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EDDINGTON ARTHUR STANLEY (1882-1944)

Arthur Stanley Eddington fut le principal artisan de la théorie moderne des étoiles ; il appartint aussi à la première génération des grands théoriciens de la relativité. Il s'engagea plus tard dans une entreprise originale et audacieuse, tendant à reconstruire mathématiquement, sur la base de principes épistémologiques, la structure du monde physique ; il ne vint pas à bout de cette tâche. Parallèlement, il écrivit des essais d'analyse philosophique dans lesquels se développent des vues pénétrantes sur la science contemporaine et s'affirme l'intention d'associer l'esprit de cette science à la défense de certaines valeurs traditionnelles du spiritualisme.

Une vie sans histoire

Arthur Stanley Eddington naît le 28 décembre 1882, à Kendal, dans le nord-ouest de l'Angleterre, où son père, Arthur Henry, est directeur d'une école secondaire réputée. Sa mère, Sarah Ann, née Shout, devenue veuve deux ans après, s'en va vivre, avec son fils et sa fille Winifred, à Weston-super-Mare, dans le Somerset, contrée d'origine des Eddington. Le père et la mère du futur savant appartenaient l'un et l'autre à des familles traditionnellement affiliées à la secte des quakers (l'un des ancêtres de Sarah Shout avait même participé, deux siècles auparavant, à la fondation de la secte). Arthur Stanley ne renie pas cet héritage : il devient lui-même et restera, sa vie durant, un membre actif de la société des Amis, suivant régulièrement ses pratiques, professant un christianisme ouvert et sans dogmatisme, et des principes de fraternité, de tolérance, de libéralisme et de pacifisme.

Il est un brillant élève de toutes les écoles qu'il fréquente, à Weston-super-Mare d'abord, puis à Manchester, et enfin au Trinity College de Cambridge, où il accomplit, en 1904, le rare exploit de se classer en tête – senior wrangler – au tripos de mathématiques, après seulement deux ans d'études. En 1906, ses études terminées, il entre dans la carrière astronomique comme chief assistant à l'observatoire de Greenwich ; les élections générales de 1906 lui offrent l'occasion d'affirmer et d'afficher ses opinions libérales. En 1913, à trente et un ans, il est professeur d'astronomie à l'université de Cambridge et, l'année suivante, directeur de l'observatoire de cette université. Il peut alors faire venir sa mère et sa sœur, qui s'installent définitivement près de lui ; sa mère vécut jusqu'en 1924, Winifred survécut dix ans à son frère.

La guerre a peu d'influence sur sa vie personnelle. Il est résolu à refuser le service armé, mais il n'y est contraint qu'en 1918. Devant le tribunal, ses collègues appelés à témoigner font valoir que le Royaume a besoin d'un tel champion pour rivaliser dans l'arène de la science avec un Allemand nommé Einstein. Mis en sursis, Eddington peut l'année suivante, dès la paix revenue, transformer la rivalité en collaboration ; à l'occasion d'une éclipse de Soleil, il va lui-même vérifier, à l'île du Prince, dans le golfe de Guinée, et avec un plein succès, les prévisions de la théorie de la relativité sur le comportement de la lumière dans un champ de gravitation. Cela reste l'épisode le plus célèbre de la vie d'Eddington.

Désormais, à part d'assez nombreux voyages à l'étranger, à l'occasion de congrès, conférences et missions diverses, rien d'important ne vient déranger le cours d'une vie assez solitaire, presque entièrement vouée à la recherche, principalement agrémentée par de longues randonnées à bicyclette. Anobli en 1930, Eddington accueille cet honneur avec plaisir mais sans affectation. Tombé assez brusquement malade dans l'été de 1944, il doit subir une opération chirurgicale, à laquelle il ne survit que peu de [...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, docteur ès lettres, professeur d'épistémologie à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Jacques MERLEAU-PONTY. EDDINGTON ARTHUR STANLEY (1882-1944) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    ...noyau. C’est Ernest Rutherford (1871-1937) qui met en évidence ce phénomène physique en 1919 en produisant la première transmutation artificielle. Eddington propose dès 1926, entre autres possibilités, que la conversion d'hydrogène en hélium puisse produire l'énergie du Soleil. L'explication détaillée...
  • DÉCOUVERTE DES IMAGES GRAVITATIONNELLES

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 281 mots

    La théorie de la relativité générale prévoit que la lumière est défléchie lors de son passage près d'une importante concentration de masse. Cet effet a été observé pour la première fois le 29 mai 1919, par Arthur Stanley Eddington, au cours d'une éclipse totale de ...

  • ÉTOILES

    • Écrit par André BOISCHOT, Jean-Pierre CHIÈZE
    • 13 456 mots
    • 8 médias
    ...placent en majorité sur une droite : la luminosité d'une étoile est proportionnelle à sa masse. Cette loi a été expliquée théoriquement par Arthur Stanley Eddington, à partir des conditions de stabilité. Cependant elle ne s'applique qu'au cas des étoiles de la séquence principale. Pour les étoiles géantes...
  • GRAVITATION ET ASTROPHYSIQUE

    • Écrit par Brandon CARTER
    • 8 922 mots
    • 3 médias
    ...Un des plus grands progrès dans l'interprétation des phénomènes gravitationnels a été de comprendre, essentiellement grâce à l'œuvre de Arthur Stanley Eddington, que l'existence de cette masse stellaire caractéristique pouvait être interprétée à l'aide de considérations de stabilité, et...

Voir aussi