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DE' ROBERTI ERCOLE (1450 env.-1496)

<it>Pietà</it>, E. de Roberti - crédits :  Bridgeman Images

Pietà, E. de Roberti

Formé avec Francesco Del Cossa près de Cosme Tura à Ferrare, Ercole De' Roberti fait comme lui ses débuts au palais Schifanoia, dans la salle des Mois. Travaillant, dans la plupart des cas, sur des dessins de Tura, les deux disciples élaborent leur propre manière en développant, dans des directions différentes, le style de leur maître commun ; la fermeté quasi sculpturale de celui-ci, sa curiosité pour les formes bizarres, pour les contours aigus, les matières dures et luisantes, dont Cossa retient surtout la plasticité, suggèrent à Roberti des jeux graphiques effrénés, mais souvent d'une singulière élégance. On peut reconnaître sa main, et ses obsessions, dans les figures tendues, crispées, vues parfois en raccourcis saisissants, qui symbolisent les décans des mois de juillet, d'août, et de septembre, ainsi que dans l'ensemble des compositions évoquant le mois de septembre : la zone supérieure montre le char de La Luxure tiré par des singes, Mars et Vénus enlacés dans un linceul blanc, la Forge de Vulcain, où les cyclopes vêtus de courtes tuniques transparentes façonnent l'airain des cuirasses à coups de marteau fracassants. Dans la partie basse, assez endommagée, Borso d'Este reçoit un ambassadeur puis part pour la chasse, tandis que ses sujets s'activent aux vendanges.

La collaboration de Cossa et de Roberti se poursuit à Bologne : Ercole y peint la prédelle de la Pala Griffoni (panneaux conservés au musée du Vatican), où il multiplie les architectures fantastiques, les silhouettes insolites, les chevelures soulevées par le vent, les étoffes aux plis cassés, enroulés, bouillonnants. Avec la Pala de Ravenne (musée Brera, Milan) et la Pala de San Lazzaro (musée de Berlin, œuvre détruite en 1945), le Ferrarais montre qu'il a assimilé plus intensément que les Vénitiens eux-mêmes la révolution picturale déterminée par la rencontre d'Antonello de Messine et de Giovanni Bellini, notamment dans la structure spatiale des grands tableaux d'autel. Mais il articule ses ordonnances en éléments plus complexes, plates-formes, arcatures, socles à claire-voie ouverts sur des horizons lointains, dont la superposition laisse cependant toute leur force aux figures, exaltées par cette amplification de l'espace où elles se détachent. Roberti joue donc un rôle important à Bologne, en intégrant l'art ferrarais à l'évolution décisive qui s'accomplit alors dans la peinture italienne. Son influence fut immédiate, même sur les miniaturistes. Et le jeune Michel-Ange, voyant en 1494 ses fresques (détruites) de la chapelle Garganelli à San Pietro de Bologne, déclarait que, pour lui, cet ouvrage « valait la moitié de Rome ».

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

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Pour citer cet article

Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE. DE' ROBERTI ERCOLE (1450 env.-1496) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Pietà</it>, E. de Roberti - crédits :  Bridgeman Images

Pietà, E. de Roberti

Autres références

  • COSSA FRANCESCO DEL (1436 env.-env. 1478)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 770 mots

    Avec Ercole De' Roberti (Ercole da Ferrara) et Cosme Tura, Francesco del Cossa est l'une des personnalités marquantes de l'école brillante et singulière qui se développe à Ferrare grâce à l'impulsion donnée aux arts et à la culture par Lionello, puis par Borso d'Este....

Voir aussi