UTC (temps universel coordonné), la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA a effectué avec succès le premier test de déviation d’un astéroïde. Pour cette opération historique, elle a utilisé la méthode dite de l’impact cinétique qui consiste...

  • Afficher les 20 références

Voir aussi