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VOLGA

La Volga moyenne, un fleuve construit et productif

De Rybinsk à Samara, la Volga draine une région au cœur de la puissance énergétique, urbaine et industrielle de la Russie, sur trois tronçons fluviaux différenciés d'amont en aval. De Rybinsk à Nijni-Novgorod, la Volga est transformée par le lac de barrage de Gorki, qui fait tourner depuis 1955 une centrale de 520 000 kW. Plusieurs villes se succèdent sur ce segment densément peuplé, où la première révolution industrielle russe avait déjà largement essaimé et dont les usines textiles de Kostroma sont l'un des héritages. L'ensemble est dominé par la ville de Iaroslavl (604 000 habitants en 2006 mais 637 000 en 1992), carrefour ferroviaire et fluvial au croisement de la Volga et de la voie allant de Moscou à Arkhangelsk. Ce premier tronçon de la moyenne Volga, encore très lié à Moscou, se termine à Nijni-Novgorod, l'ancienne Gorki. Cette ville résume les relations complexes qui ont toujours fait de la moyenne Volga un fleuve-artère et un fleuve-barrière, l'un prenant le pas sur l'autre au fil des âges. Kremlin (c'est-à-dire forteresse) le plus avancé vers l'est au xiiie siècle, il se protégeait des menaces orientales par le fleuve et son confluent escarpé avec l'Oka, le plus grand affluent de rive droite de tout son cours. Après les conquêtes russes, c'est au contraire son quartier bas, d'au-delà l'Oka, qui a prospéré, par l'artisanat, le commerce, puis, à partir de 1817, par la plus grande foire de Russie. À l'époque soviétique, ce quartier fut très industrialisé. Après la chute de l'U.R.S.S., les usines automobiles de Gorki (GAZ) furent les seules du pays à voir leur production largement progresser et le modèle « Gazelle » continue d'inonder le pays de minibus 4×4. La plus grande ville de toute la Volga, qui comptait 1 441 000 habitants en 1992, a désormais une population de seulement 1 286 000 habitants (2007) pour la ville et 2 020 000 pour l'agglomération, la cinquième de Russie.

Au-delà de Nijni-Novgorod et de ses ponts, la Volga est un fleuve extrêmement large, difficilement franchissable et, pendant des siècles, c'est à l'est de cette barrière, et non de l'Oural, que les Russes faisaient commencer la Sibérie. Si ce tronçon de la Volga, jusqu'au-delà de Kazan, n'est plus une frontière militaire, elle reste une limite pour plusieurs nationalités importantes de la Fédération de Russie et une barrière à l'extension urbaine, sans pour autant contredire son rôle de trait d'union entre les diverses régions d'amont en aval. Continuant, pour la dernière fois, de couler d'ouest en est, le fleuve sépare la république des Maris, au nord, de la république de Tchouvachie, au sud. Contrairement à celle-là, celle-ci a son centre démographique et économique tourné vers la Volga. En aval de sa capitale, Tcheboksary (443 000 habitants en 2005), le plus récent des grands barrages de la Volga a été mis en eau en 1980 et sa centrale a une puissance de 1 404 000 kW. Au-delà commence la république du Tatarstan, la deuxième la plus peuplée de la Fédération, la seule, hors la Tchétchénie, à avoir revendiqué aussi longtemps sa souveraineté à l'époque de Boris Eltsine. Kazan, la capitale tatare, significativement située en rive gauche (c'est-à-dire du côté non protégé par le fleuve, en se plaçant du point de vue russe), avait été conquise par Ivan le Terrible en 1552, l'une des plus grandes dates de l'histoire russe. C'est à partir de ce moment que la Volga est devenue la Mère de la Russie. Les descendants de la Horde d'or se sont ensuite beaucoup mélangés au peuple russe, mais une importante minorité a conservé de fortes traditions. Kazan, capitale de la seule république musulmane de la Volga, qui a inauguré en 2005 la plus grande mosquée d'Europe, compte[...]

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Écrit par

  • : professeur de géographie à l'université d'Orléans, président du C.S.T. du pôle-relais zones humides intérieures

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