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THÉÂTRES DU MONDE La tradition chinoise

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L'acteur et son public

La formation d'un acteur commence vers sept ou huit ans. Elle nécessite un entraînement très sévère : on commence par apprendre à marcher, à faire des sauts périlleux, puis on passe au chant ; après cette formation de base générale, les qualités propres de l'enfant le destineront plus spécialement à une catégorie de personnages et il se placera alors sous l'égide d'un maître qui lui transmettra son art. Jadis, les écoles théâtrales étaient aidées par des mécènes mais, pour survivre, devaient donner des représentations presque quotidiennes, si bien que l'élève avait l'occasion d'appliquer ses connaissances au fur et à mesure de leur acquisition. Ces écoles étant assez rares, souvent l'enfant était adopté par une troupe ; il y payait son entretien en se livrant à de menues besognes et y apprenait en regardant jouer ses aînés, puis peu à peu tenait des rôles de plus en plus importants. Maintenant, la plupart des écoles sont financées par l'administration et l'enseignement scolaire est parallèle à l'apprentissage. Le côté très artificiel du jeu théâtral fait qu'hommes et femmes peuvent indifféremment jouer des rôles masculins ou féminins ; les femmes avaient d'ailleurs été bannies de la scène par décret impérial aux xviiie et xixe siècles.

À l'heure actuelle, les troupes jouent surtout dans des théâtres permanents, mais jadis la plupart étaient itinérantes ; elles étaient invitées à donner des représentations pour la fête d'un dieu et jouaient en plein air, en face du temple, le spectacle étant une offrande aux divinités payée par la communauté. Dans les grandes villes, il y avait aussi des bazars et des quartiers d'amusement avec un ou plusieurs théâtres où des troupes se succédaient. Dans ces théâtres traditionnels, la scène s'avançait au milieu des spectateurs, elle était surélevée et surmontée d'un baldaquin avec un pilier à chaque coin. Le public s'asseyait le long de tables disposées perpendiculairement à la scène, on y servait du thé et des friandises ; les gens plus huppés qui ne voulaient pas se mêler au commun disposaient de loges sur les côtés.

Théâtre chinois - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Théâtre chinois

Malgré le caractère très sophistiqué de cet art théâtral, le public était très populaire, même les gens qui ne savaient pas lire connaissaient souvent les grands airs par cœur ; des amateurs formaient des clubs et donnaient des représentations pour leurs amis. Mais, à cause de ce côté populaire, beaucoup de lettrés-fonctionnaires méprisaient le théâtre, et les acteurs n'étaient pas mieux considérés que les chanteuses qui tenaient compagnie aux convives dans les restaurants. Mais, à la fin du xixe siècle, la faveur que l'impératrice Cixi accorda aux acteurs, qu'elle invitait fréquemment à venir jouer à la cour, et, au xxe siècle, la création de vedettes par la presse changèrent cette situation.

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Jacques PIMPANEAU. THÉÂTRES DU MONDE - La tradition chinoise [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Opéra de Pékin - crédits : Philippe Wang/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Opéra de Pékin

Personnage féminin du théâtre chinois - crédits : J. Q./ Shutterstock

Personnage féminin du théâtre chinois

Théâtre chinois - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Théâtre chinois

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