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PRIMATES FOSSILES

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Hominidae

Naguère, on pensait que les Grands Singes, Orang-outan, Gorille et Chimpanzé, formaient un ensemble naturel, appelé Pongidés (d'après Pongo, l'Orang-outan), séparé de la lignée humaine depuis une époque variant suivant les auteurs entre le Miocène supérieur (10 Ma) et l'Éocène (50 Ma). Les données de la biologie moléculaire sont venues bouleverser cette conception. Aussi bien l'analyse des chromosomes ou des séquences d'acides aminés des protéines que les techniques immunologiques montrent au contraire que l'Orang-outan est le groupe frère (Ponginae) d'un ensemble Grands Singes africains + Homme, qu'on peut appeler Homininae, ces deux sous-familles constituant la famille des Hominidae. Les données biologiques suggèrent que la dichotomie remonte assez loin dans le temps. De vrais Orangs-outans fossiles sont connus dans le Pléistocène (2 Ma au maximum) de Chine et d'Indonésie, mais ils n'éclairent guère son histoire, étant très semblables à l'espèce actuelle.

C'est au voisinage de Pongo qu'on range un Primate énigmatique d'Asie continentale, le Gigantopithèque. Les premières dents furent achetées chez les apothicaires de Hong Kong au début du xxe siècle, parmi les « dents de dragon » censées guérir diverses maladies, mais ce n'est qu'en 1956 que furent mises au jour les premières mandibules ; le crâne et le squelette sont encore presque complètement inconnus. Gigantopithecus, comme son nom l'indique, est de très grande taille : l'espèce du Pléistocène de Chine (environ 1 Ma) est le plus grand Primate ayant jamais existé, tandis que celle du Miocène supérieur du Pakistan était déjà de même taille que le Gorille. Sa dentition est très particulière. Les dents jugales (prémolaires et molaires) sont grandes et robustes, mais les incisives et canines, très petites, sont comprimées les unes contre les autres. La première prémolaire inférieure a perdu sa fonction sectoriale, et même la canine est incorporée dans le segment broyeur de la dentition. C'est une adaptation à un régime alimentaire à base de végétaux durs, herbes ou graines, impliquant une préparation manuelle (nettoyage, décorticage, etc.) mais un minimum d'usage des dents antérieures. Son mode de vie terrestre était donc radicalement différent de celui de l'Orang-outan, mais on l'en rapproche car ils dérivent sans doute tous deux d'un genre indo-pakistanais, Sivapithecus.

Sivapithecus, dont le prétendu Ramapithecus n'est que la femelle, vieux de 7 à 12 Ma, a longtemps été rapproché de l'Homme et de ses cousins Australopithèques car il possède une mâchoire robuste, des canines et P/3 plutôt basses, et un émail épais. On tend plutôt aujourd'hui à penser que tous ces caractères, qui sont liés à une alimentation à base de végétaux durs, sont soit primitifs, soit apparus par parallélisme dans les deux groupes. En effet, la face du Sivapithèque montre sans conteste sa proche parenté avec l'Orang-outan (incisives centrales beaucoup plus larges que les latérales et très proclives, canines divergentes, orbites hautes, ovales et proches l'une de l'autre, pas de sinus frontal ni de bourrelet sus-orbitaire), et il n'est donc guère douteux que la divergence entre Ponginae (Pongo, Sivapithecus, probablement Gigantopithecus, et peut-être Lufengpithecus de Chine) et Homininae date d'au moins 12 Ma. Quelles sont donc les formes fossiles anciennes qu'on peut rattacher à cette deuxième sous-famille, qui comprend au moins le Gorille, le Chimpanzé, les Australopithèques et l'Homme (G.C.A.H.) ?

Il faut tout d'abord noter que la période cruciale du Miocène supérieur (11 à 6 Ma environ) est très mal représentée en Afrique (un seul maxillaire des Samburu Hills au Kenya, âgé d'environ 8 à 9 Ma pourrait être[...]

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Pour citer cet article

Denis GERAADS. PRIMATES FOSSILES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Média

Phylogénie simplifiée des primates - crédits : Encyclopædia Universalis France

Phylogénie simplifiée des primates

Autres références

  • COPPENS YVES (1934-2022)

    • Écrit par
    • 2 313 mots
    • 2 médias
    ...d'affirmer, vingt années plus tard, que « l'Homme est africain, descendant d'un singe africain ». C'est au Tchad, en effet, qu'Yves Coppens met au jour le plus vieil hominidé alors connu au centre de l'Afrique et au Sahara, qu'il nomme Tchadanthropusuxoris. Jalon important dans l'histoire des...
  • LARTET ÉDOUARD (1801-1871)

    • Écrit par
    • 841 mots
    • 1 média

    Paléontologue et préhistorien français, Édouard Lartet est connu pour avoir notamment découvert le premier singe fossile en 1836 (Pliopithecusantiquus), cette mise au jour venant à cette époque contredire les thèses de Georges Cuvier (1769-1832) pour qui les singes fossiles n’existaient...