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ALPHABET

L'alphabet araméen et sa descendance

L'alphabet araméen a été tiré du système phénicien par les scribes du royaume de Damas au ixe siècle avant J.-C. Sa forme cursive, plus pratique que celle du phénicien et répandue par les déportés araméens, connaîtra une singulière diffusion en Asie. Adopté par les rois d'Assyrie (viiie s.), il sert parallèlement aux cunéiformes, qu'il supplante sous l'empire achéménide (vie-ive s.) dont l'administration utilisera surtout l'écriture et la langue araméennes. À côté de cet alphabet officiel, le triomphe des dialectes araméens sur les autres langues sémitiques entraîne la création d'écritures locales. En Palestine, l'hébreu carré (iiie s. av. J.-C.) transcrit l'araméen parlé par les Juifs après l'exil, puis les textes sacrés dans la langue hébraïque.

Le nabatéen, créé chez une tribu arabe au sud-est de la mer Morte pour écrire l'araméen (iie s. av. J.-C.), est, après la chute du royaume local (106 apr. J.-C.), employé pour transcrire un parler arabe. Peu à peu transformé, il devient l'écriture arabe (vie s. apr. J.-C.), qui n'évoluera plus beaucoup. Le mandéen, employé dès le viie siècle après J.-C. par une secte de Basse-Mésopotamie, a ajouté, sous l'influence du grec, une transcription commode des voyelles aux lettres araméennes. Le palmyrénien, tiré de l'araméen au ier siècle avant J.-C. pour la cité caravanière de Palmyre, est à son tour à l'origine des écritures syriaques, qui transcrivent les parlers araméens de Haute-Mésopotamie à partir du ier siècle de notre ère.

Le palmyrénien et le syriaque, propagés par les commerçants et les missionnaires nestoriens, sont à la base des écritures d'Iran et d'Asie centrale. Dans les royaumes parthe (iie s. av.-iiie s. apr. J.-C.) et sassanide (iiie-viie s. apr. J.-C.), on écrit les dialectes iraniens en alphabet pehlevi. La médiocrité de ce type d'écriture le fait remplacer, au début du viie siècle par l'alphabet avestique ou zend (le zend étant le commentaire de l' Avesta, livre saint du zoroastrisme), qui note toutes les nuances des voyelles. Mais, victime de la chute des Sassanides (651), il n'aura servi qu'à transcrire l'Avesta. Au Turkestan, la langue sogdienne reçoit son alphabet au ier siècle après J.-C., tandis que l'écriture manichéenne, inventée par les fidèles de Mani à partir du ive siècle de notre ère, sert à écrire indifféremment les nombreuses langues de l'Iran et du Turkestan.

L'araméen, par l'intermédiaire du pehlevi et du sogdien, est encore à l'origine des alphabets turco-mongols. L'écriture dite à tort « runes sibériennes » (viie-viiie s.) est celle de l'empire des Turcs T'ou Kiue. Les Ouigour, qui leur succèdent en Mongolie, reçoivent des missionnaires manichéens un alphabet (ixe s.) qui est à l'origine de l'écriture mongole adoptée par les khans lors de leur conversion au bouddhisme (xive s.). Cette dernière écriture est d'un système complexe d'une centaine de signes (on voulait noter les termes indiens et tibétains du bouddhisme). Au xviie siècle, la horde mandchoue, devenue maîtresse d'un empire, se donne une écriture qui simplifie l'alphabet mongol. Enfin, dans la nombreuse descendance de l'écriture araméenne, il faut signaler les syllabaires de l'Inde, du Tibet et de l'Asie du Sud-Est.

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Écrit par

  • : maître assistant à l'université de Paris-Sorbonne
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Gilbert LAFFORGUE. ALPHABET [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Stèle de Néfertiabet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Stèle de Néfertiabet

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

Stèle de Mésha,&nbsp;<b>IX<sup>e</sup></b>&nbsp;s. av. J.-C. - crédits : Z. Radovan/ www.BibleLandPictures/ AKG images

Stèle de Mésha, IXe s. av. J.-C.

Autres références

  • AŚOKA ou AÇOKA (IIIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Marie-Simone RENOU
    • 2 805 mots
    ...Inscriptions ne seront déchiffrées qu'à partir de 1837, quand un fonctionnaire de l'administration civile de Bénarès, James Prinsep, découvrira la clé d'un alphabet jusque-là mystérieux. Car ce texte n'était rédigé ni en pāli ni en sanskrit, mais en māgadhī, langue prakrite de type oriental, sans doute apparentée...
  • BRAILLE

    • Écrit par Françoise MAGNA
    • 7 024 mots
    • 3 médias
    ...(écriture coupée, écriture nocturne...), dont le principe se retrouve dans le système qu'il conçoit ultérieurement et dont s'inspirera Louis Braille. Charles Barbier dispose les 25 lettres de l'alphabet français (la lettre w n'existait alors pas en français) en cinq colonnes de cinq lignes chacune, et...
  • BRULY BOUABRÉ FRÉDÉRIC (vers 1923-2014)

    • Écrit par André MAGNIN
    • 1 189 mots

    Frédéric Bruly Bouabré est né vers 1923 à Zéprégühé, petit village de la Côte d'Ivoire (alors une colonie de l'Afrique-Occidentale française) ; il vit et travaille à Abidjan. Comme le dit Bouabré, en Afrique, quand un homme est né, on se contente de savoir qu'il est né, on ne...

  • CORÉE - Littérature

    • Écrit par Ogg LI, Marc ORANGE, Martine PROST
    • 9 648 mots
    En revanche, l'invention de l'alphabet coréen, en 1443, que l'on attribue au roi Sejong (règne : 1418-1450), marqua le début d'un renouveau de la littérature coréenne. Le premier essai en han'gŭl, nom donné à ce nouveau système d'écriture phonétique, fut tenté, sur l'ordre du...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi