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VINCENT DE LÉRINS saint (mort av. 450)

Prêtre et moine d'origine gauloise du monastère de l'île de Lérins, au large de Cannes, saint Vincent de Lérins est mort avant 450. Il est l'auteur d'un recueil d'extraits théologiques d'Augustin (retrouvé et publié par J. Madoz en 1940) et surtout, sous le pseudonyme de Peregrinus, du célèbre Commonitorium (aide-mémoire), composé vers 434, qui a mérité d'innombrables études, éditions et traductions depuis le xvie siècle du fait de son importance pour la théologie de la Tradition et le problème du progrès doctrinal.

Vincent recherche dans cet ouvrage, dont la deuxième partie, à l'exclusion du résumé final, est disparue depuis le milieu du cinquième siècle, un critère sûr pour évaluer les doctrines nouvelles. En des formules frappantes, il établit tout d'abord que, dès lors qu'on ne peut s'en remettre uniquement aux Saintes Écritures, tant sont nombreuses et divergentes les interprétations qu'en donnent les divers courant théologiques, on doit s'attacher aux doctrines enseignées partout, depuis toujours et par tous à l'intérieur de l'Église. Mais cela n'oblige pas la théologie à une perpétuelle répétition : un progrès est légitime dans la compréhension et l'expression du dogme. Encore faut-il que ce progrès s'effectue de façon organique, à la manière dont se développe un être vivant : c'est-à-dire que la doctrine reste fondamentalement la même, progressant dans le même sens et la même pensée (in eodem scilicet dogmate, eodem sensu, eademque sententia). Cette règle à été reprise dans les termes mêmes de Vincent par la Constitution Dei Filius du premier concile du Vatican. Vincent prétendait rédiger ces notes pour son propre compte. En fait, ces considérations générales sur la Tradition et le développement dogmatique répondaient à des préoccupations beaucoup plus immédiates, car ces principes d'universalité, d'antiquité, d'unanimité, cette exigence de continuité dans le progrès des formulations visaient à dénoncer, à mots couverts, la doctrine d'un adversaire prestigieux dont le nom n'est jamais mentionné dans le Commonitorim et qui n'est autre qu'Augustin. La doctrine de la prédestination enseignée par Augustin semblait inacceptable à Vincent, qui se rattachait dans ses conceptions sur la grâce au semi-pélagianisme. Vincent avait déjà formulé vers 430, dans un écrit perdu dont on retrouve la trace chez Prosper d'Aquitaine, des Objections contre cette doctrine qui lui semblait, malgré tout le respect qu'il portait à Augustin, une opinion particulière exprimant un point de vue personnel et non une doctrine vraiment universelle dans l'Église.

— Richard GOULET

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Richard GOULET. VINCENT DE LÉRINS saint (mort av. 450) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PATRISTIQUE

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 8 799 mots
    ...continuité de la tradition ecclésiastique, soit réunis en concile œcuménique. Mais peu à peu, notamment chez saint Augustin, puis dans les controverses nestoriennes et chez Vincent de Lérins, se fait jour la notion des Pères de l'Église pour désigner les témoins authentiques de la doctrine orthodoxe.
  • TRADITION

    • Écrit par René ALLEAU, Jean PÉPIN
    • 6 372 mots
    • 1 média
    ...1-6). Après Tertullien, et dans la même Église d'Afrique, Cyprien et Augustin revendiquent encore les droits de la tradition ; au milieu du ve siècle, Vincent de Lérins sera l'auteur d'une formule célèbre donnant pour critères de la doctrine véritablement traditionnelle son universalité, son antiquité,...