OPTIQUE Optique non linéaire

L'optique non linéaire est l'ensemble des phénomènes qui résultent de la non-linéarité de la réponse d'un milieu matériel à l'action d'une onde électromagnétique du domaine optique. Elle est une conséquence de l'invention du laser : le premier exemplaire a été construit en 1960 ; la première expérience d'optique non linéaire fut faite en 1961 (génération de second harmonique) ; dès 1962, la plupart des effets de l'optique non linéaire étaient expliqués théoriquement.

Le champ électrique d'une onde électromagnétique polarise tout système matériel. En champ fort, ce qui explique la nécessité de l'emploi du laser, la polarisation induite dévie du régime linéaire valable en champ faible. Certains effets de l'optique non linéaire sont la transposition en optique d'effets déjà connus à plus basse fréquence : génération d'harmoniques, amplification paramétrique. D'autres sont l'équivalent d'effets déjà connus en résonance magnétique nucléaire. Mais certains sont propres à l'optique, comme l'effet Raman stimulé, découvert par hasard. Ce qui est caractéristique de l'optique non linéaire, c'est l'importance du phénomène de propagation.

Susceptibilités non linéaires

Les ondes rencontrées en optique non linéaire sont, en général, assez intenses pour que les champs électromagnétiques puissent être traités classiquement. La quantification du champ n'est nécessaire que pour traiter les processus spontanés (par exemple : luminescence paramétrique, diffusion Raman, etc.) qui initient certains phénomènes de l'optique non linéaire. En revanche, la matière est en général traitée quantiquement. Dans un milieu matériel non chargé et non conducteur, les équations de Maxwell macroscopiques s'écrivent :

E et H sont les champs électriques et magnétiques et où D et B sont les inductions correspondantes. D et B s'expriment sous forme de développements multipolaires :
P, Q, M sont respectivement les densités de moment dipolaire électrique, de moment quadrupolaire électrique et de moment dipolaire magnétique. Bien que les termes quadrupolaire électrique et dipolaire magnétique donnent parfois naissance à des effets intéressants, l'essentiel des phénomènes d'optique non linéaire est dû au terme dipolaire électrique. On négligera donc tous les moments autres que P.

En optique conventionnelle, le champ électrique est suffisamment faible pour que l'on puisse écrire, avec une très bonne approximation, que la densité de polarisation induite est proportionnelle au champ électrique. Lorsque le champ E est plus fort, P peut être décomposé en puissances de E :

où χ(n) est la susceptibilité d'ordre n dont on néglige momentanément le caractère tensoriel. Dans le développement (3), le rapport entre un terme et le terme précédent est de l'ordre de E/Eat, où Eat est le module du champ intra-atomique. Dans un faisceau laser d'une intensité de 100 MW/cm2, E est de l'ordre de 103u.é.s. alors que Eat est de l'ordre de 107 à 108u.é.s.

La réponse de la matière n'étant pas instantanée, il est nécessaire de décomposer E et P en leurs composantes de Fourier. Par exemple, la composante Pμ(2) (ω) de la polarisation au deuxième ordre, à la fréquence ω, s'écrit :

la somme sur α et β étant étendue aux trois composantes x, y et z ; δ est la fonction de Dirac. Le calcul des susceptibilités se fait par la méthode des perturbations. Si le milieu est constitué de systèmes microscopiques (par exemple des atomes), on calcule d'abord les polarisabilités d'un système microscopique. Loin de toute résonance, on obtient ce résultat, dans l'approximation dipolaire électrique :
Pμα désigne toute permutation des couples[...]

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Écrit par

  • Daniel RICARD : docteur en sciences physiques, chargé de recherche au C.N.R.S., laboratoire d'optique quantique de l'École polytechnique, maître de conférences à l'Ecole polytechnique

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Pour citer cet article

Daniel RICARD, « OPTIQUE - Optique non linéaire », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Milieu non linéaire

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Le milieu non linéaire emplit le demi-espace z > 0 ; un milieu linéaire emplit le demi-espace z < 0.…

Représentation de l'équation approchée

Représentation de l'équation approchée

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Géométrie utilisée pour obtenir l'équation (8) ; k est le vecteur d'onde, S le vecteur de Poynting…

Intensité de l'onde harmonique, 1

Intensité de l'onde harmonique, 1

Intensité de l'onde harmonique, 1

S'il n'y a pas adaptation de phase, l'intensité S2 de l'onde harmonique oscille (trait…

Autres références

  • ASHKIN ARTHUR (1922-2020)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 1 118 mots
    • 1 média

    Le physicien américain Arthur Ashkin a reçu le prix Nobel de physique en 2018 pour ses « inventions révolutionnaires dans le domaine de la physique des lasers ».

    Né le 2 septembre 1922 à New York, au sein d’une famille d’origine juive ukrainienne, Ashkin a passé sa jeunesse dans le quartier...

  • BABINET THÉORÈME DE

    • Écrit par Josette CACHELOU
    • 144 mots

    Considérons une source lumineuse ponctuelle A dont un système optique donne une image ponctuelle A′. Limitons maintenant l'ouverture du système soit par un écran percé d'un petit trou T, soit par l'écran complémentaire E, c'est-à-dire ayant la forme du trou T. Autour de A′, dans une région normalement...

  • CHAMBRE NOIRE ou CHAMBRE OPTIQUE, reproduction graphique

    • Écrit par Jean RUDEL
    • 447 mots

    L'invention de la camera oscura (chambre obscure dite aussi chambre noire) comme moyen de reproduction d'une image et son exploitation perspective remonte à des temps très anciens. Déjà Aristote, dans ses Problematica avait fait remarquer que les rayons passant par une ouverture...

  • CINÉMASCOPE

    • Écrit par Victor BACHY
    • 211 mots

    Le premier des procédés de film large projeté sur grand écran qui ait connu un grand succès commercial (La Tunique, de H. Koster, 1953).

    Le Cinémascope est fondé sur un procédé optique très ancien, l'anamorphose, qui, par un jeu de miroirs et de lentilles, comprime l'image dans le sens...

  • COULEUR

    • Écrit par Pierre FLEURY, Christian IMBERT
    • 6 803 mots
    • 21 médias

    Les radiations lumineuses perçues par notre œil se distinguent non seulement par leurs intensités, mais aussi par des caractéristiques qualitatives, leurs couleurs, qui n'ont d'abord été définies que par des comparaisons souvent grossières : les lumières comparables à celle du jour sont dites blanches,...

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