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ASTÉROÏDES

Les astéroïdes Aten, Apollo et Amor

Parmi les astéroïdes de notre système solaire, il existe une population bien singulière dont la principale caractéristique est de se mouvoir sur des orbites qui s'approchent de l'orbite de la Terre ou même la croisent. En 2007, un peu plus de 4 500 de ces petits corps, appelés aussi N.E.A. (selon la dénomination anglaise Near-Earth Asteroids), répartis en trois groupes (Aten, Apollo et Amor) en fonction de leurs caractéristiques orbitales, ont été découverts. Le plus gros d'entre eux a un diamètre de quelque 40 kilomètres, bien plus petit que celui des astéroïdes de la ceinture principale, dont les diamètres vont jusqu'à 1 000 kilomètres, et une estimation statistique montre qu'il existe au moins 2 000 corps de dimension supérieure à 1 kilomètre. À la suite de perturbations gravitationnelles avec les planètes, les N.E.A. peuvent entrer en collision avec la Terre et représentent donc une menace. En effet, cette population est responsable de la plupart des impacts terrestres de corps de taille supérieure à 1 kilomètre. Mais ces objets présentent aussi des intérêts scientifiques plus subtils. Ce sont pour la plupart des fragments de gros astéroïdes, et ils peuvent donc apporter des informations sur les processus de collisions dans la ceinture des astéroïdes, qui ont transformé une population de planétésimales en une population d'astéroïdes. Enfin, puisque les astéroïdes se sont formés en même temps que les planètes, les N.E.A. doivent contenir des échantillons de la matière primordiale du système solaire. La connaissance de la composition minéralogique de ces objets constitue donc un des chaînons essentiels pour bâtir un scénario satisfaisant de la formation des planètes. L'étude de leur évolution dynamique et de leurs caractéristiques physiques est récente, car elle nécessite des ordinateurs très puissants et fait appel à de nouvelles techniques d'observation.

La difficulté majeure à laquelle est confrontée l'étude de ces astéroïdes provient du fait qu'ils subissent des rencontres proches avec les planètes qui rendent leurs évolutions chaotiques sur des échelles de temps très courtes. Par conséquent, aucune prédiction de leurs évolutions ne peut être effectuée sur des temps plus longs que cent ans environ. Néanmoins, l'utilisation des techniques modernes de la mécanique céleste a permis de lever le voile sur les différentes évolutions possibles de ces petits corps et de mettre en évidence les différents types de mécanismes dynamiques qui peuvent les affecter, ainsi que leurs effets.

Classification des N.E.A.

Dans un problème à deux corps, l'orbite du second corps par rapport au premier est représentée par six paramètres constants qui déterminent la dimension et la forme de l'orbite (demi-grand axe a et excentricité e), l'orientation du plan de l'orbite par rapport à un plan de référence (inclinaison i et longitude du nœud Ω), l'orientation de l'orbite dans son plan (argument du périhélie ω), la position de l'objet sur son orbite (souvent repérée par un angle, l'anomalie moyenne M). Ces paramètres constants s'appellent les éléments osculateurs du mouvement à un instant considéré. Mais, lorsqu'un système gravitationnel fait intervenir plusieurs corps massifs, les perturbations mutuelles de ces corps provoquent des variations de leurs orbites. Ainsi, les planètes de notre système solaire se perturbent mutuellement de manière gravitationnelle et ces perturbations se traduisent par des rotations très lentes (séculaires) de leurs angles orbitaux. La précession du périhélie (repéré par sa longitude ̄ω = ω + Ω) caractérise le mouvement de rotation de l'orbite dans son plan et la précession du nœud (repéré par sa longitude Ω) celui de[...]

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Écrit par

  • : astronome de première classe à l'Observatoire de la Côte d'Azur
  • : astronome de première classe à l'Observatoire de la Côte d'Azur
  • : astrophysicien, directeur de recherche au CNRS, responsable de l'équipe TOP (Théories et observations en planétologie) du laboratoire Lagrange de l'Observatoire de la Côte d'Azur, responsable scientifique de la mission Hera de l'ESA

Classification

Pour citer cet article

Christiane FROESCHLÉ, Claude FROESCHLÉ et Patrick MICHEL. ASTÉROÏDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Astéroïdes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Astéroïdes

Distances des planètes au Soleil et loi de Titius-Bode - crédits : Encyclopædia Universalis France

Distances des planètes au Soleil et loi de Titius-Bode

Astéroïde Kleopatra - crédits : Courtesy NASA / Jet Propulsion Laboratory

Astéroïde Kleopatra

Autres références

  • DÉCOUVERTE DU PREMIER ASTÉROÏDE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 428 mots

    Dans son Mysterium cosmographicum, publié en 1596, Kepler remarque déjà, entre les orbites de Mars et de Jupiter, l'existence d'un « vide » dans le système solaire schématisé par un emboîtement de sphères et de polyèdres réguliers. D'après la loi empirique, dite de Titius-Bode,...

  • CATASTROPHES NATURELLES (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 2 855 mots
    • 12 médias
    Citons enfinles collisions d’astéroïdes. Seules celles qui impliquent un astéroïde d’un diamètre supérieur à 100 mètres peuvent avoir des conséquences catastrophiques, notamment en perturbant le climat d’une vaste région, voire du globe tout entier. Jusqu’à présent, 160 cratères d’impact de ce type...
  • CHICXULUB CRATÈRE DE

    • Écrit par Robert KANDEL
    • 440 mots

    Pour la plupart des spécialistes, les extinctions massives d'espèces à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d'années (Ma), ont résulté de l'obscurcissement du Soleil et de changements climatiques de grande ampleur déclenchés par un impact météoritique catastrophique. Témoins d'un...

  • COMÈTES

    • Écrit par Myriam DÉTRUY
    • 4 347 mots
    • 7 médias

    En 1950, l’astronome américain Fred Whipple fut l’un des premiers à comprendre qui étaient ces voyageuses capables d’illuminer le ciel nocturne de leur vaste chevelure. En des termes inversement proportionnels à leur beauté, il les décrivit comme des « boules de neige sale ». D’après...

  • DART, mission

    • Écrit par Patrick MICHEL
    • 3 233 mots
    • 3 médias

    Le 26 septembre 2022, à 23 h 14 UTC (temps universel coordonné), la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA a effectué avec succès le premier test de déviation d’un astéroïde. Pour cette opération historique, elle a utilisé la méthode dite de l’impact cinétique qui consiste...

  • Afficher les 20 références

Voir aussi