Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ORBISON ROY (1936-1988)

Chanteur et auteur-compositeur américain, Roy Orbison a mis sa voix exceptionnelle, l'une des plus belles de toute l'histoire du rock, au service d'interprétations poignantes de ballades empreintes de profonds sentiments de solitude et de tristesse.

Roy Kelton Orbison naît le 23 avril 1936 à Vernon, dans le Texas. Il forme son premier groupe, les Wink Westerners, à l'âge de treize ans, et il abandonne ses études universitaires pour se consacrer entièrement à la musique. Membre des Teen Kings, un groupe de rockabilly mâtiné de country, il enregistre en 1955, dans le studio du producteur de Buddy Holly, Norman Petty, Ooby Dooby. La reprise de cette chanson qu'il réalise pour Sam Phillips chez Sun Records – sur la recommandation de Johnny Cash – est son premier grand succès. Le producteur tente alors de faire de Roy Orbison une star du rockabilly ; en vain. Le timide Texan (qui, craignant d'avoir un regard chafouin, porte des lunettes de soleil devenues emblématiques) part s'installer à Nashville, dans le Tennessee, et se met à écrire des chansons pour d'autres interprètes, par exemple Claudette, composée pour The Everly Brothers.

Ayant abandonné Sun Records et signé un contrat avec Monument Records en 1958, Orbison ne se limite plus aux chansons rockabilly et enregistre à partir de 1960 une série de ballades inoubliables. Son style très personnel s'épanouit lorsqu'il met à profit sa formidable tessiture pour interpréter, sur de riches orchestrations, des romances de trois minutes où il chante le désir et le désespoir. Running Scared (1961), délire de paranoïa romantique, résume l'art de Roy Orbison : la tension qui est perceptible dans l'accompagnement aussi bien que dans la voix du chanteur croît lorsque celui-ci imagine ce qui se passerait si sa maîtresse venait à revoir par hasard son ancien amant ; lorsque ce dernier surgit de nulle part, l'aimée choisit cependant de rester avec le narrateur, dont le soulagement transparaît dans le crescendo final.

Grâce à ses nombreux « tubes » – au rang desquels Only the Lonely (1960), Crying (1961), It's Over (1964) et Oh, Pretty Woman (1964) –, Roy Orbison est l'un des rares interprètes américains de rock à se maintenir au sommet des ventes de disques pendant le raz-de-marée de la « british invasion », incarnée par les Beatles, que connaissent les États-Unis. Après une série de drames personnels – mort accidentelle de sa femme en 1966, puis de deux de leurs enfants en 1968 – et de revers professionnels qui font avorter sa carrière, Roy Orbison fait un retour inattendu à la fin des années 1980, en particulier grâce au succès de sa chanson In Dreams, qui figure dans la bande originale du film Blue Velvet de David Lynch (1986), et à son enregistrement de Cryin en duo avec K. D. Lang, utilisé dans le film Hiding Out de Bob Giraldi (1987). Il rejoint alors The Traveling Wilburys, groupe de pop-rock formé par Bob Dylan, George Harrison, Tom Petty et Jeff Lynne. Leur premier album, The Traveling Wilburys Volume 1 (1988), propulse Roy Orbison parmi les dix meilleures ventes pour la première fois depuis 1964. Roy Orbison enregistre aussi un excellent album, Mystery Girl. Mais, le 6 décembre 1988, à Hendersonville (Tennessee), il meurt brusquement d'une crise cardiaque, quelques semaines à peine après la sortie de l'album des Wilburys. Mystery Girl, publié à titre posthume en 1989, contient le célèbre You Got It.

Dans le discours qu'il a prononcé en 1987, lors de l'admission d'Orbison au « panthéon » américain du rock (Rock and Roll Hall of Fame), Bruce Springsteen a déclaré : « Les ballades de Roy sonnent toujours mieux quand on les écoute seul dans le noir... Elles font peur. Sa voix semble sortir d'outre-tombe. » On pourra lire les ouvrages de Peter Lehman (Roy Orbison : the Invention[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : vice-président du département création de la société de production 1492 Pictures, Los Angeles, éditeur
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et James J. MULAY. ORBISON ROY (1936-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MONUMENT RECORDS

    • Écrit par Universalis, Charlie GILLETT
    • 373 mots

    Les neuf titres de Roy Orbison enregistrés chez Monument Records et qui ont caracolé dans les dix premières places des ventes aux États-Unis – de Only the Lonely, en 1960, à Oh, Pretty Woman, en 1964 – ont fait de lui l'un des plus grands artistes à succès de son époque. Pourtant, ses qualités...

Voir aussi