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VENEZIANO DOMENICO (1400 env.-1461)

Peintre vénitien. On ne sait quand Domenico quitta sa ville natale ni quels maîtres il y avait eus. C'est de Pérouse qu'il vint à Florence, en 1439, pour décorer le chœur de Sant'Egidio, avec divers collaborateurs, parmi lesquels Piero della Francesca. La destruction de ces fresques et de celles qu'il avait peintes auparavant chez les Baglione à Pérouse nous prive de précieux points de repère sur cette période de sa carrière. L'une de ses premières œuvres conservées est probablement L'Adoration des Mages (musée de Berlin). Elle montre, par l'élégance précieuse des costumes, par la stature des chevaux, que Domenico a connu les œuvres de Pisanello. Le paysage détaillé en profondeur doit peut-être aux Flamands. Mais la clarté radieuse de la composition, exaltant et accordant les couleurs, lui appartient en propre. L'unique peinture signée de Domenico, le Retable de Santa Lucia dei Magnoli (musée des Offices, prédelle dispersée entre les musées de Berlin, de Cambridge dans le Massachusetts et de Washington), est baignée aussi d'une luminosité claire, mais dans un espace architectural largement équilibré par la perspective d'un portique et d'une exèdre à ciel ouvert qui laisse passer en oblique les rayons du soleil. Les figures de saint François, de saint Jean-Baptiste, de saint Zénobe et de sainte Lucie, placées de part et d'autre de la Vierge à l'Enfant, révèlent en outre, dans les traits du visage et par leur attitude même, une intuition psychologique, un sentiment de l'individualité des êtres, qui font de cette composition tout autre chose qu'un jeu habile de couleurs et de lumière. Le Saint François et le Saint Jean-Baptiste de Santa Croce poussent plus loin encore cette intensité spirituelle. Domenico Veneziano aurait, selon Vasari, introduit en Toscane la technique de la peinture à l'huile. L'opposant à Andrea del Castagno, Vasari fait de lui un doux rêveur, choyé par les Florentins, donnant la sérénade aux Florentines et finalement assassiné par son rival. En réalité, Cennino Cennini traite déjà de la peinture à l'huile dans son Libro dell'arte, rédigé entre 1390 et 1400, et Castagno est mort quatre ans avant Domenico. La légende pourtant reflète une réalité, les réactions contraires qui s'affirment alors dans la peinture florentine, à partir du grand exemple de Masaccio ; de fait, la réaction des dessinateurs, à laquelle se rattache, après Uccello, Andrea del Castagno, s'oppose à celle des coloristes dont Fra Angelico est le premier représentant et Veneziano le plus accompli. Mais celui-ci est suffisamment peintre et suffisamment ouvert pour ne pas négliger l'exemple d'Uccello. C'est ce qui explique que Piero della Francesca et, avec moins de grandeur, Baldovinetti aient trouvé leur point de départ dans l'art de Domenico Veneziano.

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

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Pour citer cet article

Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE. VENEZIANO DOMENICO (1400 env.-1461) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BALDOVINETTI ALESSO ou ALESSIO (1425-1499)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 488 mots

    L'art de Baldovinetti constitue un point de rencontre entre les deux tendances qui s'étaient affirmées dans la peinture florentine de la génération précédente, celle des coloristes et celle des dessinateurs. Il se rattache plus profondément au premier groupe, à Domenico...

Voir aussi