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CORÉE Littérature

Longtemps orale, essentiellement composée de chants rituels, puis rédigée en chinois, la littérature coréenne a pris son essor au xiiie siècle, avec le développement de l'imprimerie dont l'usage des caractères mobiles en plomb fut d'abord réservé à la cour. L'invention de l'alphabet coréen sous les Yi (1392-1910) conforta la progression d'une littérature éprise de justice sociale et sollicitant des réformes économiques. Le roman porte souvent un message moralisateur destiné aux élites jugées corrompues. Au xixe siècle, les écrivains coréens subiront l'influence des grandes cultures occidentales transmises par la Chine et le Japon. La guerre domine le xxe siècle ; d'abord l'annexion par le Japon puis la guerre de Corée, qui scinde le pays en deux, suscitent chez les écrivains un esprit de « révolte » et de « rupture » encore très inspiré de l'Occident au Sud, et, au Nord, un soutien sans faille au gouvernement communiste. Ainsi la littérature coréenne cherche-t-elle encore à se définir.

La littérature coréenne des origines à 1945

Littérature ancienne du Ier siècle avant J.-C. à 1910

Il existe en Corée quelques œuvres poétiques qui datent du Ier siècle avant J.-C. ainsi que le prouve le Hwangjo ga (Chant d'oiseaux jaunes), composé en chinois, selon le Samguksagi (Histoire des trois royaumes, livre XIII), par le roi Yuri (règne : 19 av.-17 apr. J.-C.) de Koguryŏ, en 17 avant J.-C. Le désir de se doter d'une écriture adaptée à leur langue poussa les Coréens à inventer un système appelé idu, utilisé, probablement à partir du ve siècle, tantôt pour transcrire phonétiquement les termes grammaticaux coréens, tantôt pour traduire un certain nombre de mots, en particulier les substantifs, à l'aide de caractères chinois.

Il semble que ce procédé du idu était largement répandu dans le royaume de Silla (57 av.-935 apr. J.-C.) ; en effet, sur l'ordre de la reine Chinsŏng (règne : 887-897), Wihong et Taego éditèrent, en 888, le Samdaemok, important recueil où furent consignées des poésies de transmission orale du royaume de Silla. Ce recueil n'étant malheureusement pas parvenu jusqu'à nous, on ne connaît que quatorze poésies de ce genre appelé hyangga (chants de terroir), qui datent de Silla et sont insérées dans le Samgukyusa (Anecdotes des trois royaumes), qu'un moine, Ilyŏn, composa au xiiie siècle. Il existe, en outre, onze hyangga datant de l'époque de Koryŏ (918-1392) et composées par Kyunyŏ (923-973). De ces vingt-cinq hyangga, seize sont d'inspiration bouddhique, les autres ayant trait au loyalisme envers le roi, aux adultères, aux funérailles, aux groupes de jeunes aristocrates connus sous le nom de hwarang (jeunesse fleurie).

Il semble que le système graphique nommé idu n'ait pas été utilisé pour le récit ; du fait de sa complexité, nombreux furent ceux qui choisirent d'écrire directement en chinois. Le plus célèbre d'entre eux, à l'époque ancienne, est Ch'oe Ch'iwŏn (857- ?), connu même en Chine et auteur du Kyewŏn p'ilgyŏng (Recueil littéraire du jardin de cinnamomes). Cette habitude des lettrés coréens d'employer le chinois s'ancra encore plus solidement à partir de 958, année où le royaume de Koryŏ adopta le système du kwagŏ, c'est-à-dire du concours d'État pour le recrutement des fonctionnaires, au cours duquel les candidats devaient faire preuve d'une grande connaissance des classiques chinois et savoir composer dans leur propre langue. Parmi les recueils littéraires en chinois parus durant cette époque de Koryŏ, citons le Tongguk Yi Sangguk chip (Recueil des œuvres de Yi Sangguk, terminé en 1241, puis complété en 1251) de Yi Kyubo (1168-1241), le Pohanchip (Recueil divertissant, 1254) de Ch'oe Cha (1188-1260) et le [...]

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Écrit par

  • : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-VII
  • : ancien ingénieur de recherche au CNRS, ancien directeur de l'Institut d'études coréennes du Collège de France, ancien chargé de cours à l'université de Paris-VII
  • : maître de conférences à l'UFR de langues et de civilisations d'Asie orientale à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Ogg LI, Marc ORANGE et Martine PROST. CORÉE - Littérature [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CORÉES - Du rapprochement à la défiance

    • Écrit par Marie-Orange RIVÉ-LASAN
    • 2 921 mots

    Les sociétés nord et sud-coréennes, confrontées en 2008 à la crise financière internationale comme le reste du monde, étaient déjà en proie à des incertitudes et à des difficultés économiques, politiques et sociales différentes, mais non pas moins cruciales. La crise larvée de part et d'autre du 38...

  • ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL
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    • 8 médias
    La péninsule coréenne comprend à la fois des éléments de socle et de pseudo-socle. Le socle précambrien, déjà représenté au nord par les Changbaishan et leur prolongement, le plateau de Kaima, se trouve au centre dans la région drainée par le Han, ainsi que dans le sud où il affleure dans la chaîne diagonale...
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
    • 24 799 mots
    • 10 médias
    LaCorée est traditionnellement nommée le « Pays de l'Orient » (en chinois Dongguo, en coréen Dongkuk) par les Chinois. Prise en tenaille entre les deux grands voisins chinois et japonais, ses monarchies ont versé le tribut à l'Empire chinois jusqu'à la fin du xixe siècle, puis...
  • BOUDDHISME (Histoire) - L'expansion

    • Écrit par Jean NAUDOU
    • 3 116 mots
    • 4 médias
    La Corée était au ive siècle de notre ère morcelée en plusieurs royaumes, dont les principaux sont le Ko-kou-rye au nord-ouest, le Paik-tchei au sud-ouest, et le Sillā au sud-est.
  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme japonais

    • Écrit par Jean-Noël ROBERT
    • 13 492 mots
    • 1 média
    La première communauté était formée de moines coréens : neuf furent envoyés de Paekche en 554 ; ils venaient de remplacer sept autres, qui se trouvaient donc au Japon avant eux ; cela implique qu'il existait des moines qui s'occupaient sans doute exclusivement des immigrés. En 577, six autres religieux...
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Voir aussi