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SALLUSTE (env. 87-35 av. J.-C.)

C. Sallustius Crispus, historien de la révolution qui, en un peu plus d'un demi-siècle, conduisit Rome de la République à l'Empire, est l'un des juges les plus clairvoyants d'une époque dont il fut lui-même en partie le témoin. Il appartient au groupe des quatre historiens majeurs de la littérature latine, avec César (qui fut son ami), Tite-Live et Tacite, et il exerça une influence certaine sur les deux derniers, donnant à Tite-Live des modèles de récit et confirmant chez Tacite le goût de l'explication psychologique. Enfin, il est l'exemple vivant de l'influence des philosophes dans la pensée romaine à l'apogée du ier siècle avant J.-C.

Une carrière officielle

C. Sallutius Crispus naquit à Amiterne, une petite ville de la Sabine, en 87 (peut-être en 86, selon l'interprétation que l'on donne d'une indication fournie par la Chronique de saint Jérôme) avant J.-C. Il devait mourir quatre ans avant que la bataille d'Actium consacrât définitivement la victoire d'Octave et des Césariens. Mais il assista aux luttes qui conduisirent Rome à ce destin. Il appartenait à une famille plébéienne obscure quoique suffisamment aisée pour qu'il ait pu commencer une carrière politique. Il vint sans doute à Rome de très bonne heure s'initier à la vie publique. Des anecdotes diverses, certaines peut-être inventées plus tard par ses ennemis politiques, le présentent comme étant de mœurs dissolues. On racontait par exemple qu'il avait été l'amant de Fausta, fille du dictateur Sulla et épouse de Milon ; il aurait été surpris auprès d'elle par le mari. Salluste exerça la questure en 55. Il fut tribun de la plèbe en 52, au moment où s'affrontaient le plus violemment les populares, dont le chef, P. Clodius, venait d'être assassiné par Milon, et les optimates, avec le même Milon et Cicéron. Salluste prit le parti des premiers, que soutenait César, aidé, encore, de Pompée. Après la mort de Clodius, Salluste prit une part active à la campagne dirigée contre ses meurtriers et ses amis. Peut-être cela explique-t-il qu'en 50, lors de la dernière censure de la République, il ait été exclu du Sénat, sous prétexte d'immoralité. Aussi, lorsque éclata la guerre civile, au début de janvier 49, Salluste se trouva tout naturellement dans le camp de César. Celui-ci lui confia des commandements importants.

Chargé de celui de la flotte qui, à la fin de l'été de 49, devait appuyer le débarquement d'Antoine en Illyrie, il fut vaincu par les Pompéiens. César n'en permit pas moins qu'il revêtit une seconde fois la questure, ce qui le rétablissait au Sénat et le réhabilitait. En 47, il fut chargé par César de faire rentrer dans l'ordre des légions qui s'étaient mutinées en Campagnie ; là encore, il échoua, et César dut intervenir lui-même. Il accompagna César en Afrique, comme préteur, et s'y conduisit de telle façon qu'il mérita de devenir, en 46, le premier gouverneur de la nouvelle province d'Afrique, créée par César dans les États du roi numide Juba Ier. À la fin de son gouvernement (en 45), Salluste fut accusé de concussion, mais César étouffa l'affaire. Après la mort de son protecteur, et la réaction sénatoriale qui se produisit pendant quelques mois, il préféra quitter l'activité politique et se retira dans les magnifiques jardins qu'il avait aménagés à Rome. Une tradition assez incertaine veut qu'il ait épousé, en 46, Térentia, l'épouse répudiée par Cicéron cette année-là. Pendant les dix dernières années de sa vie, Salluste se consacra à la rédaction de ses ouvrages historiques.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Classification

Pour citer cet article

Pierre GRIMAL. SALLUSTE (env. 87-35 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CICÉRON ET CATILINA - (repères chronologiques)

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 456 mots

    — 106 Naissance de Cicéron à Arpinum dans une famille de l'ordre équestre.

    — 81 Durant la proscription de Sylla, le jeune Catilina se fait remarquer en traquant les condamnés à travers toute l'Italie, empochant la récompense lorsqu'il ramène leur tête à Rome.

    — 80 ...

  • LATINES (LANGUE ET LITTÉRATURE) - La littérature

    • Écrit par Pierre GRIMAL
    • 8 569 mots
    • 2 médias
    Cependant, le régime républicain s'effondrait, et la réflexion devenait le refuge des hommes d'action malheureux, tel Salluste, qui, ne pouvant plus exercer de magistrature, écrivit deux ouvrages, la Guerre de Jugurtha et la Conjuration de Catilina, qui montrent, à propos de deux crises politiques,...

Voir aussi