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THIERS ADOLPHE (1797-1877)

Le fondateur de la république

En 1871, Thiers, partisan de la paix, est élu dans vingt-six départements, tandis que Gambetta, partisan de la lutte à outrance, ne l'est que dans neuf. Aussi, le 17 février, l'Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, le nomme-t-elle chef du pouvoir exécutif et le charge-t-elle des négociations avec le vainqueur. Thiers signe les préliminaires de la paix, arrache à Bismarck Belfort en échange de l'entrée des Allemands à Paris, entrée limitée dans l'espace et le temps. Cette entrée des ennemis est considérée comme une insulte à l'honneur de Paris qui n'a pas capitulé. Thiers se heurte à la Commune de Paris, patriote, républicaine, désireuse d'une transformation sociale : la Commune ne reconnaît pas l'Assemblée nationale conservatrice qui siège à Versailles. Thiers est, lui aussi, favorable à la république, mais à une république modérée, respectueuse des fortunes ; il entend gouverner en accord avec l'Assemblée. Après le 18 mars, il réalise le projet d'abandonner Paris, qu'il avait déjà conseillé à Louis-Philippe en février 1848, et, grâce au retour des soldats prisonniers, engage contre la Commune une lutte impitoyable et finalement victorieuse. La guerre civile terminée dans des conditions atroces, Thiers se préoccupe de payer l'indemnité de guerre exigée par l'Allemagne et d'assurer ainsi la libération du territoire. Le 18 septembre 1873, les troupes allemandes quittent la France, dix-huit mois avant le terme prévu ; Thiers est parvenu à cela grâce au lancement de deux emprunts très favorables à leurs souscripteurs, et grâce à une œuvre financière classique (refus de l'impôt sur le revenu, augmentation des impôts indirects, monopole des allumettes). Il fait preuve de la même prudence dans la réorganisation administrative (la centralisation n'est pas atteinte) et militaire (le service obligatoire est momentanément écarté).

À l'étranger au moins, Thiers passe pour avoir restauré la puissance de la France. Cependant les sympathies républicaines de Thiers se précisent : la république a le mérite d'être ; elle est le gouvernement qui divise le moins. D'où son désaccord de plus en plus net avec l'Assemblée qui, le 24 mai 1873, obtient sa démission. Espoir des républicains que menace la politique de réaction, Thiers condamne le duc de Broglie au lendemain du 16 mai 1877. Quand il meurt à Saint-Germain-en-Laye, il sert encore la république. Sa famille refuse les obsèques officielles, mais trois cent quatre-vingt-quatre villes sont représentées et peut-être un million de personnes assistent à ses funérailles : l'émotion nationale atteste que Thiers a acclimaté la république. « La république, avait-il dit dans son dernier message, c'est la nécessité », mais la nécessité a besoin d'un intercesseur.

— Pierre GUIRAL

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Pour citer cet article

Pierre GUIRAL. THIERS ADOLPHE (1797-1877) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Portrait d'Adolphe Thiers par Disdéri - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Portrait d'Adolphe Thiers par Disdéri

Thiers - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

Thiers

Autres références

  • COMMUNE DE PARIS, en bref

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 210 mots
    • 1 média

    En mars 1871, les Allemands vainqueurs de la guerre contre la France, font le siège de Paris. Le second Empire a été renversé et, depuis le 4 septembre 1870, la République a été proclamée. L'Assemblée élue le 8 février 1871 est toutefois à majorité monarchiste ; elle siège dans la ville royale...

  • COMMUNE DE PARIS

    • Écrit par Édith THOMAS
    • 6 497 mots
    • 8 médias
    Soutenu par cette Assemblée en majeure partie composée de ruraux, le chef du pouvoir exécutif, Thiers, symbole même de la bourgeoisie, a les mains libres pour traiter avec l'Allemagne. La France devra payer un tribut de cinq milliards, abandonner l'Alsace, moins Belfort, et le tiers de la Lorraine. Le...
  • DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

    • Écrit par André Jean TUDESQ
    • 4 300 mots
    • 1 média
    ...trois lois conservatrices : le 15 mars 1850, la loi Falloux assure la liberté de l'enseignement, ce qui profitera surtout à l'enseignement catholique ; sous l'impulsion de Thiers, une autre loi avait précédemment établi une surveillance plus étroite sur les instituteurs suspects de propagande socialiste...
  • ÉCLIPSE L' (1868-1876)

    • Écrit par Marc THIVOLET
    • 682 mots

    Hebdomadaire de quatre pages dont la première est en couleurs, L'Éclipse présente, dans la plupart des cas, une première page comportant un portrait-charge, deux pages de textes amusants et une quatrième page en partie composée d'images satiriques relatant les événements marquants de la...

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Voir aussi