Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WEIZMANN CHAÏM ou HAÏM (1874-1952)

Homme d'État israélien né le 27 novembre 1874 à Motol (Pologne, Empire russe ; auj. Biélorussie), mort le 9 novembre 1952 à Rehovot (Israël).

Choqué par les quotas limitant le nombre de juifs à l'université, Chaïm Azriel Weizmann part en 1891 pour étudier la chimie en Allemagne, puis en Suisse où il obtient son doctorat en 1900. Il enseigne alors à l'université de Genève tout en menant des recherches. Il s'installe en Angleterre en 1904 pour enseigner à l'université de Manchester. Pendant la Première Guerre mondiale, il aide l'armée britannique à fabriquer des explosifs en élaborant une méthode de synthèse de l'acétone. Cette découverte lui donne du poids dans les négociations qu'il mène alors avec le gouvernement britannique sur le projet sioniste.

Scientifique de renom international, Weizmann demeure surtout célèbre pour son engagement politique. Très tôt, il adopte la culture et les idéaux nationalistes juifs et défend le retour en Terre promise. Pendant ses études et sa carrière à l'université, il devient un sioniste convaincu et prend la tête des jeunes sionistes. Ce mouvement s'oppose à Theodor Herzl, le fondateur du sionisme moderne, en particulier sur la création d'une colonie juive en Ouganda proposée par Joseph Chamberlain. Weizmann ne joue au départ qu'un rôle de second plan mais, à partir de 1914, prend une part importante aux négociations qui aboutissent à la déclaration Balfour (novembre 1917), par laquelle le gouvernement britannique promet de créer un foyer national juif en Palestine.

Installé à Jérusalem, il se rend en Transjordanie en juin 1918 pour rencontrer Faysal, l'émir du Hedjaz, et discuter d'une coopération entre Juifs et Arabes. Après une nouvelle rencontre, ils parviennent à un accord lors de la conférence de paix de Versailles (juillet 1919). Weizmann assiste également à la conférence de San Remo (1920), qui confirme la déclaration Balfour et place la Palestine sous mandat britannique. La même année, il est nommé à la tête de l'Organisation sioniste mondiale (il préside déjà la fédération sioniste anglaise depuis 1917). Il voyage dès lors sans relâche à travers le monde, prêchant l'idéologie sioniste et recueillant des fonds pour sa cause.

Ses talents diplomatiques sont mis à rude épreuve dans les années 1920 lorsque le Royaume-Uni, confronté aux troubles que provoque la naissance du nationalisme arabe, revient peu à peu sur sa promesse d'un foyer juif. Prônant la prudence et la modération, Weizmann s'aliène les sionistes les plus extrêmes, dont certains l'accusent d'être trop proche des intérêts britanniques. Le contrôle du mouvement nationaliste mondial lui échappe lorsque Londres se montre moins favorable au sionisme en Palestine. Déçu, il démissionne en 1930 mais est bientôt rappelé. Le congrès de 1931 lui refuse cependant sa confiance et ne le réélit pas à la tête de l'Organisation sioniste mondiale et de l'Agence juive, véritable administration parallèle dont il fut l'un des instigateurs et qu'il présidait depuis sa création en 1929.

Weizmann revient alors brièvement vers la science et fonde en 1934 l'institut Daniel Sieff à Rehovot (Palestine), depuis rebaptisé institut Weizmann. Réélu en 1935, il soutient la commission royale qui, en 1937, recommande de diviser la Palestine en deux États, l'un arabe, l'autre juif. Il est alors vivement critiqué mais le projet, rejeté par les Arabes, sera finalement abandonné.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Weizmann obtient la formation d'une brigade juive au sein de l'armée britannique. L'institut Sieff qu'il dirige participe également à l'effort de guerre.

Weizmann est à nouveau critiqué lorsqu'il dénonce en 1945, pour des raisons morales, la violente campagne menée par des dissidents[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien vice-président exécutif du mémorial national Chaim Weizmann et directeur des archives de l'Institut Weizmann à Rehovot, Israël, éditeur
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Julian Louis MELTZER. WEIZMANN CHAÏM ou HAÏM (1874-1952) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ISRAËL

    • Écrit par Marcel BAZIN, Universalis, Claude KLEIN, François LAFON, Lily PERLEMUTER, Ariel SCHWEITZER
    • 26 771 mots
    • 38 médias
    ...gouvernement anglais. Il s'agit d'arracher à celui-ci une déclaration politique endossant les vues sionistes. L'action est surtout dirigée par le professeur Haïm Weizmann. Celui-ci joue un rôle important dans le mouvement sioniste qu'il dirigera peu après. Mais il est aussi chimiste (il enseigne à l'université de...
  • INDÉPENDANCE D'ISRAËL PROCLAMATION DE L' (1948)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 237 mots
    • 1 média

    Alors que le mandat britannique sur la Palestine doit expirer le lendemain, David Ben Gourion proclame, le 14 mai 1948 à Tel-Aviv, l'indépendance de l'État d'Israël. Celui-ci est aussitôt reconnu par les principales puissances mondiales qui, au sein de l'O.N.U., recherchaient...

  • SIONISME

    • Écrit par Alain DIECKHOFF
    • 10 013 mots
    • 3 médias
    Bien qu'en son temps le sioniste russe Chaïm Weizmann, futur président de l'État d'Israël (1949-1952), se soit montré assez critique vis-à-vis du sionisme diplomatique de Herzl, il s'engagera pourtant dans cette « voie royale », après son installation en Grande-Bretagne en 1904. Là, il multipliera les...

Voir aussi