Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RÉGRESSION, psychologie et psychanalyse

En psychologie expérimentale, le terme de régression désigne le processus par lequel, dans certaines circonstances (situations conflictuelles ou anxiogènes, hypnose), le comportement qui est habituel dans une situation donnée fait place à un comportement qui est caractéristique d'un stade de développement antérieur ou correspondant à un répertoire d'activités acquises dans le passé de l'individu, mais remplacées progressivement par des activités plus adaptées.

La notion de régression est liée à l'idée d'une hiérarchie des instances contrôlant les différents niveaux d'activité : elle correspond alors au processus par lequel le contrôle de l'activité est transféré d'une instance supérieure à une instance inférieure.

Le terme de régression a été utilisé par Freud, notamment à propos du rêve, pour expliquer trois processus différents : retour des désirs infantiles (régression temporelle) ; mode de pensée rompant avec les cadres logiques de la pensée de veille (régression formelle) ; passage de la pensée à l'évocation imaginaire, quasi hallucinatoire (régression topique).

Dans la pratique, on se réfère surtout aux deux premières acceptions du terme. La régression temporelle définit toutes les formes que peut revêtir le retour, chez l'adulte, de sentiments et d'attitudes infantiles. Il existe une régression temporelle normale (jeux, laisser-aller, soumission au chagrin ou à la maladie) et une régression temporelle pathologique (retour au stade anal dans la névrose obsessionnelle, régression narcissique dans l'auto-érotisme). La régression temporelle est un des éléments déterminants du processus analytique. La régression formelle définit un mode de pensée qui ne s'embarrasse pas des cadres logiques, mais laisse les idées, les images se succéder au gré des associations (ressemblances, coïncidence dans le temps, rapport affectif). Le monde de la rêverie, voire du rêve, prend le pas sur les cadres sociaux ; les effets des désirs et des craintes sur ceux de la réalité. Il existe une régression formelle normale (rêverie, pensée non dirigée, création artistique) et pathologique (psychoses, états toxiques). La régression formelle rapproche la pensée consciente des représentations issues de l'inconscient. Elle est une condition indispensable pour que s'établisse un processus analytique au cours de la cure. Le transfert qui s'établit au cours d'une psychanalyse est en grande partie la conséquence d'une double régression, temporelle et formelle.

— Jean-François RICHARD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-François RICHARD. RÉGRESSION, psychologie et psychanalyse [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DEUIL

    • Écrit par Sylvie METAIS
    • 1 340 mots
    • 1 média

    Dans le langage courant, le mot « deuil » renvoie à deux significations. Est appelé deuil l'état affectif douloureux provoqué par la mort d'un être aimé. Mais deuil signifie tout autant la période de douleurs et de chagrins qui suit cette disparition. Le deuil est donc constitutif d'une...

  • FERENCZI SANDOR (1873-1933)

    • Écrit par Catherine CLÉMENT
    • 916 mots
    • 1 média

    Le plus connu des psychanalystes d'origine hongroise, Sandor Ferenczi eut pour élèves Gezà Roheim, le premier ethnologue psychanalyste, et Melanie Klein, la grande théoricienne de la psychanalyse des enfants : ils constituèrent ce « foyer de l'école hongroise aux brandons maintenant dispersés...

  • FOULE

    • Écrit par André AKOUN
    • 849 mots

    Que la question de la psychologie des foules ne soit apparue qu'au xixe siècle s'explique peut-être par le fait qu'avec les sociétés industrielles nous voyons se développer le phénomène de l'entrée des masses dans la vie publique, l'intervention du nombre comme facteur politique, le poids...

  • FRUSTRATION

    • Écrit par Jacques NASSIF
    • 7 781 mots
    Mais ce chemin de la régression présente à la libido des objets incompatibles avec ce qu'est devenu le moi, et c'est à partir de ce conflit que naît le symptôme. Or cette donnée d'arrivée peut être, au contraire, dans un autre type de déclenchement, la donnée de départ : « Là, remarque Freud,...
  • Afficher les 10 références

Voir aussi