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VALLI ALIDA (1921-2006)

Née le 31 mai 1921 à Pola, ville italienne d'Istrie devenue yougoslave après la Seconde Guerre mondiale, Maria Alida Altenburger von Marckenstein und Frauenberg grandit à Côme où son père enseigne la philosophie. Très précoce, elle est admise en 1935 au tout jeune Centre expérimental de cinématographie, dans la section des acteurs. Remarquée par le réalisateur Enrico Guazzoni, elle obtient un petit rôle dans I Due Sergenti (Les Deux Sergents, 1936). L'année suivante, sous le nom d'Alida Valli, elle est la protagoniste aux côtés d'Angelo Musco de Il Feroce Saladino, de Mario Bonnard. Sa carrière est lancée.

Triomphant auprès du public avec Mille lire al mese (1939) de Max Neufeld, elle enchaîne les comédies brillantes avant de connaître une première consécration, à peine âgée de vingt ans, avec Piccolo mondo antico (Le Mariage de minuit, 1941), le chef-d'œuvre de Mario Soldati inspiré du roman d'Antonio Fogazzaro. Devenue une des valeurs sûres du cinéma italien, elle tourne plusieurs films par an, en particulier sous la direction de Mario Mattoli. Son physique élégant, son profil de médaille, ses yeux profonds lui confèrent une aura singulière. En 1942, sous la direction de Goffredo Alessandrini, elle est Kira dans le diptyque Noi vivi/Addio Kira ! adapté du roman anticommuniste d'Ayn Rand, We the Living (Nous les vivants, 1936). De l'année suivante date la deuxième version de T'amero sempre (Je t'aimerai toujours) de Mario Camerini, où elle partage la vedette avec Gino Cervi et Jules Berry.

Après la guerre, sa carrière se poursuit sans accroc. Mario Soldati la dirige à nouveau dans une remarquable adaptation d'Eugénie Grandet (1947). Hollywood l'appelle : Alfred Hitchcock en fait la protagoniste, au côté de Gregory Peck, de The Paradine Case (Le Procès Paradine, 1947). Elle joue aussi avec Orson Welles et Joseph Cotten dans The Third Man (Le Troisième Homme, 1949) de Carol Reed. Elle enchaîne avec des tournages en France : Les miracles n'ont lieu qu'une fois (1951) d'Yves Allégret, où elle a Jean Marais comme partenaire, et Les Amants de Tolède (1953) d'Henri Decoin. Revenue en Italie, elle est dirigée par Gianni Franciolini puis, en 1954, par Luchino Visconti qui tire un admirable parti de son physique plus frémissant et lui offre ce qui est sans doute son plus beau rôle, la comtesse Livia Serpieri de Senso.

Par la suite, sa carrière se ralentit. Alternant les tournages en Italie et à l'étranger, elle est dirigée par Michelangelo Antonioni (Il Grido / Le Cri, 1957), Gillo Pontecorvo (La Grande Strada azzurra[Un dénommé Squarcio, 1957]), René Clément (Diga sul Pacifico [Barrage contre le Pacifique, 1958]). Les années suivantes, elle apparaît souvent dans des rôles de second plan qu'elle marque toutefois de sa forte présence, avec un visage envahi par l'intensité du regard et les lèvres serrées. En 1961, Une aussi longue absence d'Henri Colpi obtient la palme d'or au festival de Cannes. De plus en plus hiératique, elle incarne Mérope dans Edipo re (Oedipe Roi, 1967) de Pier Paolo Pasolini et illumine Strategia del ragno (La Stratégie de l'araignée, 1970) de Bernardo Bertolucci. Patrice Chéreau fait appel à elle pour La Chair de l'orchidée (1975). Progressivement réduite à de brèves apparitions, on la voit encore dans Novecento (1976) de Bernardo Bertolucci, Suspiria (1977) de Dario Argento, La Caduta degli angeli ribelli (1981) de Marco Tullio Giordana, ainsi que dans plusieurs films de Giuseppe Bertolucci, un cinéaste très attaché à sa présence tutélaire.

Après avoir entamé une carrière théâtrale en 1956 avec des pièces d'Ibsen et de Pirandello, elle accorde de plus en plus d'importance à la scène, jouant dans des mises en scène de Raf Vallone, notamment, en 1967, Vu du pont d'Arthur Miller. En 1969, elle est[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

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Pour citer cet article

Jean A. GILI. VALLI ALIDA (1921-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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