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MURAKAMI HARUKI (1949- )

Haruki Murakami - crédits : Ole Jensen/ Corbis/ Getty images

Haruki Murakami

Si les auteurs japonais, en raison de la tendance générale à la mondialisation que connaît la littérature, sont de moins en moins lus comme des écrivains japonais à part entière, c'est certainement avec Murakami Haruki que cette évolution s'avère la plus nette. Au Japon, mais aussi en Asie (Chine, Corée, Taïwan), aux États-Unis ou en Europe, cet écrivain est désormais perçu comme le représentant d'une contemporanéité qui neutralise les frontières.

Le temps du désenchantement

Né le 12 janvier 1949 à Kyōto, Murakami passe son enfance à Ashiya, ville de la banlieue de Kōbe. Issu d'une famille de la petite-bourgeoisie (son père est enseignant du secondaire), il appartient à la génération qui a vu le Japon passer de l'état de pays vaincu en ruines à celui de troisième puissance économique mondiale. Mais cette génération est désenchantée. Elle sait que l'histoire n'est que violence, sentiment qui trouve son expression politique dans les grandes luttes étudiantes de la fin des années 1960. Murakami, alors étudiant de la section d'études théâtrales de l'université Waseda à Tōkyō, reste à l'écart de la contestation.

L'une des influences essentielles sur son œuvre remonte à cette période : à savoir celle des États-Unis, de leur musique, de leur cinéma, de leur littérature. Murakami ouvre un « café jazz » en 1974, alors qu'il est encore étudiant. Les références musicales – au jazz, mais aussi à la musique classique, au pop ou au rock – sont d'ailleurs omniprésentes dans son œuvre. Si son amour du cinéma l'amène à consacrer en 1975 son mémoire de fin d'études à « La pensée du voyage dans le cinéma américain », l'influence du septième art sur son œuvre se lit à travers l'importance qu'il accorde à la dimension visuelle dans l'organisation de ses romans : c'est ainsi que son roman AfterDark (2004 trad. franç. Le Passage de la nuit) a en partie pour cadre un hôtel dénommé « Alphaville »... Enfin, la littérature américaine est omniprésente chez lui : non seulement il a reconnu l'influence de Kurt Vonnegut Jr, Richard Brautigan ou Raymond Chandler, mais il est aujourd'hui l'un des plus célèbres traducteurs au Japon d'écrivains américains tels que Francis Scott Fitzgerald, Tim O'Brien, Truman Capote ou J.D. Salinger. Il a également traduit et édité les œuvres complètes de Raymond Carver.

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Anne BAYARD-SAKAI. MURAKAMI HARUKI (1949- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Haruki Murakami - crédits : Ole Jensen/ Corbis/ Getty images

Haruki Murakami

Autres références

  • LA BALLADE DE L'IMPOSSIBLE et LE PASSAGE DE LA NUIT (Haruki Murakami)

    • Écrit par Antonin BECHLER
    • 1 167 mots

    « 100 p. 100 roman d'amour », proclamait le bandeau publicitaire du roman Norwegian Wood. Publié au Japon en 1987 par Murakami Haruki, traduit en français par R. M. Martine-Fayolle sous le titre La Ballade de l'impossible (Belfond), le livre allait vite devenir un véritable phénomène...

  • THE ELEPHANT VANISHES (mise en scène de Simon McBurney)

    • Écrit par Anouchka VASAK
    • 961 mots

    C'est un curieux objet dramatique que la Maison de la culture de Bobigny a présenté du 1er au 9 octobre 2004, à l'occasion du festival d'Automne à Paris. Une inquiétante étrangeté est au cœur des œuvres d'Haruki Murakami qui, explique le metteur en scène britannique Simon...

  • DRIVE MY CAR (R. Hamaguchi)

    • Écrit par Raphaël BASSAN
    • 1 094 mots
    • 1 média
    D'une durée de trois heures, Drive My Car est une relecture de la nouvelle éponyme de l’écrivain japonais Haruki Murakami étoffée de fragments de deux autres textes du même recueil Des hommes sans femmes (2014) et d’extraits de la pièce d’Anton Tchekhov Oncle Vania (1897). En s’emparant...
  • JAPON (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Jean-Jacques ORIGAS, Cécile SAKAI, René SIEFFERT
    • 20 234 mots
    • 2 médias
    Vers 1980 apparaissent des œuvres d'une facture déconcertante. 1973-nen no pinbōru (Le Flipper de l'an 1973), que publie en 1980 Murakami Haruki (né en 1949), rappelle par son titre Man.engannen no futtobōru (Une partie de football en l'an un de l'ère Man.en), cette saga passionnée...

Voir aussi