Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MUSICALES (TRADITIONS) Musiques des Amériques

Le continent américain présente une immense variété de cultures issues, non seulement d'ethnies différentes (indiennes, africaines, néo-européennes et néo-asiatiques), mais aussi de circonstances ethno-historiques particulières, liées aux mouvements migratoires inter- et transcontinentaux du début de la colonisation du xvie siècle. Cette diversité s'exprime dans les traditions musicales indo-américaines, euro-américaines et afro-américaines aussi bien en Amérique du Nord, en Amérique centrale et aux Antilles qu'en Amérique du Sud. Les formes acculturées de ces traditions constituent de nos jours le véritable univers des musiques des Amériques dont les caractères essentiels demeurent métissés. Cette hybridation prend une forme et un style tout particuliers selon l'aire culturelle ou les groupes sociaux que l'on considère. Ainsi, la musique métissée des Andes péruviennes ou équatoriennes conserve beaucoup plus de son héritage indien que celle du Mexique. D'autre part, les villageois des Appalaches aux États-Unis entretiennent un ancien répertoire de chants traditionnels, comme les ballades des îles Britanniques, qui a disparu en Grande-Bretagne, mais dont les modes d'exécution se rapportent surtout à la tradition locale.

La colonisation des Amériques a eu pour effet d'altérer, et, dans les cas les plus extrêmes, de détruire de nombreuses cultures musicales indigènes ; d'imposer dans les territoires conquis des répertoires européens qui ont subi de nombreuses transformations et réinterprétations ; de créer de nouvelles expressions de musique nègre, et d'établir d'une façon générale un langage musical sui generis résultant des influences plus ou moins prononcées de ces sources bien différentes.

À peu d'exceptions près, la connaissance précise des musiques traditionnelles indigènes date du xxe siècle, c'est-à-dire de l'avènement de l'enregistrement sonore, aux environs de 1890. Les musiques indiennes se trouvaient alors sans aucun doute fortement imprégnées d'éléments européens. Les sources d'information qui permettraient de reconstruire l'histoire de ces musiques depuis le début de la colonisation se limitent, en fait, à la connaissance de plusieurs collections d'instruments archéologiques, aux chroniques des missionnaires des xvie et xviie siècles, à quelques dictionnaires de langues indigènes, et surtout aux pratiques musicales et systèmes musicaux de certains groupes indiens contemporains qui se seraient peut-être maintenus à l'écart des populations métissées. Toutefois, attribuer les pratiques musicales contemporaines aux périodes antérieures de l'histoire de la musique indienne relèverait d'une conception douteuse qui consacrerait l'inertie de la dynamique culturelle. En effet, il est impossible de démontrer que la culture musicale des Indiens d'Amérique s'est maintenue sans changement notable pendant plusieurs siècles.

Les témoignages de l'archéologie

Fresques de Bonampak : musiciens - crédits : Index/  Bridgeman Images

Fresques de Bonampak : musiciens

Étant donné l'absence de notation musicale et la prédominance, en général, de la musique vocale, l'archéologie a peu apporté à l'étude des musiques traditionnelles des Indiens d'Amérique du Nord et à celle des cultures indiennes des forêts tropicales en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Par contre, les hautes cultures précolombiennes du Mexique, du Guatemala (Aztèques, Mayas), du Pérou, de l'Équateur et de la Bolivie (l'Empire quetchua des Incas) nous ont transmis un héritage archéologique musical remarquable. Au vu des instruments de musique archéologiques des Aztèques et des Mayas, nous pouvons énoncer les conclusions suivantes : les Indiens ne connaissaient pas les instruments à cordes à l'époque de la Conquête espagnole, même si certains pensent que l'arc musical, connu de plusieurs tribus mexicaines[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en musicologie, professeur de musicologie et d'ethnomusicologie, président de la Society for Ethnomusicology Inc., chef du département de la musique à l'université du Texas, Austin, éditeur en chef de la revue Latin American Music

Classification

Pour citer cet article

Gérard BEHAGUE. MUSICALES (TRADITIONS) - Musiques des Amériques [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Fresques de Bonampak : musiciens - crédits : Index/  Bridgeman Images

Fresques de Bonampak : musiciens

Danse de l'ours - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Danse de l'ours

Heitor Villa-Lobos - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Heitor Villa-Lobos

Autres références

  • ALCHIMIE

    • Écrit par René ALLEAU, Universalis
    • 13 642 mots
    • 2 médias
    Les rapports entre la métallurgie et la musique sont mentionnés déjà par Strabon, par Solin et par Plutarque. Selon Aristide Quintilien, la musique désigne, en général, « ce qui régit et coordonne tout ce que la nature enferme dans son sein ». Ptolémée, dans ses Harmoniques, assimile les...
  • BACHIR MOUNIR (1930-1997)

    • Écrit par Éliane AZOULAY
    • 515 mots

    Irakien né à Mossoul d'une mère kurde et d'un père syriaque orthodoxe, Mounir (ou Munir) Bachir a été surnommé l'« émir du oud ». Au côté de son père, Abdel-Aziz Bachir, luthiste et chanteur réputé, il se familiarise avec les diverses facettes de la tradition irakienne, où se mêlent influences syriaques,...

  • BEBEY FRANCIS (1929-2001)

    • Écrit par Universalis
    • 242 mots

    Auteur-compositeur, écrivain, poète, chanteur et guitariste camerounais. En 1950, il vient étudier à Paris et joue avec son compatriote Manu Dibango. Il étudie ensuite le journalisme aux États-Unis puis regagne la France, où il entre comme reporter à la Sorafom (Société de radiodiffusion de la France...

  • BERIO LUCIANO (1925-2003)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 4 826 mots
    ...extra-européennes. Il s'est en fait intéressé aux expressions et aux techniques populaires qui lui ont permis d'embrasser des mondes apparemment hétérogènes : les folklores sicilien et serbo-croate, les chants arméniens, les polyphonies pygmées... À l'instar de Bartók ou de Stravinski, Berio a réussi à intégrer...
  • Afficher les 64 références

Voir aussi