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PHÉNOTYPE

Pénétrance et expressivité

Contrairement à ce qui a été vu précédemment, à un génotype déterminé ne correspond pas toujours un phénotype unique.

Certains gènes se comportent comme s'ils étaient, par rapport à un allèle déterminé, dominants chez certains individus, récessifs chez d'autres. Chez l'homme, la polydactylie (présence de doigts surnuméraires) est déterminée par un gène dominant : cela se traduit par le fait que tout individu atteint a au moins un parent atteint. Mais il arrive, dans certaines familles chez lesquelles sévit cette anomalie, que le caractère « saute » une génération : un individu atteint est issu de deux parents sains, mais l'un de ses grands-parents est atteint. Il faut admettre que l'un des parents possède, à l'état hétérozygote, le gène responsable, sans présenter l'anomalie : chez cet individu exceptionnel, le gène, normalement dominant, se présente comme s'il était récessif. On dit de tels gènes qu'ils ont une pénétrance incomplète. Les faits de pénétrance incomplète semblent relativement fréquents dans l'espèce humaine.

D'autres gènes, récessifs, ne produisent pas, lorsqu'ils sont à l'état homozygote, le même phénotype chez tous les individus. Chez la souris, le caractère « queue tordue » est déterminé par un gène récessif f ; toutefois, dans une race pure pour le caractère, donc constituée exclusivement d'homozygotes ff, environ 1 p. 100 des individus présentent une queue normale. Le gène f ne s'exprime donc pas chez tous : on dit que son expressivité est variable. C'est aussi le cas, toujours chez la souris, d'un gène my qui détermine chez les homozygotes my my toute une série d'anomalies portant sur le cerveau, les yeux, les reins, les membres, etc. ; certains individus présentent des anomalies du cerveau, d'autres des anomalies des yeux, etc., mais aucun ne présente toutes les anomalies possibles : le gène my ne s'exprime pas toujours de la même façon.

Pénétrance incomplète et expressivité variable sont des phénomènes qui, dans certains cas, peuvent être compris en tenant compte du fait que le phénotype est le résultat non seulement de la collaboration des gènes chromosomiques, mais encore de leur collaboration et de leurs interactions avec le matériel génétique non chromosomique et avec le milieu extérieur. Dans d'autres cas, il faut penser qu'ils ne font que traduire notre ignorance du déterminisme génétique précis d'un caractère : tel caractère semble déterminé par un seul gène, mais en réalité il existe un gène, connu, dont l'effet sur ce caractère est prépondérant (c'est un gène majeur) et d'autres gènes, d'effets individuels faibles, qui agissent sur l'expressivité du précédent (ce sont des modificateurs).

— Jean GÉNERMONT

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Classification

Pour citer cet article

Jean GÉNERMONT. PHÉNOTYPE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Caractère quantitatif à dominance incomplète - crédits : Encyclopædia Universalis France

Caractère quantitatif à dominance incomplète

Autres références

  • GÉNOTYPE / PHÉNOTYPE, notion de

    • Écrit par Thomas HEAMS
    • 1 379 mots

    La distinction entre génotype et phénotype remonte au début du xxe siècle. Elle a été introduite par le généticien et botaniste danois Wilhelm Johannsen en 1909, qui avait d'ailleurs forgé le mot « gène » la même année. Le phénotype représente un caractère observable (les yeux bleus, par exemple),...

  • MÉIOSE

    • Écrit par Marguerite PICARD, Denise ZICKLER
    • 4 645 mots
    • 7 médias
    ...corps sauvage (brun) ou un corps noir ? Trois cas peuvent se présenter. Si l'hétérozygote (F1) présente le caractère sauvage (on dit qu'il a le phénotype sauvage), cela signifie que le gène b+ est dominant sur son allèle b (et que celui-ci est récessif par rapport à son allèle sauvage). Si...
  • ANTIBIORÉSISTANCE

    • Écrit par Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER, Marie-Cécile PLOY
    • 5 907 mots
    • 4 médias
    ...manifeste (phénotypique) de la bactérie et est donc une propriété propre de cette dernière. Lorsque la résistance repose sur l’action d’une seule enzyme, son phénotype prend le nom de l’antibiotique suivi du suffixe -ase, qui désigne le fait que l’enzyme clive l’antibiotique en question et l’inactive (en particulier...
  • DENISOVA HOMMES DE ou DÉNISOVIENS

    • Écrit par Bruno MAUREILLE
    • 3 823 mots
    • 4 médias
    Le phénotype des Dénisoviens, c’est-à-dire ses caractères morphologiques déduits de vestiges osseux et dentaires, est peu connu car les restes sont peu nombreux ou fragmentaires. On avait toutefois observé les très grandes dimensions des deux molaires permanentes, avec pour l’une des racines puissantes...
  • DÉVELOPPEMENT, biologie

    • Écrit par Georges DUCREUX, Hervé LE GUYADER, Jean-Claude ROLAND
    • 19 221 mots
    • 14 médias
    ...des altérations importantes de l'embryogenèse ont été systématiquement recherchés. Pour des raisons évidentes de facilité technique, la détection des phénotypes est d'abord réalisée sur les germinations par observation de défauts importants dans leur organisation spatiale, pour être ensuite rapportée...
  • Afficher les 20 références

Voir aussi