Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PERGAME ROYAUME DE

État de l'Asie Mineure occidentale, formé autour de la ville de Pergame (~ iiie et ~ iie s.), et placé sous le gouvernement de la dynastie des Attalides. L'origine de cet État est liée à la malhonnêteté de Philétairos, préposé par le roi Lysimaque à la garde de son trésor. En ~ 282, Philétairos trahit son maître lors de sa lutte avec Séleucos Ier et celui-ci lui permit en récompense de conserver ses richesses, Pergame et le territoire avoisinant, dont le port d'Elaia (Élée). Indépendant de fait, Philétairos (~ 282-~ 263) était devenu un dynaste comme il y en avait tant dans l'empire séleucide. À sa mort, son neveu, Eumène Ier (~ 263-~ 241), entra en conflit avec Antiochos Ier et acquit son indépendance totale par la victoire de Sardes (~ 262). Son cousin, Attale Ier (~ 241-~ 197), fut le premier à porter le titre royal après sa victoire sur les Galates (avant ~ 236). Il tenta d'étendre ses possessions aux dépens des Séleucides mais dut s'incliner devant la puissance restaurée d'Antiochos III (~ 222). Il chercha alors à développer son influence dans l'Égée et en Grèce en s'alliant à la Ligue étolienne et à Rome, mais il s'attira ce faisant l'hostilité de la Macédoine (~ 218-~ 205). Cette dernière reprit la lutte contre Pergame (~ 201) qui courait le risque d'être prise en tenailles entre la puissance macédonienne et la puissance séleucide alors à son apogée. Attale Ier fit appel à Rome, et joua ainsi un grand rôle dans l'intervention de Rome en Orient. Eumène II (~ 197-~ 159) poursuivit sans relâche cette politique de bonne entente avec Rome. Il en recueillit les bénéfices lors de la victoire de Rome sur Antiochos III, à laquelle il avait contribué ; lors de la paix d'Apamée (~ 188), il reçut la plupart des possessions séleucides au nord du Taurus : son royaume s'étendait de la Lydie à la Pamphylie et à la Phrygie, et devenait le plus puissant État d'Asie Mineure. Tard venue parmi les grandes puissances hellénistiques, la monarchie attalide conserva une certaine simplicité d'allure. Le vieux centre du royaume était sous l'administration directe du roi, qui maintint dans les zones annexées les satrapies séleucides dirigées par des stratèges. Les cités grecques, théoriquement autonomes, étaient soumises à la pression du pouvoir royal. La lourde fiscalité imposée à cette riche frange égéenne de l'Anatolie offrait au roi les moyens de mener une politique philhellène destinée à racheter les origines médiocres de la dynastie et sa complaisance envers Rome. Celle-ci, cependant, marquait sa froideur envers un allié trop puissant et devenu moins utile, surtout depuis l'écrasement de la Macédoine en ~ 168. Eumène II eut la sagesse de supporter ces avanies avec sérénité et, sous Attale II (~ 159-~ 138), un raccommodement s'opéra au prix de concessions. Attale III (~ 138-~ 133), dernier descendant légitime de la dynastie, tira la leçon de cette dépendance totale en léguant son royaume au peuple romain ; après avoir vaincu un bâtard d'Eumène II, Aristonikos, Rome fit de ce royaume en ~ 129 la province d'Asie.

— André LARONDE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

André LARONDE. PERGAME ROYAUME DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARISTONICOS (IIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Marie-Rose MAYEUX
    • 643 mots

    Bâtard d'Eumène II, roi de Pergame, l'un des plus florissants royaumes d'Asie Mineure, et demi-frère par son père d'Attale III, qui en ~ 133 légua son royaume aux Romains, Aristonicos n'accepta pas ce legs, authentifié par la découverte d'une inscription à Pergame. Il se mit à la tête d'un...

  • PERGAME

    • Écrit par Pierre GROS, Roland MARTIN
    • 2 894 mots
    • 1 média
    ...effigies monétaires, une certaine habileté politique. Profitant des luttes intérieures du royaume, celui-ci passa au service de Séleukos, roi de Syrie. Favorisé par le destin qui frappa successivement Lysimaque, tué en 282 à la bataille de Couropédion, et Séleukos, assassiné l'année suivante, Philétairos...
  • POMPÉE ET L'ORIENT - (repères chronologiques)

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 433 mots

    — 133 Le roi Attale III de Pergame lègue son royaume à Rome ; création de la province d'Asie.

    — 88-— 84 Première guerre de Rome contre Mithridate : Mithridate VI Eupator, roi du Pont, envahit la province romaine d'Asie et fait massacrer tous les citoyens romains résidant...

  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - La République

    • Écrit par Raymond BLOCH
    • 10 958 mots
    • 9 médias
    ...Une vaste révolte servile éclate en Sicile, menace de se répandre ; seule une répression cruelle en vient à bout. À l'autre extrémité de la Méditerranée, le riche royaume de Pergame échoit en héritage à Rome et va former la province d'Asie dont le proconsul résidera dans la belle cité d'Éphèse.

Voir aussi