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ARGENTO DARIO (1940- )

Né à Rome le 7 novembre 1940, Dario Argento est surtout réputé pour ses films policiers et d'horreur d'une grande violence, très efficaces, à la forme élaborée jusqu'à la sophistication.

Fils du producteur Salvatore Argento et d'une photographe de mode d'origine brésilienne spécialisée dans les portraits glamour d'actrices, Elda Luxando, son enfance est surtout marquée par des lectures déjà très orientées (Edgar Allan Poe) et une cinéphilie très populaire, allant du Fantôme de l'Opéra, d'Arthur Lubin (1943), dont il réalisera un remake en 1999, aux stars du cinéma italien, Sophia Loren ou Gina Lollobrigida, qu'il rencontre dans les studios de pose de sa mère avant de les admirer à l'écran. Après avoir abandonné le lycée, Dario Argento débute dans le journalisme à l'Araldo dello Spettacolo, magazine de spectacle local, puis comme critique pour le quotidien romain Paesa Sera. Il s'y fait remarquer par ses attaques contre la censure, son intérêt pour les acteurs, les films d'Elio Petri ou de Fritz Lang, son admiration pour Antonioni, qu'il rencontrera à la sortie de Blow up (1967). Il se passionne pour le western italien naissant (Pour une poignée de dollars, 1964), alors méprisé. Il collabore à partir de 1967 à plusieurs scénarios de westerns et de films de guerre. Crédité avec Bernardo Bertolucci comme co-auteur du sujet d'Il était une fois dans l'Ouest (1968), il semble qu'il ait moins apporté à Sergio Leone qu'il n'en ait tiré de leçons de forme : à savoir que le cinéma est avant tout affaire de temps, de rythme, et que l'auteur est « un personnage du film » qui doit faire « sentir sa présence ».

Son premier film est produit par son père qui crée la SEDA (Salvatore e Dario Argento), associé à Goffredo Lombardo, de l'importante firme Titanus. L'Oiseau aux plumes de cristal (1970) est un giallo, genre typiquement italien qui s'inspire des romans de gare des années 1920 à couverture jaune (giallo), et qui fut lancé au cinéma par Mario Bava avec La Fille qui en savait trop (1962). Il s'agit de films policiers à énigme reposant surtout sur la recherche de l'identité d'un tueur en série, agrémentés d'érotisme, voire de sadisme, de violence, et dont l'atmosphère tend au fantastique. À l'exception de Suspiria (1977), Inferno (1980) et de Le Fantôme de l'Opéra, tous les films d'Argento seront des gialli. Le héros de l'Oiseau aux plumes de cristal, un écrivain, assiste à un premier meurtre et mène son enquête. L'intrigue prend un tour pirandellien : qu'a réellement vu l'écrivain ? Ne serait-il pas le coupable ?... Qualifié de « polar-illusion », ce film au voyeurisme « chic et toc », aux références envahissantes (Mario Bava, Hitchcock, Lang...), n'en crée pas moins un climat de terreur envoûtante grâce au talent graphique du cinéaste et à ses cadrages « au rasoir ». En 1971, Le Chat à neuf queues et Quatre Mouches de velours gris manifestent la même indifférence à l'égard du scénario et de la vraisemblance, leur préférant les intrigues alambiquées et des morceaux de bravoure constitués d'images chocs aux effets violents à base de sang, de sexe, d'images graphiques et géométriques, dominées par la couleur rouge.

Les Frissons de l'angoisse (1975), qui ouvre la période la plus féconde d'Argento, quoique ouvertement inspiré par Blow up, auquel il emprunte son interprète David Hemmings et l'enquête sur les zones d'ombre d'une photographie, manifeste l'originalité et la radicalité de sa démarche. Au cœur du film, la suspicion sur la vérité de l'image, thème majeur d'une grande part du cinéma contemporain, comme celui de Brian De Palma. Avec Suspiria et plus encore Inferno, c'est[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Joël MAGNY. ARGENTO DARIO (1940- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FANTASTIQUE

    • Écrit par Roger CAILLOIS, Éric DUFOUR, Jean-Claude ROMER
    • 21 027 mots
    • 17 médias
    ...dont on ne voit que les gants, commet une succession de meurtres à l’arme blanche. Parmi les metteurs en scène (Mario Bava, Sergio Martino, Lucio Fulci), Dario Argento est sans doute celui qui réalise le plus fortement cet idéal de l’horreur, avec la suspension du temps qui caractérise les longs moments...

Voir aussi