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PARAGUAY

Nom officiel

République du Paraguay (PY)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Mario Abdo Benítez (depuis le 15 août 2018)

      Capitale

      Asunción

        Langues officielles

        Espagnol, guarani

          Unité monétaire

          Guarani (PYG)

            Population (estim.) 7 556 000 (2023)
              Superficie 406 752 km²

                Histoire

                Autocratie et nationalisme

                L'isolement géographique de la ville d' Asunción à l'intérieur du continent (fondée en 1537, elle avait pour devise « le lieu de refuge et de repos »), dans une région dépourvue de métaux précieux, obligea le conquérant à s'établir comme colon. Il utilisa la main-d'œuvre locale, les Guaranis, et en particulier les femmes, cultivatrices et fileuses. Le rapide métissage de l'ancienne population paraguayenne contribua à la naissance d'un sentiment d'identité régionale-nationale, ce qui fut facilité par la survivance de la langue guarani. L'expérience des jésuites et d'autres ordres religieux, au pouvoir autocratique, renforça le tempérament indépendantiste des masses paraguayennes. Aussi l'indépendance nationale fut-elle obtenue, en 1811, d'une façon pour ainsi dire naturelle, comme affirmation de l'identité nationale non seulement face à l'Espagne, mais aussi face à Buenos Aires, capitale de la vice-royauté de Río de la Plata, à laquelle appartenait la province du Paraguay.

                Dès l'ébauche des premiers mouvements en faveur de l'émancipation se détacha la figure de Rodríguez de Francia qui, en 1814, réussit à se faire nommer dictateur à titre temporaire, puis, en 1817, dictateur à vie. Jusqu'en 1840, année de sa mort, Francia gouverna le pays en autocrate. Ce personnage bizarre, aux aspects contradictoires, se comporta d'une part en obscurantiste en fermant le pays et en lui imposant des restrictions dans le domaine culturel, d'autre part en défenseur fanatique de l'indépendance politique et économique, en mystique du bien public. D'une honnêteté absolue, qualité rare chez les caudillos latino-américains de l'époque, son plus grand désir fut d'assurer au pays une autonomie totale. L'isolement rigoureux auquel il le soumit d'une part lui permit de mener à bien sa politique face aux autres pays et de le libérer de l'emprise colonialiste, principalement celle de l'Angleterre qui, à cette époque, régnait sur les pays du Río de la Plata, d'autre part favorisa une économie apte à satisfaire les besoins de la consommation intérieure. Coupé du reste du monde, le Paraguay se suffit à lui-même.

                Cette situation d'indépendance économique au sein d'un système autocratique continua sous le gouvernement de Carlos Antonio López. Contrairement à son prédécesseur, López fut un civilisateur, un despote éclairé, qui ouvrit le pays au monde extérieur. Il engagea des techniciens étrangers, envoya des boursiers en Europe, développa l'industrie, intensifia le commerce, créa une flotte marchande et le premier réseau ferroviaire d'Amérique du Sud.

                Guerre d'extermination et reconstruction

                À sa mort, son fils aîné, le général Francisco Solano López, lui succéda à la présidence de la République (1862). De nature impulsive, il ne ménagea pas ses puissants voisins, désireux de voir disparaître ce petit pays dont la farouche volonté d'indépendance constituait une gêne constante. Promu maréchal, il apparaît – par erreur historique – comme l'initiateur de la guerre de la triple alliance que soutint le Paraguay contre trois puissances voisines : l' Argentine, le Brésil et l' Uruguay. Cette guerre d'extermination dura cinq ans, de 1864 à 1870, et ne prit fin qu'avec la mort du maréchal López et, pour ainsi dire, celle du pays : 65 % de la population fut exterminée, dont 85 % des hommes. Le Paraguay ne dut la sauvegarde de son existence qu'à la rivalité qui s'instaura au moment du partage entre les deux principales puissances alliées.

                La reconstruction du pays fut très difficile, d'autant plus qu'au début il était occupé par l'armée brésilienne. En 1870 fut promulguée la première Constitution, de type libéral, qui servit[...]

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                Écrit par

                • : ambassadeur du Paraguay en France, écrivain
                • : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
                • : directeur de recherche en science politique à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
                • : docteur en géographie, chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement

                Classification

                Pour citer cet article

                Rubén BAREIRO-SAGUIER, Encyclopædia Universalis, Renée FREGOSI et Sylvain SOUCHAUD. PARAGUAY [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Article mis en ligne le et modifié le 29/03/2023

                Médias

                Paraguay : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Paraguay : drapeau

                Paraguay : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Paraguay : carte physique

                Paraguay : milieux naturels - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Paraguay : milieux naturels

                Autres références

                • PARAGUAY, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • AMÉRIQUE LATINE - Rapports entre Églises et États

                  • Écrit par
                  • 6 741 mots
                  • 2 médias
                  ...jusqu'à l'avènement de la république en 1889. D'autres gouvernements ont imposé à une papauté débordée la soumission de l'Église à l'autorité de l'État. José Gaspar Rodriguez de Francia, dictateur suprême de la république du Paraguay, docteur en théologie, imposait dès 1814 un serment de fidélité au clergé....
                • ASUNCIÓN, Paraguay

                  • Écrit par
                  • 346 mots
                  • 2 médias

                  Asunción, capitale du Paraguay fondée en 1537, est située au centre du pays, sur la rive gauche de la rivière Paraguay. Jusqu'aux années 1980, elle a été à la base de l'organisation territoriale du pays, alimentant les vagues successives de colonisation en cercles concentriques autour de la ville sur...

                • BRÉSIL - La conquête de l'indépendance nationale

                  • Écrit par
                  • 6 217 mots
                  • 4 médias
                  La guerre du Paraguay dura de 1865 à 1870. Sous le gouvernement du caudillo Solano Lopez, le Paraguay, fort d'une armée de 80 000 hommes, réussit à dresser contre lui le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay. La guerre fut dure, gênée par la difficulté des communications. Malgré la brillante...
                • CHACO

                  • Écrit par et
                  • 2 814 mots
                  • 2 médias
                  ...travers la brousse, les marécages et les forêts du Chaco. Aussi cet ensemble répulsif, à peine parcouru par une trentaine de milliers d'Indiens chasseurs et pêcheurs, est-il partagé symboliquement, au moment de l'indépendance, entre les trois États qui l'encadrent : Bolivie, Paraguay et Argentine.
                • Afficher les 17 références