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APPRENTISSAGE DE LA LECTURE

La lecture est une invention culturelle, l'une des plus grandes de la civilisation. Les systèmes d’écriture, comme l’alphabet latin, ont été inventés pour transcrire le langage oral. C’est ainsi que le langage oral est devenu immortel. Dans le cerveau du lecteur, les symboles sur la page deviennent des sons du langage, et ces sons, porteurs du sens, nous font rire, parfois pleurer et surtout comprendre. Contrairement au langage oral, qui nous vient naturellement à condition d’y être exposé au cours des interactions sociales, la lecture doit être apprise. On parle alors d’« apprentissage » de la lecture et non pas d’« acquisition », un terme réservé au développement du langage oral. Donc, la lecture doit être apprise, elle ne s’acquiert pas « naturellement ». Un singe peut apprendre l’orthographe de centaines de mots, mais son apprentissage diffère sensiblement de celui d’un enfant, car il a besoin de milliers d’essais renforcés pour mémoriser l’orthographe de quelques centaines de mots. Or, les enfants apprennent de nouveaux mots en quelques essais. Que se cache-t-il derrière cette capacité ? Certainement pas les gènes de la lecture ! Contrairement au langage oral, la lecture est une activité cognitive trop récente (moins de 4 000 ans) pour s’inscrire dans un quelconque patrimoine génétique. Une mémoire visuelle extraordinaire non plus car les singes ont un système visuel proche du nôtre et nous égalent aisément en matière de mémorisation visuelle.

Le langage oral d’abord

Pour comprendre l’apprentissage de la lecture, il faut garder en tête que normalement la connaissance du langage oral le précède. Avant d’apprendre à lire, l’enfant possède en mémoire un « lexique mental » dans lequel sont stockées la forme sonore (phonologique) des mots et leur signification (sémantique). À juste titre, le fondateur de la psychologie expérimentale, Wilhelm Wundt (1832-1920), l’appelle « le trésor des mots » (Wortschatz). Au bout du compte, l’apprentissage de la lecture ne fait que créer un nouveau chemin d’accès vers ce « trésor des mots » qui se trouve dans les aires du langage du cerveau, l’aire de Broca (production des mots), dans le cortex frontal inférieur, l’aire de Wernicke (compréhension des mots), dans le cortex temporal et le gyrus angulaire. L’imagerie cérébrale par résonance magnétique fonctionnelle montre, en effet, que l’apprentissage de la lecture se caractérise par la mise en place de connexions entre ces zones du langage et les zones visuelles qui se trouvent dans le cortex occipital. Comment l’enfant parvient-il à créer ce nouveau réseau de la lecture qui lie les zones visuelles aux zones du langage oral ?

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Pour citer cet article

Jonathan GRAINGER et Johannes ZIEGLER. APPRENTISSAGE DE LA LECTURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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