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JAMBLIQUE (250 env.-env. 330)

Jamblique est, au début du ive siècle de notre ère, le troisième maître de l'école néo-platonicienne, après Plotin et Porphyre. Il en recueille la succession au moment où l'école est aux prises avec un problème grave. Devant la montée du christianisme, un disciple de Pythagore et de Platon peut-il rester indifférent et laisser périr les traditions religieuses de l'Antiquité, qui semblent faire partie de l'héritage culturel hellénique ? Par ailleurs, n'est-il pas urgent de revigorer cet héritage lui-même en puisant aux sources orientales dont il est issu ? C'est, en effet, une opinion fréquente chez les philosophes de cette époque que la plus haute sagessemétaphysique et religieuse vient d'Égypte où Pythagore et Platon eux-mêmes sont allés chercher leur meilleure inspiration. Mais cette sagesse ne se présente pas sous une forme exclusivement spéculative. Elle se cristallise dans un ensemble touffu de pratiques minutieuses qu'on désigne sous le nom de « théurgie ». Il faut entendre par là une sorte de sacramentalisme qui parfois dégénère en magie. Les rites théurgiques sont des signes sensibles auxquels les puissances divines auraient conféré un pouvoir bénéfique.

Alors que Plotin s'était tenu délibérément à l'écart de cette liturgie, que son disciple Porphyre avait oscillé de l'adhésion à la critique, Jamblique s'engage résolument dans la défense de la théurgie. Il va tenter de justifier, et en même temps d'épurer, le paganisme menacé en lui fournissant une base spéculative. Mais cette alliance imprime au néo-platonisme un caractère nouveau et inaugure une lignée dont Proclos, au ve siècle, sera un remarquable représentant. Cette orientation vaudra à Jamblique l'admiration de l'empereur Julien, restaurateur du paganisme. Mais, finalement, elle amènera en 529 la fermeture de l'école d'Athènes par l'empereur Justinien, et l'expulsion du dernier néo-platonicien Damascios. L'opposition au christianisme était désormais considérée comme séditieuse.

Disciple de Pythagore et de Platon

On sait peu de chose sur la vie de Jamblique. Né à Chalcis de Syrie, il fait ses études à Rome sous la direction de Porphyre. Mais bientôt Rome cesse d'être la capitale intellectuelle de l'Empire, et des foyers de pensée naissent ou renaissent à Athènes, Alexandrie, en Asie Mineure. Jamblique revient dans son pays natal et y fonde une école.

Une partie de son œuvre est perdue ; seuls subsistent des fragments d'un Traité de l'âmecités par Stobée (Eclogae, I, éd. Meineke, Leipzig, 1860). A. J. Festugière les a réunis, ordonnés et traduits dans La Révélation d'Hermès Trismégiste III (Paris, 1953). Il faut en rapprocher un Protreptique, c'est-à-dire une introduction à la philosophie (éditée par Pistelli à Leipzig en 1888). Cet ouvrage porte la marque de l'influence aristotélicienne, et on soupçonne Jamblique d'avoir fait de larges emprunts au traité perdu du jeune Aristote, qui portait le même nom.

Signalons ensuite un ensemble d'études néo-phythagoriciennes. Jamblique se présentait comme pythagoricien aussi bien que comme platonicien. Les deux écoles ont eu, en effet, des échanges constants, et parfois il est difficile de les distinguer. D'un recueil sans doute plus vaste subsistent une Vie de Pythagore (publiée dans le Diogène Laërce de Firmin-Didot en 1929) et les traités intitulés respectivement : In Nicomachi arithmeticam introductionem (édité par Pistelli à Leipzig en 1894), Theologoumena arithmeticae (édité par De Falco à Leipzig en 1922), De communi mathematica scientia (édité par Festa à Leipzig en 1891).

Enfin, le grand écrit théologique de Jamblique est son Traité des mystères d'Égypte, réédité par Édouard des Places (Paris, 1966).

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