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OPHIOLITES

Les ophiolites correspondent à des assemblages particuliers de roches ultrabasiques et basiques, reconnus dans de nombreuses chaînes de montagnes. Elles se répartissent le long de ceintures ophiolitiques marquant souvent d'anciennes zones d'affrontement de plaques. Ces ceintures sont relativement continues dans les chaînes mésozoïques à cénozoïques alpines et circumpacifiques. Elles sont en revanche discontinues dans les chaînes paléozoïques calédoniennes et hercyniennes.

Les ophiolites sont actuellement interprétées comme des fragments de lithosphère océanique charriés sur les marges continentales ; elles représentent les derniers témoins d'océans ou de portions d'océans aujourd'hui disparus. Ainsi, les ophiolites alpines sont des fragments d'un océan disparu il y a une soixantaine de millions d'années, la Téthys, qui séparait un continent septentrional, la Laurasie, d'un continent méridional, le Gondwana, avant l'ouverture de l'océan Atlantique. Bien que le destin normal de la lithosphère océanique formée à l'axe des dorsales soit de retourner dans le manteau au niveau des zones de subduction, il arrive que de grandes écailles de lithosphère océanique soient charriées sur les marges continentales et finalement incorporées dans les chaînes de montagnes.

L'intérêt des ophiolites réside dans leur épaisseur, qui dépasse fréquemment 10 kilomètres. Elles permettent d'étudier « à pied sec » les structures et la nature de la partie profonde de la croûte océanique, mais également d'une portion du manteau supérieur, parties inaccessibles dans les océans actuels, le forage le plus profond n'ayant traversé que 1 200 mètres de croûte océanique.

Historique et définition

À l'origine, c'est-à-dire au début du xixe siècle, le mot ophiolite (du grec ophis, serpent) était synonyme de serpentinite, une roche dont certains aspects évoquent la peau de serpent. Par la suite, ce terme peu précis a servi à décrire différents types de roches ultramafiques serpentinisées, mais également des roches associées à des serpentinites, sa signification variant d'un géologue à l'autre. En 1926, Gustav Steinmann propose la première définition précise du terme ophiolite, qu'il décrit comme « l'association consanguine de roches essentiellement ultrabasiques composées surtout de péridotites (souvent serpentinisées) et, en quantités subordonnées, de gabbros, diabases, spilites ou aussi norites et roches associées ».

Pendant très longtemps, la signification de ces roches est restée controversée et de nombreux modèles de genèse des ophiolites ont été proposés. Un des modèles les plus utilisés entre 1950 et 1970 a été celui du « volcano-pluton », où l'ensemble de l'ophiolite était interprété comme résultant de la cristallisation d'une grande masse magmatique ultrabasique mise en place en bordure de géosynclinaux. Ce n'est qu'au début des années 1970, après l'avènement de la théorie des plaques, que les ophiolites ont été interprétées comme des fragments de lithosphère océanique. En 1972, les participants de la Penrose Field Conference, organisée par la Geological Society of America, redéfinissent clairement le terme ophiolite. Cette définition sert toujours de référence aux géologues : « ...Dans un assemblage ophiolitique complet, les faciès types se présentent, de bas en haut, de la manière suivante : 1. un complexe ultramafique (plus ou moins serpentinisé) composé de harzburgite, de lherzolite et de dunite, en proportions variables, généralement avec une fabrique tectonique ; 2. un complexe gabbroïque comprenant communément des péridotites et des pyroxénites, généralement moins déformé que le complexe ultramafique et à textures de cumulats ; 3. un complexe filonien basique ; 4. un complexe volcanique basique, généralement à laves en coussins ( [...]

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Écrit par

  • : docteur en géologie de l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, maître assistante
  • : maître de conférences à l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, docteur ès sciences

Classification

Pour citer cet article

Michelle ERNEWEIN et Hubert WHITECHURCH. OPHIOLITES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias
    ...« schistes lustrés inférieurs », représentant la couverture des massifs cristallins internes, c’est-à-dire du bord extrême de la paléomarge européenne ; une « nappe ophiolitique » représentant la croûte du paléo-océan téthysien, avec, à sa base, des unités de schistes bleus ; des « schistes lustrés supérieurs »...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    ...orogenèse hudsonienne (1 750 Ma) ont engendré des structures qui forment un grand arc concave autour de la baie d'Hudson, de la fosse du Labrador à la ceinture du Cape Smith. La présence d'ophiolites y pose le problème de l'existence d'une tectonique des plaques dès cette époque.
  • DINARIDES

    • Écrit par Jean AUBOUIN
    • 5 726 mots
    • 1 média
    ...suivant les cas avec le sillon du Pinde ou avec la zone du Parnasse, est connue sous le nom de sous-zone subpélagonienne : caractérisée par la puissance des complexes ophiolitiques parfois épais de plusieurs kilomètres, on y reconnaît la même succession d'événements, notamment la transgression du Crétacé...
  • DORSALES OCÉANIQUES

    • Écrit par Jean FRANCHETEAU
    • 5 389 mots
    • 10 médias
    ...Au milieu des années 1970, l'image d'une chambre magmatique permanente et bien développée au centre de la dorsale est communément admise. L'étude des ophiolites, fragments d'anciennes croûtes océaniques incorporés aux continents dans les chaînes de montagnes révèle l'importance des phénomènes de cristallisation...
  • Afficher les 16 références

Voir aussi