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TOSCANINI ARTURO (1867-1957)

Un tyran sur le podium

Les colères de Toscanini étaient légendaires : elles traduisaient autant une autorité hors du commun qu'une recherche incessante de l'exactitude et de la perfection à une époque où le chef d'orchestre était, beaucoup plus qu'aujourd'hui, un pédagogue. Il en vint même à injurier et à frapper le violon solo de l'orchestre de la Scala avec un archet qu'il avait lui-même brisé. Ses colères reflétaient aussi un tempérament auquel il était difficile de résister et, malgré tout ce qu'ils subissaient, les musiciens le vénéraient. Paderewski affirmait qu'il s'agissait « d'un génie transcendant [...] dont on ne peut parler en termes ordinaires ». Formé à l'école de l'opéra, Toscanini avait souffert pendant toute sa jeunesse des habitudes de médiocrité et de routine engendrées par la tradition, même dans les plus grands théâtres, comme la Scala. Et, durant toute sa carrière, il n'eut de cesse de les combattre, supprimant notamment les bis qui interrompaient la continuité dramatique, les rubatos et points d'orgue traditionnels des chanteurs. Molto preciso était l'une de ses expressions favorites. Mais cette rigueur fait aujourd'hui figure de grande liberté face aux interprétations « musicologiques ». Toscanini se souciait peu de ce que cachait un texte ou une partition. Seul son instinct lui dictait le chemin à suivre et son tempérament faisait le reste. Lui-même ne s'embarrassait pas de scrupules pour pratiquer de larges coupures dans les opéras, supprimer une grande partie de l'ornementation vocale ou modifier l'orchestration. Mais force est de reconnaître que le résultat était toujours très convaincant sur le plan dramatique, évitant longueurs et redites. Il avait un sens des couleurs et de la transparence orchestrale encore inconnu de son temps qui a fait disparaître, dans ses interprétations, tout le pathos postromantique.

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. TOSCANINI ARTURO (1867-1957) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Toscanini - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Toscanini

Cinq grands chefs d'orchestre - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

Cinq grands chefs d'orchestre

Autres références

  • FESTIVALS

    • Écrit par Jean-Michel BRÈQUE, Matthieu CHÉREAU, Jean CHOLLET, Philippe DULAC, Universalis, Christian MERLIN, Nicole QUENTIN-MAURER
    • 17 192 mots
    • 20 médias
    ...en 1933 Tristan et Isolde, Bruno Walter intègre dans le camp de l'humanisme la musique de Wagner, revendiquée par les nationalistes allemands. Et, symbole encore plus fort, Arturo Toscanini, qui refuse de diriger dans un Bayreuth nazifié, se reporte sur Salzbourg, dont il devient l'étoile pour...
  • NEW YORK ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 132 mots
    • 4 médias

    Doyen des grands orchestres symphoniques américains, l'Orchestre philharmonique de New York (New York Philharmonic) résulte de la fusion, en 1928, de l'Orchestre philharmonique et de l'Orchestre symphonique de New York.

    La Philharmonic Symphony Society voit le jour en 1842 sous forme...

  • ORCHESTRE DIRECTION D'

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 6 664 mots
    • 9 médias
    ...les chefs d'orchestre consacrent l'essentiel de leurs activités au théâtre. Leur formation correspond à cet impératif et il faut attendre la venue de Toscanini à la Scala de Milan, en 1898, pour que l'orchestre sorte de son rôle d'accompagnateur et soit considéré comme l'un des principaux protagonistes...
  • PAPPANO ANTONIO (1959- )

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 895 mots
    • 1 média
    ...tendresse amoureuse, ont retenu la main du compositeur. Franco Alfano proposait un long cheminement qui rendait la fin du drame plus compréhensible. Le maestro Arturo Toscanini, qui en avait assuré la création en 1926, avait exigé la suppression d’une centaine de mesures pour parvenir à une conclusion...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi