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THIERS ADOLPHE (1797-1877)

Thiers est un des hommes politiques les plus discutés du xixe siècle. Pour beaucoup il résume les petitesses et les cruautés de la bourgeoisie ; son esprit se détourne de l'avenir et de la générosité ; il refuse les chemins de fer ; il défend la propriété et le protectionnisme, le concordat et les armées de métier ; il écarte tout compromis avec la Commune qu'il réprime avec allégresse. Comme l'a écrit Louis Veuillot, « ... il est conservateur de la bourgeoisie, destructeur et dominateur du reste ». Notre jugement est plus nuancé : Thiers critique avec clairvoyance la politique extérieure du second Empire ; il essaie d'empêcher la guerre de 1870 ; il est le fondateur de la IIIe République, d'une république conservatrice certes, mais qu'il croyait possible depuis 1850. Sa responsabilité dans la répression de la Commune est partagée avec l'Assemblée nationale monarchiste et avec les plus modérés des républicains. Il en est de même pour son style. Hugo dit : « Thiers est un portier écrivain qui a trouvé des portiers lecteurs. » En fait, Thiers a été servi par une éloquence nouvelle qui présente avec clarté les problèmes les plus compliqués ; s'il n'a pas été le maître de l'histoire qu'ont cru voir ses contemporains, il a été à coup sûr un historien de talent au style vivant et alerte.

Thiers - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

Thiers

Portrait d'Adolphe Thiers par Disdéri - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Portrait d'Adolphe Thiers par Disdéri

Un Rastignac marseillais

Adolphe Thiers est né à Marseille. Après de bonnes études au lycée de cette ville, il étudie le droit à Aix, est lauréat de l'académie d'Aix. En septembre 1821 il « monte » à Paris où il rejoint Mignet auquel le liera une amitié de près de soixante ans. Thiers se lance dans le journalisme libéral ; il écrit dans Le Constitutionnel, est le correspondant de La Gazette d'Augsbourg, et ces derniers articles attestent une intelligence aussi remarquable de la finance que de la politique ; en 1823, il publie les deux premiers volumes de son Histoire de la Révolution ; dès 1827, il envisage une histoire du Consulat.

Dès ce moment, il est connu dans les salons libéraux de Jacques Laffitte et de La Fayette. Talleyrand l'apprécie. C'est le « dauphin de la Révolution ». Le grand rôle de Thiers commence avec sa collaboration au journal Le National, au titre significatif. Aux côtés d'Auguste Mignet et d'Armand Carrel, Thiers dénonce le ministère Polignac, cherche à enfermer les Bourbons dans la Charte pour les conduire à un coup d'État, propose un changement de dynastie : il faut s'inspirer de la révolution anglaise de 1688 et, comme Guillaume d'Orange a pris la place de Jacques II, substituer les Orléans aux Bourbons. La promulgation des quatre ordonnances fait de Thiers un des auteurs de la révolution de Juillet. Il rédige la protestation des journalistes particulièrement menacés par la politique royale, convainc le duc d'Orléans d'accepter la couronne. La révolution triomphe : dès le 12 août, Thiers est admis au Conseil d'État, attaché à la commission des Finances, adjoint du ministre des Finances, le baron Louis.

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Pour citer cet article

Pierre GUIRAL. THIERS ADOLPHE (1797-1877) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Portrait d'Adolphe Thiers par Disdéri - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Portrait d'Adolphe Thiers par Disdéri

Thiers - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

Thiers

Autres références

  • COMMUNE DE PARIS, en bref

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 210 mots
    • 1 média

    En mars 1871, les Allemands vainqueurs de la guerre contre la France, font le siège de Paris. Le second Empire a été renversé et, depuis le 4 septembre 1870, la République a été proclamée. L'Assemblée élue le 8 février 1871 est toutefois à majorité monarchiste ; elle siège dans la ville royale...

  • COMMUNE DE PARIS

    • Écrit par Édith THOMAS
    • 6 497 mots
    • 8 médias
    Soutenu par cette Assemblée en majeure partie composée de ruraux, le chef du pouvoir exécutif, Thiers, symbole même de la bourgeoisie, a les mains libres pour traiter avec l'Allemagne. La France devra payer un tribut de cinq milliards, abandonner l'Alsace, moins Belfort, et le tiers de la Lorraine. Le...
  • DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

    • Écrit par André Jean TUDESQ
    • 4 300 mots
    • 1 média
    ...trois lois conservatrices : le 15 mars 1850, la loi Falloux assure la liberté de l'enseignement, ce qui profitera surtout à l'enseignement catholique ; sous l'impulsion de Thiers, une autre loi avait précédemment établi une surveillance plus étroite sur les instituteurs suspects de propagande socialiste...
  • ÉCLIPSE L' (1868-1876)

    • Écrit par Marc THIVOLET
    • 682 mots

    Hebdomadaire de quatre pages dont la première est en couleurs, L'Éclipse présente, dans la plupart des cas, une première page comportant un portrait-charge, deux pages de textes amusants et une quatrième page en partie composée d'images satiriques relatant les événements marquants de la...

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Voir aussi