VÉNUS, planète
L'atmosphère
L'atmosphère de Vénus, très massive puisque la pression au sol (de 92 à 95 × 103 hPa) est près de cent fois supérieure à la pression terrestre, est essentiellement constituée de dioxyde de carbone CO2 (96,5 p. 100). C'est en 1932 que le CO2 fut identifié pour la première fois par observation de bandes d'absorption dans le proche infrarouge. D'autres éléments furent ensuite détectés par spectroscopie infrarouge (CO, HCl, HF), mais ce n'est qu'en 1967, lors de l'injection dans l'atmosphère de Vénus de la sonde soviétique Venera-4, première d'une douzaine de sondes d'atterrissage (Venera-4 à Venera-14, Vega-1, Vega-2), que les concentrations des principaux constituants furent mesurées plus précisément. Le CO2 et l' azote N2 (3,5 p. 100) constituent à eux seuls plus de 99,9 p. 100 de l'atmosphère. On trouve également des gaz rares (0,007 p. 100 d'argon, 0,001 p. 100 de néon), de l' anhydride sulfureux SO2 (0,015 p. 100) avec peut-être en quantités comparables de l'acide sulfhydrique H2S et de l'oxysulfure de carbone COS, de la vapeur d'eau, dont l'abondance varie avec l'altitude (de 0,001 à 0,02 p. 100). L'acide chlorhydrique HCl a été détecté en 1968 depuis la Terre par des observations spectroscopiques. Bien que son abondance soit faible (moins d'une molécule par million), il joue un rôle important dans la photochimie de l'atmosphère gazeuse et des nuages. L'observation, à la fin des années 1950, d'émissions radio centimétriques, identifiées comme étant dues au rayonnement thermique du sol et indiquant une température de surface extrêmement élevée, fut confirmée par les mesures radio de la sonde américaine Mariner-2 en 1962, puis par les premières missions soviétiques Venera. La température au sol est proche de 460 0C. Le profil de température entre 0 et 100 kilomètres (fig. 3) diffère notablement du profil terrestre. Dans le cas de la Terre, on observe une inversion de température vers 12 kilomètres d'altitude, la température se mettant alors à croître avec l'altitude et présentant un maximum vers 45 kilomètres (la zone de gradient thermique positif définissant la stratosphère). Ce phénomène est dû à la présence d'ozone O3 et, dans une moindre mesure, d'oxygène moléculaire O2, qui absorbe le rayonnement ultraviolet solaire et chauffe l'atmosphère. Sur Vénus, dont l'atmosphère est pauvre en oxygène et en ozone, on observe une décroissance régulière de la température jusqu'à 50 kilomètres (0 0C), limite supérieure de la troposphère, puis une décroissance plus lente dans la mésosphère, entre 50 et 90 kilomètres (— 100 0C). Il n'existe donc pas de stratosphère, la troposphère supportant directement la mésosphère. Au-delà, dans la région désignée sous le nom de thermosphère, le chauffage est assuré, comme pour la Terre, par le rayonnement ultraviolet solaire, et la température croît jusqu'à 30 0C. Côté nuit, la température décroît pour atteindre — 170 0C. La thermosphère nocturne est couramment appelée cryosphère.
Une autre caractéristique essentielle de l'atmosphère de Vénus est l'épaisse couche nuageuse d'aspect uniforme qui recouvre la planète, s'étendant entre 30 et 90 kilomètres d'altitude, et qui présente une stratification marquée, remarquablement stable. La couche supérieure, localisée entre 70 et 90 kilomètres d'altitude dans une région froide (— 70 0C), est une brume d' aérosols de taille inférieure au micromètre, particulièrement développée au-dessus des régions polaires. La couche principale, dont la base se situe à 47 kilomètres d'altitude, est elle-même divisée en trois sous-couches et composée de gouttelettes d'acide sulfurique H[...]
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Écrit par
- Véronique ANSAN : maître de conférences en sciences de la Terre, Nantes université
- Éric CHASSEFIÈRE : docteur en physique, directeur adjoint du service d'aéronomie du C.N.R.S., Verrières-le-Buisson, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Philippe MASSON : doyen de l'U.F.R. sciences, université de Paris-XI-Sud
- Francis ROCARD : docteur ès sciences, responsable des programmes d'exploration du système solaire au Centre national d'études spatiales
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Médias
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