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PRÉDELLE

Panneau inférieur du tableau d'autel, divisé en plusieurs compartiments peints ou sculptés, la prédelle est un élément important du retable, spécialement en Italie ou dans les régions influencées par l'art italien. Les vicissitudes subies par les œuvres d'art au cours des siècles, le mépris — ou l'intérêt — qu'elles ont suscité, ont amené le démembrement de nombreux retables dont les panneaux ont été dispersés, perdus, ou recueillis avidement par des amateurs plus ou moins scrupuleux. Il en résulte qu'on a analysé longtemps comme des œuvres distinctes bien des petites peintures qui sont, en réalité, des fragments d'importants ensembles dont il faut les rapprocher pour restituer leur valeur esthétique et aussi, bien souvent, pour comprendre leur signification iconographique ; les sujets traités sur les prédelles répondent, en effet, au thème principal représenté sur le panneau central et sur les volets de la pala ou du polyptyque : épisodes de l'Ancien ou du Nouveau Testament, scènes de la Passion, vie et miracles des saints. Un premier exemple, le retable exécuté par Pietro Lorenzetti pour l'église du Carmine à Sienne (1328-1329), fait comprendre les problèmes posés par leur reconstitution. Le panneau central représente la Vierge à l'Enfant entre saint Nicolas de Bari et le prophète Élie, accompagnés par quatre anges. La prédelle évoque des épisodes de l'histoire des Carmes. Le retable a été démembré au xvie siècle, et le panneau central transféré dans l'oratoire de la Compagnie de saint Ansano, à Dofano dans la commune de Castelnuovo Berardenga, avec l'élément de prédelle correspondant. Celui-ci fut alors repeint : trois scènes de la vie de saint Ansano remplacèrent l'histoire des Carmes, tandis que, sur le panneau central, saint Antoine abbé remplaçait Élie. En 1936, une restauration permit de restituer le prophète et les carmes. En 1954, on retrouva, à la pinacothèque de Sienne, les quatre autres compartiments de la prédelle et deux des panneaux supérieurs (deux autres sont dans la collection Rabinowitz ; deux autres sont perdus ou attendent leur identification). Citons encore le retable de Santa Lucia dei Magnoli, de Domenico Veneziano (env. 1445), dont le panneau central (la Vierge à l'Enfant en trône entre saint François, saint Jean-Baptiste, saint Zénobe et sainte Lucie) est aux Offices, tandis que les panneaux de la prédelle sont dispersés entre Washington (Saint François recevant les stigmates ; Saint Jean au désert), Cambridge, Mass. (Annonciation, Miracle de saint Zénobe) et Berlin (Martyre de sainte Lucie) ; et, pour finir, le triptyque de saint Zénon de Vérone, par Mantegna (1457-1458), dont la prédelle (scènes de la Passion) est au musée de Tours. Bien des ensembles, célèbres ou non, sont, heureusement, demeurés intacts ; bien d'autres seront encore reconstitués grâce aux recherches des spécialistes, qui rendront leur « état civil » à nombre de ces petites peintures particulièrement attachantes parce que traitées généralement dans un style plus pittoresque, plus libre que les grands panneaux qu'elles accompagnaient.

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

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Classification

Pour citer cet article

Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE. PRÉDELLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOTTICELLI SANDRO (1445-1510)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 4 438 mots
    • 8 médias
    Les prédelles accompagnant les grandes compositions religieuses offrent une simplicité de conception, une vivacité expressive qui subsistent malgré l'intervention fréquente des élèves. La prédelle du tableau de San Barnaba associe la fine grisaille d'un Christ au tombeau à des petites...
  • DE' ROBERTI ERCOLE (1450 env.-1496)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 481 mots
    • 1 média

    Formé avec Francesco Del Cossa près de Cosme Tura à Ferrare, Ercole De' Roberti fait comme lui ses débuts au palais Schifanoia, dans la salle des Mois. Travaillant, dans la plupart des cas, sur des dessins de Tura, les deux disciples élaborent leur propre manière en développant, dans des...

  • MANTEGNA ANDREA (1431-1506)

    • Écrit par Pietro ZAMPETTI
    • 2 081 mots
    • 6 médias
    ...raccourcis de la perspective, à la violence chromatique, à la raideur dédaigneuse des personnages enfermés dans leur monde pétrifié. Dans les scènes de la prédelle du polyptyque (La Prière au jardin des Oliviers et La Résurrection qui se trouvent à Tours ; La Crucifixionqui est au musée du Louvre),...
  • RETABLE

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 1 102 mots
    • 3 médias

    À l'origine, le retable était un simple rebord situé à l'arrière de l'autel où l'on posait les objets liturgiques. Puis l'habitude se développa d'y placer des reliques et des images vénérables. Le retable devient, au Moyen Âge, un véritable écran de pierre, de bois sculpté ou de matières...

Voir aussi