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ACROTÈRE

Élément décoratif, géométrique, végétal ou figuré, placé au faîte et aux angles des édifices antiques et dont la silhouette se profilait sur le ciel. Dans l'architecture grecque, l'acrotère apparaît avec les temples primitifs de Crète où, dès la fin du ~ viiie siècle, deux sphinges affrontées surmontent à Prinias le centre de la frise des cavaliers.

À l'époque archaïque, ces pièces, comme toutes celles qui ornent les parties hautes des constructions, sont généralement moulées en terre cuite, puis peintes afin d'apparaître clairement à celui qui les contemple de loin. De cette période nous sont parvenues une figure de gorgone provenant du sommet du temple A ou temple d'Apollon à Calydon, ainsi qu'une sphinge dont le style est comparable aux grandes productions corinthiennes et annonce le sphinx du cimetière du Céramique à Athènes.

Au même moment se constituent deux séries d'acrotères faîtiers en forme de disques. Les premiers ne comportent que des motifs géométriques ; on les trouve à l'Héraion d'Olympie aussi bien qu'à Égine, en Grande-Grèce et en Sicile. Les seconds, dispersés dans le Péloponnèse, se rattachent aux frises et aux antéfixes d'Asie Mineure par leurs décors et leur contour en dents de scie.

Avec la grande architecture de l'époque classique, les acrotères se « pétrifient » définitivement. Mais, parallèlement aux sphinx et aux grandes palmettes ou anthemia, se multiplient des groupes d'enlèvement, inspirés des mystères éleusiniens et de la religion dionysiaque qui connaissent alors un développement considérable. Ces scènes « traduisent allégoriquement les espérances d'immortalité ». On les trouve à Athènes, au sommet de l'Héphaisteion, où sont représentées les Hespérides (ou bien Déméter et Koré), ainsi que sur le temple des Athéniens à Délos que couronnaient les figures pathétiques de Borée et Orithyie.

Dans la dernière partie du ~ ve siècle, les Victoires constituent également un motif particulièrement prisé, comme le montrent les grandes sculptures de la stoa de Zeus sur l'Agora d'Athènes ou du temple d'Asclépios à Épidaure.

L'importance accordée à cet élément dans le décor des édifices est indéniablement prouvée par la multitude des stèles funéraires représentant des naiskoi (représentation simplifiée d'un petit temple) et dont le couronnement, bien que très schématisé, porte très fréquemment des acrotères. À l'époque hellénistique, les acrotères évolueront parfois de façon particulière, comme sur le Grand Autel de Pergame, où des figures masculines tronquées émergent des angles et sont vêtues d'un pagne végétal traité en feuille d'acanthe.

— Martine Hélène FOURMONT

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Écrit par

  • : archéologue, rédacteur en chef de la Revue archéologique, ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique

Classification

Pour citer cet article

Martine Hélène FOURMONT. ACROTÈRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCOPAS (actif entre 370 av. J.-C. et 330 av. J.-C.)

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 815 mots

    Né à Paros d'un père lui-même sculpteur, Scopas est l'un des plus brillants représentants d'une école qui a joué un rôle de premier plan dans le développement de la plastique grecque depuis le haut archaïsme. Formé au matériau de sa patrie — le marbre de la sculpture par excellence —, il est...

Voir aussi