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INTERSTELLAIRE MILIEU

Le gaz neutre

Peu spectaculaire en observation optique, le gaz neutre n'a été découvert qu'au début du xxe siècle, et son étude a surtout été faite à partir des années 1970 en utilisant des techniques radioastronomiques et spatiales très variées.

Les nuages diffus

Représentant la composante la mieux connue du milieu interstellaire, les nuages diffus sont relativement transparents à la lumière ; ils se manifestent par des raies d'absorption caractéristiques des différents éléments qu'ils contiennent, raies très fines visibles dans les spectres à haute résolution d'étoiles situées à l'arrière-plan. Dans le domaine visible, ces raies sont peu nombreuses : les principales sont les raies D du sodium, les raies H et K du calcium ionisé une fois, celles du calcium neutre, du titane ionisé une fois, et de trois radicaux moléculaire simples (CN, CH et CH+). La présence d'ions s'explique par le fait que le rayonnement ultraviolet de l'ensemble des étoiles de la Galaxie peut pénétrer assez facilement dans ces nuages si sa longueur d'onde est supérieure à 91,2 nm – la limite d'ionisation de l'hydrogène atomique –, et ioniser un certain nombre d'éléments ; en revanche, les radiations de longueurs d'onde inférieures sont totalement absorbées par l'hydrogène atomique, qui est très abondant. Les raies d'absorption interstellaires observées dans le spectre des étoiles sont fines, indiquant des températures basses et des mouvements internes faibles, mais sont souvent multiples : cela montre que la matière interstellaire n'est pas distribuée uniformément, mais en nuages ou en sous-nuages isolés dont chacun est animé d'une vitesse particulière, produisant une composante de la raie décalée en longueur d'onde par effet Doppler-Fizeau.

En 1951, la découverte de la raie radio à 21 centimètres de longueur d'onde produite par l'hydrogène atomique montrait que cet élément est le principal constituant des nuages diffus, et permettait d'en préciser leurs caractéristiques et leur distribution dans la Galaxie, où ils sont concentrés le long de bras spiraux. De nombreuses galaxies extérieures ont été étudiées dans cette raie avec un pouvoir de résolution angulaire qui est aujourd’hui comparable à celui des télescopes optiques. La raie à 21 centimètres permet également de déterminer la température de ces nuages grâce à la comparaison de leur observation en absorption devant des sources d'ondes radio situées à l'arrière-plan (les raies d'absorption radio sont sensibles à la température) et en émission (raies insensibles à la température) à côté de ces sources.

Depuis le début des années 1970, les observations spatiales dans l'ultraviolet ont permis de découvrir un très grand nombre de raies d'absorption dues à des atomes et à des ions très variés, et d'approfondir nos connaissances sur les nuages diffus. Leur composition chimique est assez bien connue : l'hydrogène moléculaire est un constituant non négligeable, souvent important même dans les nuages diffus, qui contiennent aussi de petites quantités de molécules comme CO ou OH. En outre, on constate qu'ils sont déficients, par rapport au Soleil, en éléments comme le silicium et certains métaux. Ces éléments se retrouvent dans les poussières dont on parlera plus loin, qui sont intimement mélangées avec le gaz.

Les nuages moléculaires

Barnard 68 - crédits : European Southern Observatory

Barnard 68

Optiquement, les nuages moléculaires sont des objets totalement opaques et sombres, donc difficiles à observer. On ne les voit que dans de rares cas, en projection sur un fond d'étoiles (le Sac à Charbon austral et les globules de Barnard ou de Bok), ou sur des nébuleuses gazeuses auxquelles ils sont parfois associés (la Tête de cheval dans la constellation d’Orion). Quelquefois, ils sont éclairés par la[...]

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

James LEQUEUX. INTERSTELLAIRE MILIEU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Nuage du Cygne - crédits : NASA

Nuage du Cygne

Nébuleuse d'Orion - crédits : NASA/ ESA/ M. Robberto, STScI/ ESA & the Hubble Space Telescope Orion Treasury Project Team

Nébuleuse d'Orion

Barnard 68 - crédits : European Southern Observatory

Barnard 68

Autres références

  • ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array)

    • Écrit par Pierre LÉNA
    • 2 129 mots
    • 5 médias
    La chimie interstellaire est pratiquement née avec la radioastronomie millimétrique dans les années 1980. Avec A.L.M.A., elle entre dans une nouvelle phase, puisque des molécules peuvent être détectées dans tous les types d'objets, en particulier à très grande distance. La complexité des échanges physico-chimiques,...
  • ASTROCHIMIE

    • Écrit par David FOSSÉ, Maryvonne GERIN
    • 4 388 mots
    • 3 médias

    Dans les années 1960, l'espace intersidéral était encore considéré comme un environnement vide, hostile et stérile. Suivant en cela Arthur Stanley Eddington (1926), les astrophysiciens de l'époque jugeaient « difficile d'admettre l'existence de molécules dans l'espace interstellaire, parce...

  • ÉTOILES

    • Écrit par André BOISCHOT, Jean-Pierre CHIÈZE
    • 13 456 mots
    • 8 médias
    Dans notre Galaxie, la majeure partie de la matière du milieu interstellaire est condensée en nuages interstellaires ; ces nuages sont de deux types :
  • GALAXIE LA ou VOIE LACTÉE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 6 019 mots
    • 4 médias
    Le gaz interstellaire est formé d'hydrogène neutre ou ionisé, d'hélium et d'une petite quantité d'atomes plus lourds. Sa masse totale est de l'ordre de 5 p. 100 de celle des étoiles. Sa structure et sa dynamique sont extrêmement complexes. Il est très concentré le long du plan galactique. De grands...
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