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GIDDENS ANTHONY (1938- )

Le Britannique Anthony Giddens est l'un des sociologues contemporains les plus connus et les plus lus à travers le monde. Né le 18 janvier 1938 à Londres, où son père est employé du métro, il fait ses études à l'université de Hull et à la London School of Economics. Il est ensuite lecturer (maître de conférences) à l'université de Leicester (1961-1970), puis au King's College de l'université de Cambridge (1970-1986), où il présente son doctorat en 1976, avant d'y être nommé professeur de sociologie en 1986. En 1997, il prend la direction de la London School of Economics, et ce jusqu'en 2003. Il a été élevé au rang de pair à vie en 2004.

Anthony Giddens est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, traduits dans plus de trente-cinq langues. Depuis son premier livre (Capitalism and Modern Social Theory. An Analysis of the Writings of Marx, Durkheim, and Max Weber, 1971), il a publié différents travaux qui forment une introduction critique à l'œuvre des pères fondateurs de la sociologie, et particulièrement à la pensée de Max Weber (Politics and Sociology in the Thought of Max Weber, 1972) et d'Émile Durkheim (Durkheim on Politics and the State, 1986). Il a aussi publié un manuel de sociologie (Sociology) qui s'est vendu à plus de 600 000 exemplaires depuis sa première édition en 1988. Mais Anthony Giddens est surtout l'auteur d'une œuvre novatrice, qui touche à tous les domaines de la discipline. Son nom reste particulièrement associé à la théorie de la structuration, qu'il expose d'abord dans New Rules of Sociological Method. A Positive Critique of Interpretative Sociologies (1976), puis dans The Constitution of Society. Outline of the Theory of Structuration (1984), dont la traduction en 1987 (La Constitution de la société. Éléments de la théorie de la structuration) a marqué l'introduction de son œuvre en France.

La théorie de la structuration

Pour Giddens, qui prolonge ainsi la réflexion de Weber et Durkheim tout en développant un point de vue critique sur les théories fonctionnalistes et structuralistes qui ont dominé la sociologie d'après-guerre, la structure sociale ne peut être simplement décrite comme une contrainte extérieure aux individus ; elle doit aussi être comprise comme un élément de structuration intérieure aux agents sociaux, dont les pratiques quotidiennes constituées en autant de routines plus ou moins conscientes, contribuent ainsi à sa reproduction. C'est cette « dualité du structurel » (« la constitution des agents et celle des structures ») qui donne aux systèmes sociaux leur caractère « à la fois contraignant et habilitant » pour les agents sociaux (« la constitution de la vie quotidienne ») ; leur action individuelle et collective de ces derniers trouvant ainsi son principe d'explication sociologique dans le processus continu de « routinisation » qui tend, en même temps, à produire le « savoir commun » que ces agents mettent en œuvre dans leurs pratiques quotidiennes (« la capacité de „continuer“ d'accomplir les routines de la vie sociale »), et à reproduire les institutions sociales qui forment le cadre de cette action. Pour Anthony Giddens, par conséquent, la « constitution de la société » est le produit de cette double structuration.

C'est dans ce cadre conceptuel qu'il faut ainsi restituer la réflexion postérieure d'Anthony Giddens sur les effets sociaux de la modernité, et notamment dans un essai publié en 1990, The Consequences of Modernity, traduit en français en 1994 (Les Conséquences de la modernité) dans lequel il tente de montrer en quoi « l'intensification des relations sociales planétaires », la mondialisation, en favorisant la « dé-localisation » des systèmes sociaux (« „l'extraction“ des relations sociales des contextes locaux d'interaction »),[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, chargé de recherche Marie Curie, London School of Economics

Classification

Pour citer cet article

Antonin COHEN. GIDDENS ANTHONY (1938- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BECK ULRICH (1944-2015)

    • Écrit par Mohamed NACHI
    • 1 606 mots
    ...formes de sociabilité et un processus d’individualisation sans précédent. Pour cerner la spécificité de ce nouveau visage de la société, il défend, avec Anthony Giddens, une théorie de la « modernité réflexive » ou « seconde modernité ». Selon cette théorie, la société industrielle n’avait pas vraiment...
  • INDIVIDUATION, sociologie

    • Écrit par Philippe RIUTORT
    • 770 mots

    L’individuation constitue l’une des notions clés pour saisir l’ampleur du changement social qui caractérise l’avènement des sociétés industrielles à partir de la fin du xixe siècle. Chacun à sa manière, les fondateurs de la discipline sociologique ont été confrontés à l’émergence de...

  • LOI SOCIOLOGIQUE

    • Écrit par Claude JAVEAU
    • 937 mots

    Selon Raymond Boudon et François Bourricaud (1982), il « est exagéré de prétendre que la sociologie soit essentiellement une science nomothétique, visant à la mise en évidence de lois générales ». Cette prétention est liée à l'ambition de la sociologie à la généralité, celle-ci fût-elle conditionnelle,...

  • MONDIALISATION (sociologie)

    • Écrit par Denis COLOMBI
    • 2 364 mots
    ...rapport au temps et à l’espace. David Harvey, reprenant Karl Marx, souligne que le capitalisme met les lieux en concurrence, supprimant temps et distance. Anthony Giddens donne un tour plus général encore à cette idée : pour lui, la mondialisation est l’achèvement d’un processus de modernisation engagé au...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi