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NÉANDERTALIENS ou NÉANDERTHALIENS ou HOMME DE NEANDERTAL

Les caractéristiques néandertaliennes

Génome de Néandertal - crédits :  (M. Bessou, collection et copyrights UMR-PACEA équipe LAPP ; Geigl et al., Université de Paris Diderot

Génome de Néandertal

Les caractéristiques morphologiques et phylogénétiques des Néandertaliens semblaient assez bien établies, mais de nouvelles découvertes ont poussé certains spécialistes à les remettre en cause à partir des années 1980. Il s'agit, soit de nouveaux fossiles comme ceux mis au jour à Atapuerca en Espagne, soit de la mise en œuvre de nouvelles méthodologies appliquées, par exemple, à l'organisation des canaux semi-circulaires de l'oreille moyenne, soit de la mise en évidence de segments de l'ADN des Néandertaliens. Elles relancent le problème du statut taxinomique de ce groupe fossile et donc de la possibilité d'un métissage avec l'homme moderne.

La morphologie néandertalienne a atteint son plein développement il y a environ 120 000 ans, c'est-à-dire à la fin de l'avant-dernière glaciation (Riss), et les fossiles européens dont l'âge est postérieur sont souvent appelés Néandertaliens classiques ou typiques. C'est à partir d'eux que la morphologie de cette population peut être décrite.

Les Néandertaliens étaient de taille moyenne, 1,65 m environ. Ils possédaient un squelette extrêmement robuste avec des os épais, des insertions musculaires marquées. Leurs membres étaient relativement courts avec de fortes articulations. Leur cage thoracique était très large.

Leur morphologie est constituée par un complexe de caractères archaïques hérités de leurs ancêtres, de caractères évolués qu'ils partagent avec les hommes modernes et de caractères spécifiques, propres à cette population. Ce sont ces derniers qui constituent son originalité. Le crâne est très volumineux, avec une cavité cérébrale dont la capacité est équivalente à celle de l'homme actuel, soit environ 1 400 cm3 et une variabilité individuelle qui s'étend de 1 200 à 1 800 cm3. Mais sa forme est différente : elle est longue, large, basse, avec un contour transversal ovale, alors que chez l'homme moderne elle est plus courte, haute et de forme pentagonale. Le cerveau des Néandertaliens n'avait pas la même forme que le nôtre, mais il avait le même volume, et rien ne permet de penser que ses performances étaient inférieures aux nôtres. La région postérieure porte un bourrelet osseux transversal, le torus occipital, comme chez tous les représentants archaïques du genre Homo, mais ce relief est divisé en deux lèvres dans sa partie médiane, lèvres qui délimitent une petite dépression. Ce caractère est propre aux Néandertaliens. La région temporale présente, elle aussi, une série de détails morphologiques qui sont propres à cette population fossile, par exemple, l'orifice auditif externe occupe une position relativement plus élevée que chez l'homme moderne.

Vu de face, le crâne néandertalien montre, sous une écaille frontale basse, un très fort épaississement du relief sus-orbitaire. Il s'agit, là encore, d'un caractère archaïque. Au-dessous, la face est à la fois haute et large. La région la plus remarquable est certainement celle qui est comprise entre le bord inférieur des orbites et les dents. Elle est en quelque sorte poussée vers l'avant et, de ce fait, les côtés de la face présentent une orientation générale oblique vers l'arrière et vers l'extérieur. Il n'y a ni la dépression sous-orbitaire, ni l'angle des pommettes que l'on observe sur tous les autres représentants du genre Homo. Le développement de cette région a parfois été interprété comme une adaptation au climat froid, la cavité nasale ayant plus de place pour réchauffer l'air glacé avant qu'il n'atteigne la trachée artère. La mandibule est très longue et présente, en arrière de la troisième molaire, un vaste espace libre.

On observe une réduction progressive du système dentaire au cours de l'histoire du genre[...]

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Écrit par

  • : docteur es sciences, ancien professeur d'anthropologie à l'université de Bordeaux

Classification

Pour citer cet article

Bernard VANDERMEERSCH. NÉANDERTALIENS ou NÉANDERTHALIENS ou HOMME DE NEANDERTAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Prénéandertaliens et Néandertaliens : principaux gisements - crédits : Encyclopædia Universalis France

Prénéandertaliens et Néandertaliens : principaux gisements

Crâne de l'homme de Gibraltar - crédits : Museum d'Histoire naturelle, Londres/ SPL France

Crâne de l'homme de Gibraltar

Mâchoire de l'homme de Heidelberg - crédits : John Reader/ SPL France

Mâchoire de l'homme de Heidelberg

Autres références

  • DÉCOUVERTE DE L'HOMME DE NÉANDERTAL

    • Écrit par Herbert THOMAS
    • 224 mots

    Découvert en 1856 dans une grotte de la vallée (tal) de Neander près de Düsseldorf (Rhénanie-du Nord-Westphalie), l'homme de Néandertal fut le premier homme fossile à être reconnu. Ses restes – une calotte crânienne et quelques os des membres – recueillis par un instituteur,...

  • ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) - L'archéologie environnementale

    • Écrit par Stéphanie THIÉBAULT
    • 4 223 mots
    ...aux avancées récentes de la paléoclimatologie à haute résolution (carottes de glace prélevées au Groenland et sédiments marins en Atlantique nord), nous savons que la période qui voit la disparition des Néandertaliens (il y a 30 000 ans) et le peuplement de l'Europe par les hommes modernes (entre...
  • ARCY-SUR-CURE, site préhistorique

    • Écrit par Dominique BAFFIER
    • 1 246 mots

    Le site d'Arcy-sur-Cure (Yonne), site majeur pour l'étude du Paléolithique moyen et supérieur de la France du Nord, se situe, au sud du Bassin parisien, entre Auxerre et Avallon. Il est constitué par un ensemble de cavernes creusées par la Cure dans un massif calcaire corallien émergé...

  • ARTENAC (SAINT-MARY), site préhistorique

    • Écrit par Anne DELAGNES, Jean-François TOURNEPICHE
    • 920 mots
    • 1 média

    Le site préhistorique d'Artenac est situé en Charente, dans le nord du Bassin aquitain, à une vingtaine de kilomètres au nord-est d'Angoulême. Après la destruction de la grotte sépulcrale éponyme qui a fait connaître l'Artenacien, culture du Néolithique final, la carrière...

  • ATAPUERCA, site préhistorique

    • Écrit par Jean-Jacques HUBLIN
    • 1 049 mots

    Les gisements du complexe d'Atapuerca en Espagne ont acquis une renommée mondiale à la suite des découvertes qui y ont été faites à partir de 1980. Ces sites ont apporté des informations d'une importance exceptionnelle sur les premiers peuplements de l'Europe et sur l'origine des ...

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Voir aussi