BRÉSILLa conquête de l'indépendance nationale
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L'indépendance politique acquise par le Brésil, au début du xixe siècle, influe sur sa vie économique. Le roi du Portugal, fuyant Napoléon, se réfugie à Rio en 1808 et ouvre aussitôt les ports brésiliens au commerce extérieur. Le pacte colonial est aboli : désormais, les navires et les produits étrangers entrent librement au Brésil, en échange d'un droit égal à 24 p. 100 de la valeur des marchandises. Le Blocus continental fait que la grande bénéficiaire de cette mesure est l'Angleterre, qui obtient d'ailleurs en 1810 une réduction des droits de douane de 15 p. 100 pour ses marchandises, entre autres avantages. Ce traité de 1810 est un contrat léonin dont le Brésil essaie en vain de limiter les effets par quelques mesures en faveur du commerce portugais et français. Ses conséquences apparaissent vite : déséquilibre de la balance commerciale, ruine de la marine marchande, impossibilité de créer une industrie.
Brésil (1822 ; modif. 1889, 1968 et 1992). Drapeau au champ vert (forêts amazoniennes) marqué d'un grand losange jaune (richesse du sous-sol) au centre duquel se trouve un globe bleu représentant la voûte étoilée (en mai 1992, quatre nouvelles étoiles ont été ajoutées, ce qui porte...
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L'indépendance ne fut proclamée qu'en 1822. Elle achevait de faire du Brésil une colonie économique de l'Angleterre. Cette situation ne cessera qu'avec la Première et surtout la Seconde Guerre mondiale, au cours desquelles les États-Unis reprendront le rôle jusqu'alors tenu par l'Angleterre. À la période de domination britannique correspondent les deux cycles du café, à celle des États-Unis le cycle de l'industrialisation.
L'économie : d'une domination à l'autre
Le café
Premier cycle
Selon la tradition, c'est en 1727 que le premier plant de café fut introduit de Guyane au Brésil. Pendant cinquante ans, le café est presque exclusivement cultivé dans la capitainerie du Pará, mais, en 1761, il s'implante dans celle de Rio. Sa culture se développe d'abord autour de la baie, puis gagne la vallée du Paraíba au nord de la ville, entre la serra do Mar et la serra da Mantiqueira. C'est dans cette vallée, où passent les routes de Rio à Ouro Preto et à São Paulo, que va se développer, au xixe siècle, la première économie caféière du Brésil, encore liée à l'esclavage. L'historien américain Stanley Stein a étudié ce premier cycle du café dans le municipe, assez représentatif, de Vassouras. Très tôt on y trouve deux types d'agriculteurs : de grands fazendeiros, possesseurs de nombreux esclaves, et qui se consacrent à la culture du café, et de petits sitiantes qui pratiquent surtout la culture vivrière.
La récolte du café dans une plantation brésilienne, vers 1750. Assis à l'ombre, un contremaître surveille les ouvriers.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
À l'origine, les fazendas ne disposaient que d'installations assez primitives et le lancement des exploitations exigeait moins de capitaux que la création d'un moulin à sucre. Le café a donc été, comme l'or, une activité plus « démocratique » que la canne. Cependant, une politique de mariages entre fazendeiros conduisit à une concentration de la propriété et de l'exploitation. Entre familles alliées, on n'hésite pas à se prêter de l'argent à titre gratuit, sans compter les prêts hypothécaires ou ceux que font, de Rio, les maisons de commissions, intermédiaires entre les planteurs et les exportateurs. Il s'agit alors de prêts de campagne à 12 ou 18 % garantis par les récoltes. Enfin les banques, après 1850, aident les planteurs, car les capitaux, jusqu'alors utilisés pour le trafic des esclaves, deviennent disponibles après l'abolition de la traite. Ce développement du crédit est particulièrement intéressant pour les grandes fazendas qui s'étaient endettées avant 1850 pour accumuler de grandes réserves d'esclaves, mais néfaste aux petites fazendas qui n'ont pu faire ces réserves.
La culture du café se fait sur brûlis ; l'arbre peut atteindre six mètres de haut et un esclave cueille en moyenne 75 livres de fruits par jour. Le fruit est mis à sécher sur la plate-forme (terreiro) qui s'étend devant la casa grande du fazendeiro. Puis il est écrasé par un engenho de pilões (machine à piler) pour donner la graine qui est triée selon sa taille. Certains fazendeiros, dès 1852, possèdent une machine à vapeur, mais la plupart, jusqu'en 1870, n'utilisent que la force hydraulique.
La production et la surface cultivée n'ont cessé de s'étendre jusqu'en 1860. Après cette date apparaissent déjà des signes de fatigue. Le nombre des esclaves diminue et leur âge moyen augmente. Les sols s'épuisent. Les sitiantes spécialisés dans le [...]
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Écrit par :
- Frédéric MAURO : professeur d'histoire à l'université de Nanterre et à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
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Pour citer l’article
Frédéric MAURO, « BRÉSIL - La conquête de l'indépendance nationale », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/bresil-la-conquete-de-l-independance-nationale/