SERBIE

Nom officiel

République de Serbie (RS)

Chef de l'État

Aleksandar Vučić (depuis le 31 mai 2017)

Chef du gouvernement

Ana Brnabić (depuis le 29 juin 2017)

Capitale

Belgrade

Langue officielle

Serbe

Unité monétaire

Dinar serbe (RSD)

Population (estim.) 6 853 000 (2021)
Superficie 77 589 km²

Histoire

Formation et reformation de l'État serbe

Les Slaves du Sud (Jugosloveni) arrivèrent dans la péninsule balkanique au vi e siècle et surtout au début du vii e, avec tout d'abord les actuels Macédoniens et Slovènes, puis, appelés par l'empereur byzantin Héraclius, Croates et Serbes venus du sud de la Pologne. Peu différents les uns des autres, ils étaient encore indifféremment appelés Croates ou Serbes au xi e siècle. Aux ix e et x e siècles, on peut parler non pas d'un État serbe, mais bien de plusieurs États serbes (Raška, Duklja, Zahumlje, Neretvljanska, Konavli et Travunja), c'est-à-dire des unions de tribus souvent dépendantes de l'Empire byzantin. Des périodes d'indépendance allaient se succéder au Moyen Âge avec deux États principaux : Raška et Zeta (ancienne appellation du Monténégro). La dynastie des Nemanjić (1170-1371), fondée par Nemanja, joua un grand rôle dans l'émergence d'un territoire serbe politiquement libéré de l'autorité byzantine, avec toutefois des changements territoriaux perpétuels. C'est aussi à cette époque que se forma l' Église orthodoxe serbe autocéphale, créée par Sava, le fils de Nemanja. La christianisation s'était faite dès le ix e siècle avec Cyrille et Méthode envoyés par Byzance. Sava (1174-1235) proposa à son père des assises spirituelles au nouvel État serbe et devint le premier évêque de l'Église serbe. L'orthodoxie devenait religion d'État. D'abord à Žiča (1219), le siège fut transféré en 1250 à Peć ( Kosovo).

Grâce à la politique de conquête du tsar Dušan (1331-1355), le territoire serbe constituait l'État le plus puissant des Balkans, comprenant la Serbie à partir du Danube, une partie de la Bosnie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine, l'Albanie et la Grèce du Nord jusqu'au golfe de Corinthe. Ambitieux, Dušan espérait supplanter l'Empire byzantin. La Serbie médiévale se caractérise également par une grande richesse artistique, un art inspiré essentiellement de la religion orthodoxe et de la culture byzantine, tant sur le plan de l'architecture, avec la construction de multiples monastères (Sopočani, Dečani, Studenica...), que des fresques religieuses. Cependant, l'ambition et les intérêts particuliers des principaux despotes serbes rivaux empêchèrent une union forte et une organisation politique et militaire efficace. Éphémère (seulement vingt-quatre ans), l'empire de Dušan allait peu à peu être reconquis par l' Empire ottoman. Le moment symbolique de la chute des Serbes fut la bataille de Kosovo Polje, le 28 juin 1389. Même si les deux protagonistes principaux, serbe (Lazar Hrebeljanović) et turc (Mourad Ier), y trouvèrent la mort, la victoire ottomane annonçait l'occupation complète et rapide du territoire serbe. Actuellement, cette bataille représente un des symboles de l'identité nationale serbe. Avec la chute de Smederevo (1459), qui était alors la capitale, l'État serbe perd toute autonomie et passe sous la domination ottomane.

L'occupation ottomane

Les territoires serbes, qui devaient plus tard devenir des États (Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine), connurent sous le régime turc des développements spécifiques qui allaient fonder leur histoire nationale. En Serbie, la population, principalement agricole, n'acceptait pas facilement la domination étrangère et organisa des révoltes, avec l'aide de l'Église orthodoxe qui essayait de créer une conscience nationale serbe. S'il est vrai que la Sublime Porte fit preuve, à maintes reprises, d'incompréhension et de laxisme, guidée par un sentiment de supériorité vis-à-vis des autochtones, l'autorité turque allait évoluer au cours des siècles. L'empire ottoman fondait son État sur la spécificité[...]

