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MUSICALES (TRADITIONS) Musiques des Amériques

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Les aires culturelles

L'Amérique du Nord : les musiques indiennes et eskimos

Danse de l'ours - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Danse de l'ours

Les musiques indiennes. Avant l'arrivée des Européens en Amérique du Nord, les cultures indiennes agricoles s'étaient développées surtout dans la partie méridionale du continent, dans les terres boisées de la Georgie, du Tennessee et de l'Ohio où se trouvaient les tribus Seminole, Creek, Cherokee et Shawnee, et plus au nord, autour des grands lacs, les Chippewa (ou Ojibway) et les Menomini. Dans les forêts du Nord – le Nord-Est américain et canadien – se trouvaient de nombreuses tribus, comme les Iroquois et les Wabanaki, pour lesquelles la musique était étroitement liée à leur mode de vie consacrée à la chasse ou l'agriculture. De nombreuses cérémonies donnaient lieu à de longs festivals de musique et de danses rituelles d'action de grâces. Ces danses étaient accompagnées par des tambours, des sonnailles et hochets pour marquer le rythme, notamment la danse du maïs à la fin de la récolte, les danses de guerre et les rites pour l'intronisation des nouveaux chefs.

S'étendant sur un immense territoire à l'ouest du Mississippi, les plaines du centre-ouest des États-Unis et du Canada accueillent de nombreuses tribus indiennes (les Flathead, Blackfoot, Cree, Pawnee, Arapaho, Kiowa, Sioux, Cheyenne) qui, malgré leur diversité linguistique, présentent un style musical régional relativement homogène. Ce style se caractérise par des mélodies descendantes, pentatoniques pour certains répertoires, par un style vocal qui utilise souvent le registre le plus aigu de la voix et même le fausset, par une production vocale de qualité rauque, dont les pulsations rythmiques sont très caractéristiques. Les textes des chants sont fréquemment dépourvus de sens sémantique et accompagnés, comme la plupart des musiques indiennes, par des tambours et hochets divers. Le tambour le plus courant dans cette aire culturelle est une sorte de tambourin à une seule peau frappée avec une baguette à tampon. La grosse caisse européenne est aussi employée, par exemple dans les powwows modernes qui sont des réunions sociales au cours desquelles tous les Indiens d'une région, sans tenir compte de leur appartenance tribale, célèbrent par le chant et la danse leur ethnicité indienne.

L'aire du Sud-Ouest américain renferme deux cultures et styles musicaux prépondérants appartenant à deux groupes différents. D'une part, les Pueblo, populations qui comprennent les Taos, Zuni, Hopi et Tewa, établis dans près de trente villages qui s'étendent du Nouveau-Mexique à l'Arizona, ont été colonisés par les Espagnols et convertis au catholicisme et pratiquent pourtant leur religion traditionnelle ; d'autre part, les tribus semi-nomades des Apaches et Navajos, et les Yuman, habitent les zones désertiques de cette région. La musique des Pueblo est considérée comme la plus variée et la plus complexe des musiques indiennes d'Amérique du Nord. Les chants se composent souvent de longues mélodies (jusqu'à plus d'une douzaine de phrases) organisées en échelles pentatoniques, hexatoniques et heptatoniques et leur style vocal maintient la tension et la pulsation propres à la musique indienne en général, mais se caractérise par l'émission un peu « grognante » et très profonde de la voix. La précision de leur exécution chorale est aussi très typique. La musique des Apaches et des Navajos, au contraire, se singularise par des formes plus simples, souvent fondées sur deux idées mélodiques, des rythmes intenses employant deux valeurs de durée, un système tonal et un style vocal nasal, aigu et orné. En raison de leur contact plus fréquent avec les Indiens Pueblo, les Navajos se sont un peu éloignés, musicalement, des Apaches, comme le témoigne leur musique qui tend à se rapprocher de la complexité de celle des Pueblo. Dans toute la région du Sud-Ouest, les flûtes sont les instruments mélodiques les plus[...]

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Écrit par

  • : docteur en musicologie, professeur de musicologie et d'ethnomusicologie, président de la Society for Ethnomusicology Inc., chef du département de la musique à l'université du Texas, Austin, éditeur en chef de la revue Latin American Music

Classification

Pour citer cet article

Gérard BEHAGUE. MUSICALES (TRADITIONS) - Musiques des Amériques [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Fresques de Bonampak : musiciens - crédits : Index/  Bridgeman Images

Fresques de Bonampak : musiciens

Danse de l'ours - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Danse de l'ours

Heitor Villa-Lobos - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Heitor Villa-Lobos

Autres références

  • ALCHIMIE

    • Écrit par et
    • 13 642 mots
    • 2 médias
    Les rapports entre la métallurgie et la musique sont mentionnés déjà par Strabon, par Solin et par Plutarque. Selon Aristide Quintilien, la musique désigne, en général, « ce qui régit et coordonne tout ce que la nature enferme dans son sein ». Ptolémée, dans ses Harmoniques, assimile les...
  • BACHIR MOUNIR (1930-1997)

    • Écrit par
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    Irakien né à Mossoul d'une mère kurde et d'un père syriaque orthodoxe, Mounir (ou Munir) Bachir a été surnommé l'« émir du oud ». Au côté de son père, Abdel-Aziz Bachir, luthiste et chanteur réputé, il se familiarise avec les diverses facettes de la tradition irakienne, où se mêlent influences syriaques,...

  • BEBEY FRANCIS (1929-2001)

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    ...extra-européennes. Il s'est en fait intéressé aux expressions et aux techniques populaires qui lui ont permis d'embrasser des mondes apparemment hétérogènes : les folklores sicilien et serbo-croate, les chants arméniens, les polyphonies pygmées... À l'instar de Bartók ou de Stravinski, Berio a réussi à intégrer...
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