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TOURNAI

Belgique : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Belgique : carte administrative

Située dans l'aire dialectale picarde et non wallonne, Tournai est la principale ville de la partie occidentale de la province belge de Hainaut. Toutefois, cette population importante (68 000 habitants en 2023) tient aux fusions de communes de 1977, qui ont rattaché à Tournai un vaste territoire rural. En fait, la partie agglomérée centrale de la commune ne dépasse guère 30 000 habitants, comme en 1830 : en effet, située en dehors de l'ancien axe charbonnier wallon, la ville a stagné durant la révolution industrielle, alors qu'elle était la deuxième de Wallonie au moment de l'indépendance de la Belgique, après Liège, l'une et l'autre villes épiscopales. Lors du rattachement à la France révolutionnaire, Tournai, qui ne relevait pas de l'ancien comté de Hainaut, a conservé le siège épiscopal du département de Jemappes, la future province de Hainaut (chef-lieu : Mons). Même si elle est bordée par un important bassin carrier, Tournai fait donc figure de ville historique et de bourgeoisie de robe.

Cité romaine sur l'Escaut, au croisement des routes Arras-Asse et Bavay-Boulogne, Tournai fut la capitale des Francs saliens au ve siècle. Elle abrita la sépulture du père de Clovis, Childéric. Elle perdit ce statut de capitale sous le règne de Clovis, au profit de Paris.

Cœur d'une seigneurie épiscopale au ixe siècle (le diocèse a été fondé au vie siècle), contrôlée par le comte de Flandre au xie siècle, la ville reçut une charte communale en 1059 et dut sa prospérité à l'industrie drapière et à la pierre calcaire, utilisée pour la taille ou la chaux. Prise par Philippe Auguste en 1187, la ville fut alors soumise à la vassalité directe du roi de France ; elle grignota les pouvoirs de l'évêque et étendit son emprise sur ses environs, aux dépens du comte de Flandre. L'ensemble de la châtellenie passa sous l'autorité directe du roi de France en 1321. Le Tournaisis fut rattaché aux Pays-Bas sous Charles Quint, en 1521, après une occupation de quelques années par le roi d'Angleterre Henri VIII (1513-1518). Pendant les troubles religieux, Tournai s'ouvrit aux influences calvinistes, comme beaucoup de villes flamandes et brabançonnes ; elle fut reprise par Alexandre Farnèse en 1581. Les Français s'en emparèrent entre 1667 et 1709 - Louis XIV la fit alors fortifier par Vauban-, puis une nouvelle fois de 1745 à 1748 pendant la guerre de succession d'Autriche, et enfin en 1792. Les bombardements de mai 1940 détruisirent de nombreux monuments, tels l'hôtel de ville, l'évêché et les maisons romanes.

Tournai est, depuis le Moyen Âge, un centre de création artistique : son école de sculpture produisit dès le xiie siècle les dalles funéraires, les fonts baptismaux et les retables destinés à l'exportation lointaine. Au xve siècle, son école de peinture compta entre autres Rogier de la Pasture (connu aussi sous le nom de Van der Weyden), et ses tapisseries de haute lisse étaient renommées. La cathédrale Notre-Dame, édifiée au xiie siècle en style roman, est caractérisée par l'harmonieuse élévation de sa nef et de son transept et ses cinq tours qui surmontent la croisée. Réalisé au xiiie siècle, le chœur, avec ses proportions élancées, introduisit le style gothique dans le pays. Elle est classée au patrimoine de l'UNESCO, comme le beffroi. Il faut mentionner la manufacture de porcelaine, créée au xviiie siècle sur ordre de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche.

Aujourd'hui, les stratégies de développement de Tournai s'élaborent dans un projet transfrontalier et transrégional, organisé autour de la métropole lilloise, qui associe Courtrai et Ypres, côté flamand, Mouscron côté wallon. Tournai et le Hainaut occidental visent à se positionner dans l'espace existant entre Bruxelles et Lille.[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie

Classification

Pour citer cet article

Christian VANDERMOTTEN. TOURNAI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Autres références

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    ...Saliens défendirent leur territoire contre ces « barbares », mais ils en profitèrent pour remplir le vide laissé par les Romains. Ils s'emparèrent de Tournai, en firent leur capitale, et sous Clovis ils commencèrent, à partir de 481, la deuxième conquête de la Gaule, cette fois par le nord. Deux faits...
  • TAPISSERIE

    • Écrit par Pascal-François BERTRAND
    • 7 938 mots
    • 8 médias
    ...œuvre : l'Histoire des saints Piat et Éleuthère, exécutée en 1402 par le licier Pierrot Féré pour Toussaint Prier, chanoine de la cathédrale de Tournai à qui il en fit don ; et on ne peut donc plus continuer à attribuer à cette ville la plupart des tapisseries de la première moitié du xv...

Voir aussi