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PROTESTANTISME Les Églises protestantes de la fin de la Réforme au début du XXe s.

C'est entre 1550 et 1570 que la Réforme s'est trouvée définitivement installée après avoir mis en place des confessions de foi et des institutions (voir art. réforme). Jusqu'au début du xxe siècle, les Églises protestantes ont connu, en fait, trois grandes périodes (1570-1720, xviiie siècle, xixe siècle). À partir d'une triple orientation théologique (luthérienne, réformée, anglicane), qui se caractérise par une grande diversité en fonction de l'implantation géographique et de la situation politique, elles ont été soumises à une diversification croissante, qui tenait aussi à l'absence d'une autorité centrale reconnue par tous, même à l'intérieur des aires luthérienne et réformée.

De l'orthodoxie à l'Aufklärung

Le service dans l’église réformée de Stein, près de Nuremberg (Allemagne), gravure, XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : PHAS/ Universal Images Group/ Getty Images

Le service dans l’église réformée de Stein, près de Nuremberg (Allemagne), gravure, XVIIe siècle

La période 1570-1720 peut être considérée en Europe continentale comme celle de l'orthodoxie, qui objective la doctrine pure et lui attribue les caractères spécifiques de moyen de salut. Elle est formulée dans de grandes sommes, dont celles de Gerhard et de Voetius. Tandis que la doctrine luthérienne prend comme objet le salut et son appropriation, la doctrine réformée s'attache à la décision divine et à sa réalisation. C'est aussi l'époque de l'union étroite entre le trône et l'autel, partout où l'autorité civile est protestante, et même parfois celle du contrôle tatillon, par des consistoires, de la vie privée et publique des fidèles.

On assiste aussi alors aux premières tentatives d'« irénisme » avec Calixte, puis Leibniz, tentatives considérablement freinées, il est vrai, par la révocation de l'édit de Nantes. Dans l'espace germanique, le risque de sécheresse est limité à la fois par une remarquable vie interne (musique sacrée, cantiques, littérature d'édification) et par le piétisme, suscité par Spener, qui crée un courant de rénovation par des groupes de professants. Le protestantisme anglais a connu une évolution très différente avec l'essor des non-conformistes, des baptistes et des indépendants face à l'Église d'État.

Le xviiie siècle a été marqué en premier lieu par une vigoureuse impulsion du renouveau religieux, qui favorisa la composante émotive et sentimentale individuelle. À partir du foyer de Halle, ce renouveau s'étendit à une grande partie du protestantisme, luthérien et réformé, sur le continent. Vers 1740, il fut relayé par Zinzendorf et les frères moraves, qui lui assurèrent une diffusion, désormais durable dans certaines régions telles que le Wurtemberg et la Prusse. En Angleterre, Wesley suscita un courant de renouveau original, le méthodisme, qui a profondément marqué l'esprit anglais : il a freiné la déchristianisation dans les classes défavorisées et répandu un idéal de solidarité humaine. En fait, par l'intériorisation de la piété qui isole, le piétisme développe un individualisme religieux. Avec lui débute une certaine privatisation du message évangélique qui met l'accent sur l'homo religiosus.

Certains piétistes, en insistant sur le moralisme, ont contribué à préparer l'Aufklärung ou Age of reason, dont les principaux foyers protestants ont été l'Angleterre, l'Allemagne et la Suisse. Le mouvement des Lumières a suscité un intérêt croissant, au cours du siècle, chez les élites, attirées par les nouvelles valeurs qu'il véhiculait : souci de la vie pratique, intérêt pour la pédagogie et l'éducation en vue de valoriser l'homme, insistance sur la morale. En revanche, le rôle du dogme et de la théologie recula au profit des sciences bibliques et de l'attrait de la religion naturelle, ce qui entraîna une occultation du péché et de l'action du « malin ».

Mais, tandis que les couches les plus cultivées prenaient leur distance vis-à-vis du vieux fond magique, une résurgence[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur d'histoire de l'Alsace à l'université de Strasbourg-II

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Pour citer cet article

Bernard VOGLER. PROTESTANTISME - Les Églises protestantes de la fin de la Réforme au début du XXe s. [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Le service dans l’église réformée de Stein, près de Nuremberg (Allemagne), gravure, XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : PHAS/ Universal Images Group/ Getty Images

Le service dans l’église réformée de Stein, près de Nuremberg (Allemagne), gravure, XVIIe siècle

Autres références

  • ADVENTISME

    • Écrit par Jean SÉGUY
    • 1 093 mots

    Le terme « adventisme » vient du latin adventus, venue. Il désigne une doctrine centrée sur l'attente du retour du Christ à la fin des temps. En lui-même, le vocable adventisme pourrait s'appliquer à tous les mouvements du genre eschatologique de l'histoire du christianisme....

  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    ...structures après la guerre. En août 1945, à la conférence de Treysa, un changement de nom fut décidé, qui avait une signification profonde. Désormais, il n'y avait plus une Église évangélique allemande incarnant un type de protestantisme spécifiquement allemand, mais une Église évangélique en Allemagne,...
  • ALSACE

    • Écrit par Universalis, Françoise LÉVY-COBLENTZ, Raymond WOESSNER
    • 6 482 mots
    • 2 médias
    ...dix-huit mille d'entre eux, et le rétablissement de l'ordre ancien. Calme très relatif, car la Réforme entraîne de profonds bouleversements politiques. Voici Strasbourg devenue une sorte de capitale du protestantisme et portée, de ce fait, à se rallier à la ligue protestante conclue à Smalkalde (1532),...
  • AMBOISE CONJURATION D' (1560)

    • Écrit par Jean MEYER
    • 530 mots

    Les protestants français ont accueilli avec soulagement la mort d'Henri II en 1559. Mais les Guise conservent la suprématie politique, et la situation ne s'améliore pas, comme le prouvent l'exécution du conseiller Anne Du Bourg en 1559 et, la même année, la déclaration de Villers-Cotterêts. Or...

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Voir aussi