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WAGNER LOI

Loi connue aussi sous le nom de loi nationale sur les relations de travail (National Labor Relations Act). Une vague de grèves ayant submergé les États-Unis à partir de 1933, le président Roosevelt tenta de l'endiguer en établissant une Commission nationale du travail (National Labor Board), sous la direction de son ami Robert Wagner, sénateur démocrate de New York. D'abord efficace, la commission échoue totalement au début de 1934, devant l'intransigeance patronale. Wagner se rend alors compte de la nécessité d'une loi permanente qui donnerait un cadre légal à des négociations collectives avec des syndicats réellement représentatifs des travailleurs. La loi que prépare Wagner est la plus radicale du New Deal, en ce qu'elle altère profondément le rapport de forces entre employeurs et employés, et donne un réel pouvoir économique et politique aux syndicats ouvriers. De plus, la loi interdit au patronat un certain nombre de pratiques « injustes » : création de syndicats « maison » (jaunes) ; discrimination à l'encontre des ouvriers syndiqués. Roosevelt, qui pense encore pouvoir instituer une collaboration fructueuse entre ouvriers et patrons sans établir aussi fermement le rôle des syndicats, est d'abord extrêmement réservé à l'égard du projet Wagner. C'est, en fait, contre son gré que la loi Wagner est votée en mai 1935, en dépit d'une campagne de presse animée par l'industrie. Mais la Cour suprême, quelques jours plus tard, déclare anticonstitutionnelle la loi de redressement national (National Recovery Act) que Roosevelt avait cru suffisante pour réaliser ses projets. Il se rallie alors au projet Wagner, qui est adopté par la Chambre des représentants en juin 1935. Cette loi, qui va en fait beaucoup plus loin que le N.R.A., ne sera pas invalidée par la Cour suprême. Mais le patronat n'aura de cesse qu'il n'ait démantelé les principaux points de la loi Wagner ; il obtiendra sa revanche après la guerre, lorsqu'un congrès républicain votera en 1947, contre le veto du président Truman, la loi Taft-Hartley. Celle-ci, encore en vigueur, limite les prérogatives syndicales obtenues avec la loi Wagner, à laquelle le syndicalisme américain tente toujours de revenir.

— Marie-France TOINET

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Écrit par

  • : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques

Classification

Pour citer cet article

Marie-France TOINET. WAGNER LOI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFL-CIO (American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations)

    • Écrit par Claude JULIEN, Marie-France TOINET
    • 6 913 mots
    • 2 médias
    ...garantissait aux ouvriers le droit de s'organiser et imposait le respect du salaire minimal et de la limitation de la journée de travail. En juillet 1935, le Wagner Act donna au syndicalisme sa « grande charte ». De 1933 à 1940, les syndicats doublèrent leurs effectifs pour atteindre plus de 7 millions d'adhérents....
  • NEW DEAL

    • Écrit par Claude FOHLEN
    • 3 852 mots
    • 2 médias
    ...l'invalidité ne faisaient partie des risques couverts, mais le gouvernement fédéral faisait un premier pas sur le terrain de la protection sociale. Enfin, la loi Wagner (du nom de son promoteur, le sénateur Robert F. Wagner, de New York) légalisait les activités syndicales en renforçant la section 7 a de la N.R.A....
  • NEW DEAL, en bref

    • Écrit par Francis DEMIER
    • 343 mots
    • 1 média

    Le New Deal (« nouvelle donne ») amorcé aux États-Unis au début de la présidence de Franklin D. Roosevelt, au printemps de 1933, est d'abord une entreprise psychologique destinée à restaurer l'image d'une Amérique capable de surmonter la crise. Mais alors que son prédécesseur, Herbert C. Hoover,...

Voir aussi