Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANGLICANISME

L'anglicanisme et le mouvement œcuménique

La conférence de Lambeth de 1920 a lancé aux autres confessions chrétiennes un « Appel en faveur de l'unité ». Affirmant leur double parenté catholique et protestante, les évêques anglicans réunis présentaient la communion anglicane comme un pont entre les Églises traditionnelles et les confessions issues de la Réforme. Depuis le début du mouvement œcuménique, l'anglicanisme s'est reconnu ainsi une vocation « unionique » particulière. Il a formulé ses principes d'union dans la formule dite Quadrilatère de Lambeth. Celui-ci affirme la communion anglicane fondée : 1. sur l'Écriture sainte, comme contenant tout ce qui est nécessaire au salut ; 2. sur les sacrements du baptême et de l'eucharistie ; 3. sur les deux symboles de foi des apôtres et de Nicée-Constantinople ; 4. sur l'épiscopat historique.

Cette formule de 1888, déclarée « inaltérable » en 1920, demeure en vigueur, bien que, à la suite d'hésitations sur la portée doctrinale du quatrième point, le quadrilatère ne soit plus très équilatéral. Les Églises anglicanes ont joué un rôle important dans le mouvement œcuménique en recherchant l'union avec des Églises non anglicanes. Certaines tentatives ont abouti (Église de l'Inde du Sud, etc.). D'autres sont en cours. Dans la constitution de ces unités nouvelles, le caractère proprement anglican tend souvent à s'effacer, et des voix autorisées ont pu dire que la communion anglicane « était appelée à disparaître dans sa spécificité anglicane pour le bien de l'unité » (IIe congrès pananglican, Toronto, 1963).

Se prévalant d'une attitude qui remonte au xvie siècle, l'Église anglicane a toujours été soucieuse d'entretenir des liens avec les Églises d'Orient. Peu après la rupture avec Rome, George Abbott, archevêque de Canterbury (1611-1633), avait déjà été en correspondance avec Cyrille Lukaris, patriarche d'Alexandrie puis de Constantinople. Après un temps d'ignorance réciproque, les relations de l'anglicanisme avec l'orthodoxie furent établies au xixe siècle, à l'occasion des consultations entreprises par William Palmer sur la question des ordinations anglicanes. Dans le cadre du mouvement œcuménique, ces rapports ont toujours été étroits et une commission mixte entre anglicans et orthodoxes a été constituée en 1973 à Oxford, qui se réunit régulièrement depuis. Lors d'une conférence tenue à Moscou en juillet 1976, la représentation anglicane a pris une initiative remarquée en déclarant que les Églises anglicanes étaient disposées à ôter le Filioque (concernant la « procession » du Saint-Esprit) de la version latine du Credo de Nicée-Constantinople, puisque le texte grec, qui a toujours été considéré comme le texte de référence, ne le contient pas. Le retrait du Filioque de la récitation liturgique, envisagé dans cette intention œcuménique, ne signifierait pas pour autant que la communion anglicane abandonnerait la doctrine elle-même qu'implique le Filioque, mais seulement qu'elle pourrait considérer celle-ci comme un theologoumenon, c'est-à-dire comme une opinion probable et non comme un article de foi.

Depuis quelques années, les Églises de la communion anglicane avaient examiné l'éventualité de l'ordination des femmes à la prêtrise. Souhaité en général par l'aile protestante, ce projet était cependant loin de recueillir une adhésion générale. Le synode de l'Église d'Angleterre avait déclaré en 1975 qu'il n'y voyait pas d'opposition fondamentale, mais celui de 1978 s'était opposé à toute mise en œuvre de cette possibilité. Si l'accès des femmes à des responsabilités croissantes est unanimement désiré et tenu pour un bien, leur admission au sacerdoce[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur du Centre d'études Istina et de la revue Istina

Classification

Pour citer cet article

Bernard DUPUY. ANGLICANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Thomas Becket - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Thomas Becket

Élisabeth II et l’archevêque de Canterbury, 2002 - crédits : Tim Graham/ Getty Images

Élisabeth II et l’archevêque de Canterbury, 2002

Autres références

  • ANDREWES LANCELOT (1555-1626)

    • Écrit par Pierre-Yves PÉTILLON
    • 884 mots

    De Lancelot Andrewes, un fragment au moins reste dans les mémoires : son évocation, dans un de ces sermons sur la Nativité qu'il prêcha chaque année, entre 1605 et 1624, le 25 décembre devant le roi Jacques Ier et la cour, du voyage des Mages qui avaient vu l'étoile. T. S. Eliot reprendra...

  • ANTHEM, musique

    • Écrit par Edith WEBER
    • 586 mots

    Du vieil anglais anteifn, du grec et du latin antifona, de l'espagnol et de l'italien antifona, l'anthem, forme de musique religieuse anglicane, est une paraphrase libre (et non une traduction littérale anglaise) de textes bibliques (psaumes de David, en particulier), chantée pendant...

  • ARCHEVÊQUE

    • Écrit par Jacques PONS
    • 348 mots

    Titre fréquemment donné dans les Églises chrétiennes à un évêque ayant sur les autres évêques d'une province une certaine juridiction, qu'il exerce en plus de son pouvoir diocésain, mais qui n'implique pas une supériorité d'ordre. L'archevêque est l'héritier des anciens évêques métropolitains,...

  • BAXTER RICHARD (1615-1691)

    • Écrit par Bernard ROUSSEL
    • 561 mots

    Pasteur et théologien anglais dont le ministère et les écrits ont joué un rôle important dans la vie des Églises de son pays au xviie siècle, durant les guerres civiles et sous la République et la restauration. Né à Rowton, dans le Shropshire, Baxter fut confié à des précepteurs. En raison de...

  • Afficher les 44 références

Voir aussi