Pour nos abonnés, l'article se compose de 5 pages

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Amaël CATTARUZZA : docteur en géographie, coordonnateur scientifique de l'Atelier de recherches internationales, université de Belgrade
  • Christophe CHICLET : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée
  • Jovan DERETIC : professeur, doyen de la faculté de philosophie de Belgrade
  • Catherine LUTARD : docteur de l'université de Bordeaux-III, chercheur associé à l'Institut de recherche sur les sociétés postcommunistes (I.R.E.S.C.O., Nanterre), collaboratrice scientifique à l'Université libre de Bruxelles

Classification

Pour citer cet article

Amaël CATTARUZZA, Christophe CHICLET, Jovan DERETIC, Catherine LUTARD, « SERBIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Serbie : carte physique

Serbie : carte physique

Serbie : carte physique

Carte physique de la Serbie.

Serbie : drapeau

Serbie : drapeau

Serbie : drapeau

Serbie (1882, réad. 2004). Le drapeau national de la Serbie est celui du Royaume d'avant 1918,…

Confluent du Danube et de la Save à Belgrade, Serbie

Confluent du Danube et de la Save à Belgrade, Serbie

Confluent du Danube et de la Save à Belgrade, Serbie

Le confluent du Danube et de la Save, à Belgrade.

Autres références

  • SERBIE, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Christian GUT
    • 121 622 mots
    • 11 médias
    Les frontières, établies dès le printemps au nord et au nord-est, laissaient au Monténégro et surtout à la Serbie plusieurs centaines de milliers d'albanophones, notamment autour de Kosovo ; au sud, le protocole de Florence (déc. 1913) partageait la Çameria, à peuplement mixte, entre la Grèce[...]
  • AUTRICHE

    • Écrit par Roger BAUER, Jean BÉRENGER, Annie DELOBEZ, Christophe GAUCHON, Félix KREISSLER, Paul PASTEUR
    • 188 099 mots
    • 21 médias
    [...]serbe. En 1878, l'Autriche-Hongrie occupe en effet la Bosnie-Herzégovine peuplée de Serbes et de Slaves convertis à l'islaām. Le royaume de Serbie avait escompté l'annexion de la Bosnie. La Bosnie, en renforçant considérablement l'élément sud-slave, pesa d'un poids très lourd dans l'équilibre[...]
  • BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Michel ROUX
    • 41 319 mots
    • 1 média
    [...]sécheresse de l'été et menacés d'incendie. Avec des précipitations moindres mais mieux réparties, les montagnes de l'intérieur de la péninsule, en Bosnie, en Serbie et en Bulgarie, ont de vastes forêts sur leurs terrains généralement imperméables, et les possibilités agro-pastorales y sont meilleures. En outre,[...]
  • BELGRADE

    • Écrit par Amaël CATTARUZZA
    • 5 637 mots
    • 2 médias

    Capitale de la Serbie, Belgrade (en serbo-croate Beograd, littéralement « ville blanche ») est située au confluent de la Save et du Danube. Avec 1 639 121 habitants (selon le recensement de 2011), Belgrade est, en termes de démographie, la première agglomération de Serbie et de l'ancien[...]

  • BOSNIE-HERZÉGOVINE

    • Écrit par Emmanuelle CHAVENEAU, Renaud DORLHIAC, E.U., Nikola KOVAC, Noel R. MALCOLM
    • 74 343 mots
    • 7 médias
    [...]Les dernières décennies de l'État bosniaque médiéval furent troublées par la guerre civile, l'ingérence hongroise et la menace d'une invasion turque. Les armées turques commencèrent leurs incursions en Serbie dans les années 1380 et pénétrèrent sur le territoire de Hum, gouverné par la Bosnie, en 1388.[...]
  • Afficher les 43 références

Voir aussi