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FEYNMAN RICHARD PHILLIPS (1918-1988)

L'électrodynamique quantique

Graphe 1 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Graphe 1

À l'automne de 1945, Feynman retourne à la vie civile comme professeur à l'université Cornell, sur l'insistance de Bethe. Commence alors une période de dépression, consécutive aux décès de sa femme et de son père, qui se traduit par un sentiment d'incapacité à la recherche. Les cours qu'il assure alors sont un soutien moral efficace. La personnalité de Feynman est telle que ces difficultés passent inaperçues, même de ses collègues les plus proches. Comme le décrit Bethe, « Feynman déprimé est à peine plus enthousiaste que n'importe qui dans une phase exubérante ! ». Lorsqu'il parvient à reprendre ses activités, Feynman se consacre à des questions soulevées à la suite de sa thèse, sur la thermodynamique des systèmes en interaction électromagnétique et sur la description d'une particule de spin 1/2 relativiste (particule de Dirac), au moyen d'intégrales de chemins. C'est à cette époque qu'il commence à utiliser des graphes – célèbres et devenus indispensables dans le monde des physiciens – comme aide mnémonique dans ses démonstrations lorsqu'il lui est nécessaire de recourir à la théorie des perturbations.

Feynman participe, à Shelter Island, en juin 1947, à l'une des rencontres de physiciens les plus importantes de l'après-guerre. Au retour de cette conférence, Bethe parvient à expliquer le « déplacement Lamb » entre les niveaux excités de l'atome d'hydrogène ; il s'agit là du premier calcul, encore non relativiste, d'un effet d'électrodynamique quantique au-delà du premier ordre de perturbation et avec la soustraction d'une quantité infinie. Passionné par le calcul relativiste de cet effet, Feynman se lance en fait dans une refonte globale de l'électrodynamique quantique. Lors de la conférence de Pocono d'avril 1948, il est en mesure de présenter tout à la fois : sa théorie du positon, des expressions élégantes pour les amplitudes de transition, des règles pour le calcul de celles-ci à chaque ordre de perturbation et qui se résument simplement par des diagrammes (toujours ces fameux graphes de Feynman) et, enfin, des méthodes de coupure invariantes relativistes qui permettent de se débarrasser des divergences qui affectent certaines intégrales. Mais Feynman termine son exposé sur un sentiment d'échec. Encore moins que Julian Schwinger, qui l'a précédé en donnant une présentation très mathématique de sa propre méthode, Feynman n'est parvenu à convaincre son auditoire que son analyse est justifiée par les résultats corrects qu'il en obtient. À vrai dire, Feynman et Schwinger eux-mêmes sont incapables de comprendre mutuellement leurs théories ! Pour remédier à ces difficultés de communication, Feynman se plonge dans un travail intensif de rédaction de ses deux articles fondamentaux sur la théorie des positons et sur l'électrodynamique quantique du point de vue spatio-temporel à l'automne de 1948.

Lors de la réunion de l'American Physical Society de janvier 1949, Feynman prend conscience de la réelle puissance de sa méthode de calcul. Pourtant, bien qu'il dispose selon ses désirs d'un algorithme complet, y compris pour soustraire les divergences, il restera toujours insatisfait de la présence même de celles-ci. Pour cette raison, il n'estimera jamais avoir vraiment résolu son problème et il ne cessera d'espérer parvenir un jour à bâtir une théorie exempte d'infinis.

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Théorie électro-faible - crédits : Encyclopædia Universalis France

Théorie électro-faible

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Écrit par

  • : maître de conférences au Laboratoire de physique théorique et hautes énergies de l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Alain LAVERNE. FEYNMAN RICHARD PHILLIPS (1918-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Autres références

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 6 931 mots
    • 4 médias
    ...négative, invisible, qui ne se manifeste que par d'éventuels trous. Plus tard, les travaux de Pauli et Weisskopf (1934), Stückelberg (1941) et Richard Feynman (1948) aboutissent à l'interprétation de Feynman-Stückelberg des solutions d'énergie négative. L'explication de Feynman est qu'une solution d'énergie...
  • CHAMPS THÉORIE DES

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 4 463 mots
    • 1 média
    ...qu'un tel calcul est perturbatif car chaque amélioration peut se considérer comme une « petite » perturbation ajoutée au résultat obtenu précédemment. Richard Feynman (1918-1988) a inventé en 1949 la représentation imagée de cette méthode de calcul ; les diagrammes de Feynman représentent les électrons...
  • FINALITÉ

    • Écrit par Raymond RUYER
    • 6 624 mots
    Plus spécialement, les symétries en miroir peuvent être temporelle. Dans les schémas de Feynman, l'électron positif, antiparticule de l'électron ordinaire, peut être considéré comme un électron remontant le temps ; l'arrivée d'une particule est équivalente à l'émission de son antiparticule. Les réactions...
  • FORMULATION DE L'ÉLECTRODYNAMIQUE QUANTIQUE

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 122 mots

    La procédure de « renormalisation » proposée indépendamment en 1948 par le Japonais Shinichiro Tomonaga et les Américains Richard Feynman et Julian Schwinger résout de façon extrêmement ingénieuse une difficulté majeure de la théorie quantique de l'électromagnétisme et lui...

Voir aussi