APPRENTISSAGE PROFOND ou DEEP LEARNING
Limites de l’apprentissage profond
En dépit des succès impressionnants qu’ils enregistrent et des bouleversements sociaux qu’ils induisent – via les applications qui en sont faites et qui permettent de remplacer beaucoup d’activités routinières –, ces techniques souffrent d’un certain nombre de limitations qui en restreignent les potentialités.
Les premières limitations tiennent à la grande quantité d’exemples nécessaires pour obtenir de très bonnes performances et au besoin d’étiqueter ces exemples. Or, l’étiquetage requiert une intervention humaine très coûteuse, d’autant plus que les exemples doivent être massifs (plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions d’instances).
Il existe aussi une limitation intrinsèque à l’apprentissage supervisé qui tient au langage de description des exemples : celui-ci demeure figé et ne peut s’accroître automatiquement. Or, ce que le philosophe américain et historien des sciences Thomas Kuhn (1922-1996) appelle des « révolutions scientifiques », ou ce que le Français Gaston Bachelard (1884-1962) décrit comme des ruptures épistémologiques, passe par l’introduction de nouvelles notions qui viennent bousculer les conceptions anciennes et changer les systèmes de représentation – comme l’ont fait par exemple, en leur temps, le passage du système géocentrique (Terre au centre de l’Univers et immobile) de Ptolémée au système héliocentrique de Copernic (Soleil au centre de l’Univers et immobile) ou celui de la représentation newtonienne du temps à celle d’Einstein et de la relativité. Pour reprendre les termes de Thomas Kuhn, si les techniques d’apprentissage profond permettent d’automatiser en partie la « science normale », elles sont incapables de procéder à des changements de paradigmes.
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Écrit par
- Jean-Gabriel GANASCIA : professeur des Universités, faculté des sciences, Sorbonne université, Paris
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