Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ZAPOTÈQUES

L'apogée de la culture zapotèque

À partir de 500 après J.-C., Teotihuacán se retire de Monte Albán et la culture zapotèque prend un élan nouveau. Plusieurs villes se développent dans les vallées centrales car Monte Albán a perdu le monopole du pouvoir régional. Cela implique une réorganisation politique. Les autres cités entament un processus de hiérarchisation et des communautés de deuxième rang telles que Lambityeco et Huijazoo accèdent à un statut supérieur. Le contrôle politique et religieux se manifeste par la présence, dans le centre de chacune des villes de l'époque, du même groupe d'édifices nommé par Winter (1977), à savoir templo-patio-adoratorio (temple-place-autel) ; le palais du dirigeant et le terrain du jeu de balle complétaient l'ensemble.

L'organisation sociale en est aussi modifiée puisque les grandes familles locales gagnent de plus en plus de pouvoir et, par conséquent, les relations de parenté – tant maternelles que paternelles – acquièrent de l'importance. Les femmes, autant que les hommes, peuvent figurer comme dirigeants, si elles appartiennent à l'élite qui établit des alliances matrimoniales avec les familles gouvernantes d'autres communautés. Si jadis les dirigeants recherchaient le monopole du pouvoir régional, désormais le rayonnement de la culture zapotèque s'appuie sur le maintien des relations d'égalité entre les différentes localités, ce qui évite le conflit et favorise le développement des arts et des sciences.

Une nouvelle vision religieuse est intégrée aux changements sociopolitiques. On note une uniformisation dans la représentation et le culte des divinités telles que Cocijo, le dieu de la pluie, et dans certaines manifestations artistiques comme les figurines en céramique, que le peuple pouvait posséder. Par contre, les pièces élaborées qui demandaient le concours de plusieurs artisans spécialisés étaient réservées aux membres de l'élite. L'expression du pouvoir zapotèque se manifeste dans l'art appliqué aux objets, ainsi qu'à l'architecture, dont les structures funéraires, de plus en plus grandes et luxueuses, sont un exemple. Constituées d'abord d'une seule chambre à toit plat, elles s'enrichissent par l'ajout d'une antichambre, de marches d'accès, de linteaux et de montants en pierre, et de murs recouverts de peintures polychromes, comme à Huijazoo. Différents personnages de la lignée sont représentés dans les peintures murales, les pierres gravées, les statues en pierre ou en céramique qui se trouvent dans les résidences et les monuments funéraires.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)

Classification

Pour citer cet article

Rosario ACOSTA NIEVA. ZAPOTÈQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Monte Albán, Oaxaca - crédits : Craig Lovell/ Corbis Documentary/ Getty Images

Monte Albán, Oaxaca

Autres références

  • ITURBIDE GRACIELA (1942- )

    • Écrit par Armelle CANITROT
    • 1 047 mots
    • 1 média
    En 1979, l’artiste Francisco Toledo l’invite à photographier les habitants de Juchitán, haut lieu, dans la région d’Oaxaca, de la résistance zapotèque. Durant dix ans, elle partage régulièrement la vie de cette communauté aux coutumes atypiques. Les femmes y bénéficient d’une grande liberté...
  • MASQUES - Le masque en Amérique

    • Écrit par Christian DUVERGER
    • 3 660 mots
    • 2 médias
    ...étaient façonnés en coquillage et en obsidienne. L'ensemble de la mosaïque avait été fixé sur une forme en bois depuis lors tombée en poussière. Des exemples de masques mortuaires en jade sont également connus chez les Mayas de Tikal (Guatemala) ou chez les Zapotèques de Monte Albán (Mexique).
  • MIXTÈQUES

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
    • 3 261 mots
    • 2 médias
    ...parties de son corps. Il héritait du pouvoir en raison de sa primogéniture, ce qui marque une différence avec d'autres sociétés préhispaniques. Chez les Zapotèques, le trône passait du père au fils le plus apte, tandis qu'un conseil élisait le dirigeant aztèque parmi les nobles du royaume. Au fur et à mesure...
  • MONTE ALBÁN

    • Écrit par Jacques SOUSTELLE
    • 325 mots
    • 2 médias

    À deux kilomètres au sud-est de la ville actuelle d'Oaxaca, les vestiges de Monte Albán couvrent une superficie de 40 km2. Ce site a été occupé pendant deux mille cinq cents ans environ, depuis le ~ viiie siècle jusqu'à la conquête espagnole.

    La phase la plus ancienne (~ 700-~...

Voir aussi