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VOÏVODE ou VOÏEVODE

Ce terme slave (voevoda, plur. voevody), qui signifie littéralement « chef de guerre », était connu depuis les temps les plus reculés ; il est attesté au xe siècle par Constantin Porphyrogénète.

En Russie, selon les sources plus anciennes, il désigne n'importe quel dignitaire chargé d'un commandement militaire. À la fin du xve siècle à Moscou, le terme est utilisé de façon plus précise pour désigner les différentes fonctions de commandement dans une armée en campagne (commandant en chef, commandant de l'avant-garde, de l'arrière-garde, etc.). Au xvie siècle, certains voïvodes sont nommés à la tête de forteresses situées sur la frontière. Progressivement, au xviie siècle, des voïvodes sont nommés dans toutes les villes de l'Empire moscovite où ils exercent, au nom du monarque, des fonctions à la fois militaires, policières et administratives, remplaçant en grande partie les anciens lieutenants (namestniki) du prince. Pierre le Grand les plaça à la tête des nouvelles provinces (1719). En 1779, ils cédèrent la place à des gouverneurs.

Dans la Hongrie médiévale, le terme de voïvode désigne le représentant que le roi nommait en Transylvanie. Du xiiie au xvie siècle, le voïvode joue le rôle d'un vice-roi nommant les préfets des sept comitats, contrôlant l'administration de ces derniers ; il commande aussi le contingent militaire transylvain lors de la convocation de l'ost féodal. Le plus célèbre voïvode (en hongrois vajda) fut Jean Zapolya, qui se fit élire roi par la diète après la bataille de Mohács en 1526 et combattit sa vie durant Ferdinand Ier de Habsbourg.

En Pologne, c'est dès le xiie siècle que l'on voit apparaître le wojewoda, à la fois représentant du roi et chef militaire local. Au xve siècle, l'institution est étendue à la Lituanie. Choisi de plus en plus dans la noblesse locale, le wojewoda voit, au xvie siècle, sa charge devenir héréditaire. Cette fonction subsistera jusqu'aux partages de la Pologne à la fin du xviiie siècle. Elle ressuscitera, sous une forme moderne, avec l'indépendance du pays en 1918 et de nouveau en 1945. De nos jours encore, le wojewoda est, dans la république populaire de Pologne, l'équivalent d'un préfet. Le terme fut et est encore utilisé dans différentes langues slaves (en serbo-croate, il désigne les princes ou ducs étrangers) ou même non slaves (cf. le hongrois vajda).

— Jean BÉRENGER

— Wladimir VODOFF

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Jean BÉRENGER et Wladimir VODOFF. VOÏVODE ou VOÏEVODE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • POLOGNE

    • Écrit par Jean BOURRILLY, Universalis, Georges LANGROD, Michel LARAN, Marie-Claude MAUREL, Georges MOND, Jean-Yves POTEL, Hélène WLODARCZYK
    • 44 233 mots
    • 27 médias
    ...tant qu'émanation de la Diète, se trouve organiquement relié au mécanisme de 5 933 » conseils populaires » homogènes, dont 22 conseils départementaux (le territoire est divisé en 17 voïvodies et 5 villes assimilées aux voïvodies), 391 conseils d'arrondissements (317 et 74 villes assimilées), 755 communes...
  • RUSSIE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Michel LESAGE, Roger PORTAL
    • 20 238 mots
    • 29 médias
    ...(les prikazy, ou prikazes, parmi lesquels le prikaze des Ambassades était une sorte de ministre des Affaires étrangères), et l'importance des voïévodes, agents du tsar dans les provinces. L'autorité souveraine était toutefois peu reconnue sur les marches méridionales, aux confins des États lituanien...

Voir aussi