REFOULEMENT
Le refoulement dans les diverses affections
Dans l' hystérie de conversion, le refoulement est constamment à l'œuvre : « Le contenu représentatif du représentant pulsionnel est radicalement soustrait à la conscience ; comme formation de substitut et, en même temps, comme symptôme, une innervation très forte, somatique dans les cas typiques, de nature tantôt sensorielle, tantôt motrice, soit excitation, soit inhibition. » C'est une innervation somatique qui constitue le contre-investissement. Peut-on dire que le refoulement est réussi dans l'hystérie de conversion ? Oui, si l'on considère le destin du quantum d'affect, dont la disparition est souvent complète (« la belle indifférence des hystériques »). Non, si l'on considère l'importance des formations de substitut mises en œuvre : le refoulement, en effet, ne se fait pas une fois pour toutes, mais nécessite un travail constant. On conçoit donc, dans le cas de l'hystérique, où le symptôme sollicite sans trêve le concours de l'autre, que le confort ou l'inconfort qu'il apporte dépende essentiellement des circonstances de l'existence, notamment de la tolérance de l'entourage au symptôme.
Dans la névrose obsessionnelle, le contre-investissement se situe essentiellement au niveau des « formations réactionnelles » (par exemple, une propreté excessive au lieu et place d'une tendance à la saleté ; la pitié envers les semblables masquant l'agressivité). Ces formations réactionnelles vont certes masquer l'affect, mais en raison de l'ambivalence qui a présidé à leur formation. C'est cette même ambivalence qui permet que ce soit au niveau de la formation réactionnelle que le refoulé fasse retour, de nouvelles tentatives de refoulement devenant alors nécessaires, qui, par déplacements successifs des représentations à écarter, vont porter le conflit obsessionnel sur des représentations de plus en plus éloignées et de caractère apparemment anodin. La lutte n'en continue donc pas moins sans fin et sans grand succès.
L'hystérie d' angoisse, ou névrose phobique, montre fort bien la constance du travail du refoulement et sa liaison avec l'étendue du contre-investissement. Dans un premier temps, l'affect est déplacé sur une représentation substitutive (un animal, par exemple), qui limite donc le champ d'apparition de l'angoisse. Mais « le processus de refoulement [...] n'est pas encore terminé ! Il se trouve un autre but dans la tâche qui consiste à inhiber le développement d'angoisse émanant du substitut [...]. L'ensemble de l'environnement associé à la représentation substitutive est investi avec une particulière intensité [...] et, à chaque accroissement de l'excitation pulsionnelle, le rempart protecteur entourant la représentation substitutive doit être avancé un peu plus [...]. Si l'on considère le processus dans son ensemble, on peut dire qu'une nouvelle phase va répéter le travail de la précédente sur une plus grande échelle. Le système conscient se protège maintenant contre l'activation de la représentation substitutive par le contre-investissement de l'environnement. » Là encore, on conçoit que c'est à l'épreuve de la vie que va se mesurer ou non la réussite du refoulement.
Dans les psychoses, par contre, il est très difficile de se représenter en quoi peut consister l'opération du refoulement. Les représentations de mots ne s'y distinguent pas, en effet, des représentations de choses ; ou, plus exactement, elles s'offrent à l'observation clinique comme si elles étaient des représentations de choses. On peut donc reprendre la question de Freud : « Le processus appelé ici refoulement a-t-il encore quoi que ce soit de commun avec le refoulement observé dans les névroses de transfert ? » Pour Lacan,[...]
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Écrit par
- Pierre FISZLEWICZ : psychanalyste, membre de l'École freudienne de Paris
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