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NEW DEAL

L'opposition de la Cour suprême (1935-1936)

Jusqu'en 1935, la seule opposition au New Deal avait été politique et n'avait pas gêné l'action du président et du Congrès. En 1935 et 1936, la Cour suprême, en vertu du pouvoir qui lui est dévolu de juger de la constitutionnalité des lois, invalide plusieurs mesures de premier plan et place ainsi l'administration démocrate dans une situation difficile : c'est toute la politique du New Deal qui est remise en cause. Dès le début de 1935, plusieurs mesures, d'une importance mineure, avaient été invalidées. Mais la décision prise dans l'affaire de la Schechter Poultry Corporation entraîne la condamnation de la N.R.A. à l'unanimité des neuf juges. Ceux-ci estiment que les codes de loyale concurrence de la N.R.A. impliquaient une délégation du pouvoir législatif en faveur du président et qu'ils étaient, de plus, en contradiction avec les stipulations commerciales de la Constitution. Quelques mois plus tard, en janvier 1936, un autre arrêt invalide l'A.A.A., pour avoir créé une taxe de transformation, au profit des fermiers, laquelle était illégale. Mais, cette fois, la décision était prise à la majorité simple (États-Unis contre Butler).

Ces deux arrêts sapent tout l'édifice du New Deal. Est-il pour autant condamné ? Non, parce que d'une part, à ce moment, l'économie américaine est déjà en convalescence et que d'autre part le Congrès vote rapidement d'autres lois pour remplacer celles qui ont été invalidées. De ce côté, le mal est rapidement réparé. Plus grave est le conflit, désormais ouvert, entre l'exécutif et le judiciaire, sans précédent dans l'histoire des États-Unis.

Il va se développer en trois phases. Au cours de la première, Roosevelt cherche à obtenir le soutien de la population américaine pour sa réélection, en novembre 1936. Il l'emporte, de façon écrasante, sur son adversaire républicain, Alfred Landon, gouverneur du Kansas, qui obtient la majorité dans deux États seulement, le Maine et le Vermont. Au Congrès, les démocrates sont les maîtres dans les deux Chambres. Puis Roosevelt cherche à profiter de son succès pour faire passer une loi réformant la Cour suprême dans un sens moins conservateur. Mais l'institution judiciaire est unanimement respectée : en dépit de sa majorité parlementaire, Roosevelt se heurte à une opposition si décidée qu'elle ruine son projet. Enfin, la Cour suprême adopte une attitude plus conciliante, en déclarant constitutionnelle la loi Wagner qu'une puissante compagnie métallurgique avait refusé d'appliquer (Jones and Laughlin Steel Corp. contre National Labor Relations Board, mars 1937). Plusieurs juges, âgés, démissionnent, d'autres meurent, et Roosevelt les remplace par des hommes plus libéraux. Désormais, la Cour suprême ne gêne plus l'action économique ou sociale de l'administration démocrate.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Claude FOHLEN. NEW DEAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Krach de 1929 - crédits : Fox Photos/ Getty Images

Krach de 1929

Crise de 1929 - crédits : The Image Bank

Crise de 1929

Autres références

  • BYRNES JAMES FRANCIS (1879-1972)

    • Écrit par André KASPI
    • 346 mots

    D'origine modeste, James F. Byrnes est élu, en 1910, représentant démocrate de la Caroline du Sud. En 1924, il abandonne la Chambre, se présente sans succès aux élections sénatoriales, mais prend sa revanche en 1930. Solide partisan du New Deal au cours du premier mandat de Franklin...

  • CRISE DES SUBPRIMES

    • Écrit par Dominique PLIHON
    • 5 458 mots
    • 1 média
    ...instructive. Pour lutter contre la crise, l'administration Roosevelt a mis en œuvre une politique ambitieuse fondée sur des réformes radicales de 1933 à 1938, le New Deal. Trois séries de réformes méritent d'être mentionnées. Tout d'abord, le New Deal a pris la forme d'investissements publics de grande ampleur,...
  • CRISES ÉCONOMIQUES

    • Écrit par Jean-Charles ASSELAIN, Anne DEMARTINI, Pascal GAUCHON, Patrick VERLEY
    • 21 855 mots
    • 14 médias
    Le New Deal doit-il, en dépit de ses incohérences, être tenu pour l'expérience la plus porteuse d'avenir ? Un foisonnement de mesures, les unes acceptées, les autres combattues comme en France par le patronat, traduit une implication de l'État dans la vie économique sans précédent en temps de paix. L'objectif...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Claude FOHLEN, Annick FOUCRIER, Marie-France TOINET
    • 33 218 mots
    • 62 médias
    En cent jours, du 9 mars au 16 juin 1933, est prise une série de mesures destinées à redresser l'économie. L'État se charge d'amorcer la reprise (pump-priming) en ouvrant des crédits aux entreprises, en lançant une politique de travaux publics, en pratiquant un déficit budgétaire...
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Voir aussi